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TESTAMENT (ANCIEN)

essrl habere lexlus antiquos tam in latino quam hebrœo et græco qui verisimiliter essent et reputarentur correcti. Concil. Trident., éd. Ehses, t. v, p. 22. À la fin de cette réunion le cardinal de Sainte-Croix, président, déclara retenir la suggestion. Comme l’archevêque d’Aix fut désigné pour faire partie de la commission « des abus de la Sainte-Écriture » , il revint sur le sujet dans la congrégation générale du 17 mars : le pape, à qui l’on s’en remettait du soin de donner une telle édition, pourrait faire que l’Église eût un texte grec et aussi un texte hébreu correct. Ibid., p. 29. L’affaire ne revint pas ex professo, si ce n’est qu’à la congrégation générale du 3 avril le cardinal Polus, un des présidents, alors que l’on délibérait sur la reconnaissance de la Vulgate, fit encore cette remarque : neque latina tantum est approbanda sed grseca et hebraica, quia debemus pro omnibus ecclesiis providere. Ibid., p. 65. La question fut donc posée en fin de séance sous la forme suivante : Utrum placent habere unam edilioncm veterem et vulgatam in unoquoque idiomate, græco, hebrœo, latino, qua omnes utantur pro authentica ? Mais, quand on alla aux voix, la majorité fut d’avis que fût rejetée l’incise in unoquoque idiomate ce qui réservait le privilège de l’authenticité à la Vulgate latine. Si, plus tard, on se décida à publier un textus receptus des Septante, jamais plus rien ne fut dit d’un texte hébreu officiellement reconnu.

Versions de l’Ancien Testament.

Voir plus loin

l’article de ce tilre.

Auteurs.

À chacun des articles consacrés aux

divers écrits de l’Ancien Testament on trouvera la discussion de la question d’auteur.

Quant à l’auteur principal, c’est-à-dire Dieu, qui en a voulu la composition, poussé les auteurs humains à les rédiger, a assisté ceux-ci dans leur travail, en telle sorte que ces livres soient vraiment de Dieu, voir l’art. Inspiration, t. vii, col. 2069 sq. Un point sur lequel a beaucoup insisté l’Église, depuis l’apparition du marcionisme, c’est celui de l’unité d’auteur de l’Ancien et du Nouveau Testament. On sait en effet que l’attribution des livres de l’une et de l’autre alliance à deux auteurs différents : le Dieu juste et borné des Juifs d’une part et de l’autre le Dieu étranger au monde, révélé par Jésus, était 1’ « antithèse » fondamentale de Marcion. Voir t. ix, col. 2020 ; cf. col. 2012. C’est contre quoi se sont élevés d’abord les polémistes catholiques, en premier lieu Irénée et Tertullien. Les formules de ceux-ci ont passé, plus ou moins modifiées dans les règles de foi ecclésiastiques. Ainsi dans le Libellus in modum symboli de Pastor, évêque de Galécie, anathémalisme 8 : Si quis dixerit vel credideril alterum Deum esse priscie Legis, alterum Evangeliorum, A. S., Denz.-Bannw., n. 28 ; ainsi dans le Symbole de foi de saint Léon IX, remployé aujourd’hui encore dans la consécration des évêques : Credo etiam Novi et Veteris Testamenti, Legis et Prophetarum et Apostolorum unum esse auctorem, Deum et Dominum omnipotentem. Ibid.. n. 348. De même encore dans la formule imposée aux vaudois par Innocent III : Novi et Veteris Testamenti unum eumdemque auctorem credimus esse Deum. Ibid., n. 421. La même affirmation reparaît, dans la Profession de foi de Michel Paléologue émise au IIe concile de Lyon (1274), ibid., n. 464, dans le Décret pour les jacobifes publié par le concile de Florence, ibid., n. 706 et 707. Elle est rappelée désormais chaque fois qu’il est question de la sainte Écriture ; mais, à la vérité, depuis le xiiie siècle, la pointe de l’affirmation n’est plus dirigée contre des théories dualistes, il s’agit seulement de revendiquer le caractère inspiré de l’Écriture tout entière. Il n’empêche que cette affirmation ecclésiastique pourrait être utilement rappelée aujourd’hui à rencontre des déclamations de l’antisémitisme outrancier, qui semble vou loir couper les liens unissant l’Ancienne et la Nouvelle Alliance.

Interprétation de l’Ancien Testament.

C’est, de

fait, en fonction de la Nouvelle Loi que le croyant doit interpréter la Loi ancienne. Celle-ci est la préparation à celle-là : Novum Testamentum in Vetere latet, Vêtus Testamentum in Novo palet. Dès avant la Gnose et le marcionisme, les écrivains ecclésiastiques avaient formulé cette grande règle et l’apparition des hérésies dualistes ne pouvait qu’affermira ce sujet les enseignements de la tradition. Ceux-ci trouvaient, d’ailleurs, leur point d’appui dans saint Paul. Dès les débuts de sa carrière apostolique, l’Apôtre, dans l’épître aux Galates, avait précisé ce que la Loi avait été autrefois pour les Juifs, ce qu’elle était devenue pour les chrétiens. Dans l’économie du salut elle avait été donnée aux premiers comme, un pédagogue chargé de les conduire au Christ, mais, abolie dorénavant en droit comme en fait, elle ne s’imposait plus aux fils de la promesse. Voir Gal., c. m-v. Elle ne laissait pas de fournir, tant par ce qu’elle racontait que par ce qu’elle prescrivait, des leçons précieuses. À plus d’une reprise Paul usait de ce moyen pédagogique. Dans la I re aux Corinthiens, il tirait un argument des dures leçons que Dieu avait données aux Israélites dans le désert. I Cor., x, 1-13. « Cela, disait-il, était figure de ce qui nous concerne. ꝟ. 6… « cela leur arrivait en figure, et a été mis par écrit pour notre instruction à nous » , ꝟ. 7.

En généralisant et en oubliant le contexte, il était aisé de faire dire à Paul que « tout, dans l’Ancien Testament, était figuratif du Nouveau » : Hœc omnia in figura contingebant illis, lit-on dans la Vulgate ; ce qui amena à oublier hœc et à accentuer omnia (lequel d’ailleurs n’existe pas dans le grec : Taûra Se tutuxcoç cruvé6aivev éxdvoiç). Toute une école d’interprètes de l’Écriture s’ingéniera dès lors à retrouver sous chaque fait, sous chaque parole, sous chaque mot de l’Ancien Testament une figure ou une prophétie de ce qui devait se réaliser dans le Nouveau. La thèse est exposée aussi explicitement que possible par saint Hilaire dans le préambule de son Liber mgsteriorum ; voir l’art. Hilaire (Saint), t. vi, col. 2401. Renchérissant à plaisir sur les données de l’épître aux Hébreux, le pseudo Barnabe ne se contentera pas de déclarer que l’Ancien Testament est tout nôtre, il ira jusqu’à cette affirmation paradoxale qu’en réalité les Juifs se sont trompés sur le sens de la Loi, prenant à la lettre ce qui s’y trouvait prescrit, alors qu’ils auraient dû interpréter au sens figuré les ordonnances et les récits de l’Ancien Testament. Voir Barnabe ( É pitre dite de saint), t. ii, col. 417. Sans aller jusqu’à ces excès, l’école d’Alexandrie a fait de l’allégorisme la base de son interprétation de l’Ancien Testament. Voir Alexandrie (École chrétienne d’), t. i, col. 814, 815 ; Origène, t. xi, col. 1507-1508. Elle avait été précédée, dans cette direction, par Philon, t.xii, col. 1444, sous la plume de qui les récits les plus simples de la Bible, les prescriptions les plus terre à terre d’apparence se sublimaient en des mythes philosophiques ou en des règles de morale transcendante. Pour étrange que nous paraisse cette manière d’interpréter l’Ancien Testament en le vidant de sa substance, elle n’a pas laissé de s’imposer à bien des penseurs chrétiens, non pas seulement dans l’Orient, sa patrie, mais dans l’Occident même, dont on pourrait croire qu’il aurait dû y être réfractaire. Tel commentaire de saint Augustin sur la Genèse ne laisse rien à envier aux clucubrations les plus contestables de Philon et d’Origène. A la décharge de ceux qui ont donné dans ces excès, il faut dire que la préoccupation de répondre aux attaques que portaient confie l’Ancien Testament les hérésies dualistes n’a pas été étrangère à la faveur dont a joui si longtemps l’allégorisme biblique. En