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    1. SYRIENNE (ÉGLISE)##


SYRIENNE (ÉGLISE). ORGANISATION

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anciens monastères, églises, asiles et hôtelleries dépendant des monastères, des églises et des évêchés : ers vestiges peuvent être visités à Qalat Senian, Deir Seinan, Qalb l.o/e, Tourmanin, Qasr-el-Banat à l’ouest d’Alep et à Houweiha au nord d’Apamée (Qalaat-Al-Moudiq) et dans les ruines du monastère de Saint -Siméon le Jeune au Mont Admirable ; cf. Joseph Mattern..t travers les villes mortes de HauteSyrie, dans Mélanges de l’université Saint-Joseph, Beyrouth, t. xvii, 1933.

Ces cités chrétiennes florissantes ont vite dépéri avec la conquête arabe qui suivit de près l'établissement de l'Église syrienne jacobite. Cette dernière a pu prendre possession de certains de ces monuments. Quelques monastères ont pu survivre jusqu’au xive siècle. Cf. Assémani, Bibl. orient., t. ii, diss. De monophysitis. Les moines jacobites se sont retirés peu à peu vers le Nord-Est dans le Tur Abdin : principaux monastères Qartamin et Deir-ez-Zaafaran ; cf. P. Krùger, Das syrisch-monophysitische Mônchtum in Tur-Abdin von seinen Anfângen bis zur Mitte des 12. Jahrhunderls. Munster-en-W., 1937, et Das syrisch monophysitische Mônchtum in Tur-Abhdin, Rome, 1938, dans Orientalia christiana periodica, t. iv. Parmi les monastères jacobites, celui de Saint-Marc à Jérusalem est le mieux organisé.

Les moines étaient très nombreux : certains monastères en comptaient un millier, une véritable armée à la disposition du patriarche ; l’hérésie s’emparant d’un couvent était vite répandue dans la masse du peuple et dans le bas clergé, qui ne faisait que suivre ses chefs, tous recrutés parmi les moines, puisque le célibat est une condition essentielle pour ceux qui doivent être élevés à l'épiscopat. On comprend ainsi le rôle prépondérant des moines dans la lutte contre l’hérésie ou dans son expansion. Rien ne pouvait les arrêter ; ils allèrent jusqu'à engager une lutte armée dans toute l’acception du mot. La vie chrétienne du peuple était en raison directe de l’intensité de la vie spirituelle des monastères. A l'époque moderne les monastères sont devenus très rares et se sont dépeuplés. Les moines sont pour la plupart ignorants. Les monastères continuent à relever de l'évêque du lieu et à être pleinement indépendants l’un de l’autre avec une règle propre dictée par le fondateur et un esprit spécial. Très souvent le monastère est régi par la coutume.

Les monastères jacobites ne contiennent plus aujourd’hui qu’une cinquantaine de moines. Le noviciat dure un an ; il peut être prolongé. La profession religieuse des trois vœux est faite implicitement par la prise d’habit : un capuchon, une soutane, une ceinture en cuir et un manteau. L’abbé donne la tonsure monacale à son sujet avant la prise d’habit selon la liturgie prévue. Moïse Bar Képha a écrit un ouvrage intitulé Expositio mysleriorum quæ in lonsura monachorum conlinentur. Cf. Abbellos-Lamy, Gregorii Barhebrœi c.hronicon ecclesiasticum, t. i, col. 394 ; Assémani, Bibl. orient., t. ii, p. 130. La vie des moines se partage entre la prière liturgique et le travail manuel. Quelques-uns étaient copistes. Toute sa vie, le moine ne peut ni mangei de viande, ni boire de vin : pour les jours de jeûne et d’abstinence, il n’usera ni de poissons, ni d’huile. Le jeune dure une bonne partie de l’année. Les moines dorment tout habillés sur une paillasse. Seul le supérieur peut avoir un lit. Le synode de 1930 a décidé de constituer une commission pour réformer la règle du monastère de Mar Mattaï (SaintMatthieu i.

Dès le début de leur conversion, les syriaques catholiques ont senti le besoin de rétablir la vie religieuse, sinon le monachisme, pour intensifier la vie spirituelle parmi les nouveaux convertis qui ne pouvaient se sentir inférieurs a leurs frères jacobites qu’ils venaient

d’abandonner. A ce dessein, le couvent de SaintÉpbrem de Kugm a été bâti près du village de Chebanié (Liban), sous le patriarcat d’André Akhijan (16621677). En 1703, Etienne Safar Atar, évêque de Mardin († 1728), organisa ce monastère ; cf. I. Armalet, Catalogue des manuscrits de Charfé, Introduction, p. 7. Ce n'était pas la vie monastique d’autrefois, mais bien celle d’un institut de religieux. En 1755, les religieux étaient réduits à une douzaine, ils s’occupaient du ministère paroissial par suite de la pénurie du clergé séculier. Ce monastère dépérit vite ; en 1785 deux religieux seulement y vivaient. En cette même année, le patriarche Michel Jarwé établissait, à une petite distance de Daroun, le couvent de Notre-Dame de la Délivrance, dans la localité de Charfé, et obtenait, en date du 22 mai, le bref Exposuit nobis de Pie VI pour la reconnaissance de sa fondation. Le patriarche voulait avoir à sa disposition un clergé patriarcal à l’imitation de la congrégation arménienne de Bzoummar établie à quelques kilomètres de Charfé. Ainsi naquit l’institution des missionnaires syriens de Saint-Éphrem qui furent chargés plus tard de la formation du clergé de leur Église. En 1841 le monastère de Saint-Éphrem de Rugm fut pillé et plusieurs de ses religieux massacrés par les Druses ; le couvent cessa d’exister. En 1884, le patriarche Georges Schelhot institua un couvent près de Mardin afin de former des religieux à la vie de pauvreté, pour les établir dans les villages pauvres des jacobites et travailler à leur conversion. Cette dernière institution a disparu ; cf. revue Al-Machriq, t. iii, 1900, p. 913 ; t. xii, 1909, p. 760-770 ; t. xviii, 1920, p. 579 sq.

Le synode national de Charfé a parlé de la vie religieuse et monastique au c. xvii et, en attendant le rétablissement de la vie monastique dans toute sa splendeur, il n’a prévu que l'émission des vœux simples par les religieux syriens catholiques. Cf. Synodus Sciarjensis, p. 287-289.

Le premier patriarche de l'Église syrienne catholique, André Akhijan, ayant longtemps vécu parmi les maronites, institua à Alep, vers 1670, des religieuses syriennes selon la règle des religieuses maronites de Herache. « Elles menaient une vie plus angélique qu’humaine et plus admirable qu’imitable. » Elles vivaient dans une mortification continuelle, ne mangeaient jamais de viande, jeûnaient beaucoup, portaient le cilice. Elles n'étaient pas cloîtrées, mais vivaient à deux ou trois chez leurs parentes. Elles étaient recluses, ne laissaient pénétrer chez elles que leurs parentes et leurs plus proches. Elles sortaient les jours de fête et de dimanche pour aller à l'église. Dans la rue, elles ne laissaient rien paraître de leur habit monastique et se couvraient d’un grand voile blanc depuis la tète jusqu’aux pieds. Elles récitaient l’office en arabe. Placées sous la direction des capucins, elles adoptèrent lieu à peu l’habit et la règle de Sainte-Claire. Leur but était d'éduquer la jeunesse et de lui donner une formation religieuse solide. La vie exemplaire de ces religieuses faisait l’admiration non seulement des chrétiens, mais encjre des musulmans. Cf. A. Rabbath, Documents inédits pour servir à l’histoire du christianisme Beyrouth, 1907, t. i, p. 422-425, 511 ; Naqqaché, op. cit., p. 66.

En 1901 le patriarche Rahmani essaya de former une congrégation religieuse pour les femmes sous le patronage de saint Éphrem et il en établit la première maison à Harissa, près du monastère-séminaire de Charfé. Cette institution a disparu et les dernières religieuses ont passé dans la congrégation du Saint-Rosaire, établie dans le Proche Orient. Une congrégation de femmes a été fondée à Mardin. Les religieuses ont été massacrées durant la guerre de 1914-1918.

Les biens ecclésiastiques.

Les biens ecclésiastiques proviennent des dons, des fondations pieuses et