Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/803

Cette page n’a pas encore été corrigée
3107
3108
SYRO-MALABARE (ÉGLISE). JUSQU’AU SYNODE DE DIAMPER


P. Castcts ; cf. Beltrami, op. cit., p. 118 sq. ; F. Roz, De erroribus nestor., p. 8. C’est ainsi que Mgr Beltrami

interprète les textes, mais on peut se demander si le P. Castets a eu, pour affirmer une première attaque en 1595, autre chose que le témoignage du 1'. Du Jarric, qui place bien en 1595 la maladie qu’il raconte, mais doit avoir été persuadé que cette maladie avait emporté Mar Abraham, puisque, sans rien dire explicitement de son issue dans le texte, il a fait imprimer en manchette Archiepiscopus moritur, commençant un des paragraphes suivants, p. (il 7 : Angamalano ii/iiur episcopo Abrahamo… demortuo…

Il fallait s’attendre à ce que la succession de.Mar Abraham n’allât pas sans difficultés, car Rome devait tenir compte à la fois du patriarche chaldéen et du gouvernement portugais. Aussi bien, pour éviter toute compétition locale, Grégoire XIII avait disposé que l’archidiacre Georges de Christo administrerait le diocèse en cas de vacance jusqu'à ce qu’un nouvel évêque ait été nommé par provision pontificale. En exécution de cette décision notifiée par bref à l’intéressé en date du 3 janvier 1579. texte dans Beltrami, op. cit., p. 185, Mar Abraham mourant avait recommandé à tous ses prêtres de se soumettre à l’archidiacre, dont, au surplus, Grégoire XIII avait confirmé, par bref du 4 mars 1580, l'élection au siège indien de Patur, élection faite par le catholicos 'Abdiso', sans d’ailleurs qu’elle eût été suivie de consécration. Texte du bref dans Beltrami, p. 196-198. Ces dispositions avaient été prises dans un temps où Mar Abraham jouissait pleinement de la confiance des jésuites et du Saint-Siège, au plus fort de la lutte contre l'évêque nestorien intrus, Mar Simon. Mais après les dénonciations des PP. Roz et Abraham Georges, sans avoir signifié à Mar Abraham que les actes de Grégoire XIII fussent abrogés, Clément VIII par les brefs des 17 janvier 1595 et 21 janvier 1597, avait prescrit à l’aichevêque de Goa de nommer en cas de vacance un vicaire apostolique, qui jouirait d’une pleine autorité au spirituel et au temporel, jusqu'à ce que le pape ait lui-même pourvu ; ceci sans rien préjuger de la valeur de tous actes antérieurs, coutumes, statuts, etc., est-il spécifié dans le deuxième document, le pape entendant y déroger, hac vice specialiter et expresse. Texte du bref dans Beltrami, op. cit., p. 252 sq. Alexis de Menezes ne pouvait hésiter : au cours même de sa visite, il nomma vicaire apostolique ri’Angamalé le P. François Roz, qui. adjoint depuis douze ans à Mar Abraham, connaissait aussi bien que personne les affaires du diocèse, foutefois, lorsqu’il fut rentré à Goa, son conseil lui fit observer que (jeorges de Christo ayant déjà pris en mains l’administration du diocèse, il ne convenait pas de le déposséder. L’archevêque obtempéra et confirma l’archidiacre dans sa charge d’administrateur, en lui donnant comme conseillers le P. Roz et le supérieur du séminaire de Yaïpicota. Beltrami, op. cit., p. 120. La mesure semblait devoir donner satisfaction aux chrétiens de Saint-Thomas, mais il déplut à l’archidiacre de se voir imposer des conseillers obligatoires et, tandis qu’il retardait rémission de la profession de foi qui devait marquer son entrée en fonctions, peut-être dans l’espoir que, sur les entrefaites, un évêque arriverait de Mésopotamie, il provoqua une assemblée du clergé et du peuple, où l’on s’engagea à maintenir à tout prix le rit et les usages syro-malabares, legemsancti Thomse, comme à n’accepter aucun évêque qui n’ait été nommé par le patriarche.

Mis en présence de ce mouvement, avant coureur d’un schisme, l’archevêque de Goa décida de visiter par lui-même toutes les communautés « syriennes » du Malabar et il le lit. nonobstant l’excitation des esprits, à partir du 27 décembre 1598. Celle visite se prolongea plusieurs mois et nous en connaissons les

détails par un récit que le moine augustin Antoine de Gouvea, plus tard évêque titulaire de Cyrène, composa à la demande de ses supérieurs provinciaux, pour enregistrer à la gloire de l’ordre la brillante action de l’archevêque Menezes : lornada do Arcebispo de Goa, Dom l-raj Alei.ro de Menezes, … quando joij as Serras de Malauar, Coïmbre, 1606, 6 et 152 fol. L’auteur, qui date sa préface de Goa, 27 septembre 1603, n’avait pas pris part personnellement à la visite en question, mais il déclare qu’il s’est renseigné auprès de ceux qui accompagnèrent constamment l’archevêque, tel son confesseur et confrère le P. Bras de Sainte-Marie, l’n informateur particulièrement qualifié fut le P. Roz.

Le P. de Gouvea, qui estime les syro-malabares à 70 000 environ, met très bien en lumière la position ries missionnaires portugais vis-à-vis d’eux. Leur premier sentiment était d’admiration envers ces chrétiens, qui, malgré leur petit nombre et leur pauvreté, au milieu d’une foule immense de païens, souvent opprimés par les potentats locaux, n’ayant que de misérables lieux de culte, tandis que les idolâtres avaient d’innombrables et riches pagodes, avaient le très grand mérite d’avoir maintenu dans son intégrité cette foi dans la Trinité, qui est le solide fondement de la religion chrétienne. Malheureusement, et sans qu’il y eût faute de leur part, ces chrétiens étaient de mauvais chrétiens, étant tombés dans l’hérésie, parce que leurs chefs hiérarchiques, les évêques venus de Mésopotamie, étaient eux-mêmes inféodés à l’hérésie nestorienne. On comprend que, en présence d’une aussi regrettable situation, l’archevêque et son conseiller aient voulu à tout prix secourir ces pauvres égarés et les ramener au bercail sous la houlette du successeur de Pierre. Us se donnèrent de la peine d’ailleurs : nonobstant le climat épuisant de l’Inde méridionale, l’archevêque voulut visiter personnellement les moindres communautés, avant et après le synode, y consacrant une année entière, passant d’un point à un autre avec sa suite, le plus souvent au moyen d’embarcations qui naviguaient sur les eaux intérieures ou rios, affrontant avec un courage indéfectible les dangers de toutes sortes, soit de la part des chrétiens obstinés, soit de la part des principicules à qui l’on faisait croire que l’archevêque, sous prétexte de placer tous les chrétiens sous l’obédience du pape, avait par-dessus tout l’intention de les assujettir complètement aux Portugais, en les soustrayant à l’autorité de leurs chefs traditionnels.

Le départ de Cochin eut lieu au début de février 1599. Première étape à Yaïpicota, chez les Pères jésuites, en terrain sûr. Trois élèves du collège-séminaire, où étaient élevés les lits des nobles en même temps que les futurs prêtres, prononcèrent, au cours d’une séance académique, des discoursen latin, syriaque et malayalam, où ils demandèrent à l’archevêque de rendre la vraie foi au Malabar et d’en extirper à jamais l’hérésie nestorienne. L'évêque répondit à l'église, dans une cérémonie inaugurale de la visite, parlant d’une façon générale contre les prélats venus de Mésopotamie, qui, en pénétrant clandestinement au Malabar, ne seraient que des voleurs venus dans le berçai i sans passer par la porte et donc pour entraîner les fidèles a l’enfer. Le développement de ce thème avait pour but de mettre en garde le clergé et les fidèles contre l’arrivée, toujours possible, malgré la surveillance portugaise à Orinuz et Goa, (l’un évêque envoyé pai le catholicos de Séleucie. Menezes n’ignorait sans doute pas que des démarches avaient été faites auprès rie celui-ci pour obtenir un évêque suivant les méthodes traditionnelles. Après avoir complété cette, instruction par un exposé de la doctrine catholique sur le purgatoire, Menezes administra la confirmation.

La question de la confirmation était en effet un des