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3105 SYRO-MALABARE (ÉGLISE). JUSQU’AU SYNODE DE DIAMPER

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par le patriarche chaldéen ; ou. tout au moins, que l’archevêque d’Angamalé, n’ayant pas do suffragants

et ne pouvant facilement se rendre en Mésopotamie, fut obligé à se joindre aux évêques de la province de Goa. Bullar. patronatus, Append., t. i. Lisbonne. 1872,

p. 51. Mar Abraham axait pratiqué la Curie. Lorsqu’il eut connaissance de ce décret, il pourvut sans tarder à sa défense et lit écrire au pape (2 janvier L576), par le roi païen de Coehin. exposant qu’après avoir été emprisonné deux fois, il ne se rendrait à aucune invitation des Portugais, tant qu’il n’aurait pas un saufconduit pontifical. Beltrami, La Chiesa caldea…, p. 55. Le pape répondit avec prudence (21 décembre de la même année) que, ne sachant rien des vexations dont aurait été victime l'évêque d’Angamalé, il lui était impossible de rien décider à son sujet. Ibid.. p. 56. Mar Abraham ne se contenta pas d’ailleurs d’avoir fait écrire par le roi : il envoya au Saint-Père une nouvelle profession de foi dans le cours de 1577 et, le 3 janvier 1578, écrivant du collège des jésuites à Coehin, il assura le pape que dorénavant il n’y aurait plus d’inimitié entre les Portugais et lui et qu’il donnait toutes facilités aux Pères pour exercer leur ministère dans son diocèse. Ibid.. p. 98 sq.

Si Mar Abraham axait tenu, dès 1577, à resserrer les liens qui l’unissaient à Rome et avait si facilement accueilli les jésuites, c’est peut-être en partie parce qu’il était de nouveau menacé dans l’exercice de sa juridiction. L’n évêque, Mar Simon, avait été envoyé aux Indes par le patriarche nestorien et les communautés commençaient à se diviser. Bien que Rome fût loin, c’est sur elle surtout qu’il fallait compter pour briser l’effort des dissidents. Les jésuites encourageaient sans doute le recours au Saint-Siège ; ils rerecommandèrent à Rome l’archevêque et son archidiacre, nommé Georges. Le pape répondit par plusieurs lettres, d’octobre 1578 au 5 mars 1580, adressées à l’archevêque de Goa, à l’archidiacre Georges, élu évêque de Patur, au clergé et au peuple d’Angamalé. Nonobstant les efforts du roi de Coehin, auquel déplaisaient les interventions à main armée en matière religieuse, l’intrus fut arrêté et envoyé à Goa, puis à Lisbonne et à Rome. Après diverses péripéties en Curie, pendant l’année 1585, il fut reconnu qu’il n'était ni évêque, ni prêtre. Le pape le condamna à la relégation dans un couvent franciscain de Lisbonne, où il mourut en 1599. Ibid., p. 103-107. Mais il avait laissé aux Indes, comme son vicaire général, un prêtre indigène nommé Jacques, et les troubles continuèrent pendant plus de dix ans.

Le IIP concile de Goa avait été prévu pour 1579, Bullar. patron., Append., t. i, p. 54. Le pape fit le nécessaire pour que Mar Abraham y pût intervenir, lui écrivit pour le tranquilliser (25 novembre 1578) et le recommanda à l’archevêque de Goa, ainsi qu’au roi de Portugal (lettres des 20 novembre et 3 décembre). G. Beltrami, La i.hiesa caldea…, p. 99 sq. Comme la convocation du concile tardait, les jésuites conseillèrent à Mar Abraham de tenir auparavant un synode diocésain : il le lit en octobre 1583 et annonça au pape les heureux résultats de cette initiative par lettre du 13 janvier 1584. Finalement le concile provincial eut lieu à partir du 5 juin 1585. Mar Abraham s’y rendit, non sans quelque hésitation, encouragé par le P. Alexandre Valignani. La tii* cession tout entière fut consacrée a l’archidiocèse d’Angamalé ; actes dans liullar…, Append., t. i, p. 73-76. Les Pères du concile demandaient l'érection d’un séminaire, prescription / étrange, puisqu’il semble qu’un séminaire confié aux jésuites axait été ouvert l’année précédente à Vaïpicota ; on fixait ensuite des règles pour l’admission des ordinands ou celle des prêtres provenant d’autres diocèses. Ces règlements étaient fort sages, comme

aussi les recommandai ions pour l'élimination des pratiques simoniaques, mais d’autres plus discutables s’y ajoutèrent au sujet de la liturgie, car le concile détermina que le bréviaire et le missel latins seraient traduits en syriaque, ainsi que les parties les plus essentielles du rituel et du pontifical. Mar Abraham signa les actes et regagna son siège, accompagné du jésuite catalan François Roz, que le concile avait décidé de lui adjoindre, à titre de conseiller et d’auxiliaire. Le P. Hoz avait étudié le syriaque ; il ne lui fallut pas longtemps pour découvrir que les « syriens » du Malabar nommaient dans leurs offices les trois « Docteurs grecs » : Théodore de Mopsucste, Diodore de Tarse et Nestorius. Ces noms figuraient dans les livres manuscrits usuels, où Mar Abraham était désigné comme évêque, livres que le savant jésuite devait examiner à la dérobée, au cours de ses visites aux églises, car officiellement on ne lui en communiqua aucun : Aliorum enim librorum copiant, nec archiepiscopus, nec archidiaconus, nec alii facere mihi volunt. F. Roz, De erroribus nestorianorum qui in hac India orienlali versantur, éd. J. Hausherr, dans Orient, christ., t. xi, fasc. 1 (= n. 40), Rome, 1928, p. 15, n. 3. Une telle attitude était bien faite pour justifier des soupçons et ceux-ci avaient d’autant plus de fondement que Mar Abraham, après avoir promis à Goa de corriger les textes liturgiques, semblait avoir oublié sa promesse. Il fit plus : en 1590 il refusa d’ordonner selon les formules du pontifical latin les séminaristes de Vaïpicota.

Le P. Hausherr, en publiant le De erroribus nestorianorum, retrouvé par le P. Castets, S. J., missionnaire à Trichinopoly, n’a pas dit à qui il était destiné, mais il vise à faire déposer Mar Abraham, op. cit., p. 35, et il aurait été écrit à la fin de 1586 ou au début de 1587. Comment, dans de telles conditions, pouvaitil y avoir une collaboration quelconque entre l'évêque et son mentor, qui affirme catégoriquement n’avoir pour lui aucune estime ?

Le vénérable Abraham Georges, jésuite d’origine maronite, écrivant de Vaïpicota au P. Acquaviva, les 13 octobre et 15 décembre 1593, affirmait, lui aussi, que les affaires des chrétiens de Saint-Thomas allaient mal et que l'évêque se donnait ouvertement comme nestorien, distribuant les sacrements pour de l’argent. Le zélé maronite, qui devait mourir martyr à Massaouah quelques mois plus tard, ajoutait à ces dénonciations le catalogue de diverses erreurs, dont on croirait difficilement qu’elles aient pu être professées par Mar Abraham, si l’auteur de la dénonciation ne garantissait qu’il en a déchiffré le témoignage dans une lettre subrepticement interceptée. A. Rabbath, /)ocumPn(.spour servir à l’histoire du christianisme en Orient, t. i, Paris, Leipzig et Londres, 1905, p. 321-330. On comprend qu’en recevant de telles communications, Rome se soit inquiétée. Le 27 janvier 1595, Clément VIII chargeait l’archevêque de Goa d’enquêter sur la vie et la foi de Mar Abraham. Texte dans Beltrami, La Chiesa caldea…, p. 218-251°. Tandis que cette lettre était en route vers les Indes., Mar Abraham faillit mourir et demanda aux jésuites de lui administrer les derniers sacrements. J. Castets dans la préface à F. P.oz, De erroribus nestorianorum…, p. 8. Rétabli, il continua de gouverner son diocèse. Quel qu’eût pu être le résultat il.- l’enquête que le nouvel archevêque, Alexis de Mein/e. dut instituer, pour obéir aux ordres pont i Beaux, dès sa prise de possession du siège de Goa, Ma'- Abraham mourut sans avoir été déposé, probable ment dès février 1597, tandis que l’archevêque de Goa procédait a la visite (les chrétientés latinedu Malabar, Beltrami, Lu Chiesa caldea…, p. 117, n. 69, en communion avec I Église romaine d’après le I'. Du Jarrie, Thésaurus rerum indicarum, Cologne, 1635, p. 61 i sq., hérétique comme jamais d’après les auteurs portugais et le