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SYRIENNE (ÉGLISE). ORGANISATION


liturgie sacrée : charge autrefois remplie par le diacre, actuellement le prêtre le fait lui-même avant de prendre les ornements sacrés. Cf. I.amy, Dissertalio, p. 205206. Elle pouvait même mettre l’encens dans les cérémonies ou les offices qu’elle présidait dans son monastère sans toutefois élever la voix. Par conséquent, il lui était défendu de dire l’oraison sur l’encensoir. Cette cérémonie se fait aussi immédiatement après la prothèse. Elle pouvait lire habituellement l’évangile et les saints livres dans les réunions de femmes ou, si elle était supérieure, dans les réunions de ses religieuses. Elle avait à veiller à la propreté du sanctuaire, à balayer l’église, à disposer les cierges, à entretenir la veilleuse et cela en l’absence du prêtre et du diacre, d’après Jacques d’Édesse. Resol. 24. Elle pouvait laver les vases sacrés. En cas de nécessité et alors qu’elle était gravement malade, elle pouvait charger une des religieuses de toucher aux vases sacrés, de disposer les cierges, d’entrer dans le sanctuaire et de le nettoyer. Cf. Jean de Telia, Resol. 33-42 ; Jacques d’Édesse, Resol. 23, 24 ; Xomocanon, éd. Bedjan, p. 97-99. Jean X Bar Schouchan († 1073) nous rapporte qu’à son époque on n’ordonnait plus les diaconesses pour oindre les femmes baptisées ; cf. Rev. Or. chrét., t. xvii, 1912, p. 195.

2° Relation de V Église jacobite avec les autres Églises.

— 1. Avec les monophysiles. — L’Église jacobite de Syrie s’est toujours considérée comme une Église autonome ne gardant avec les autres Églises monophysites (copte et arménienne) que des liens de charité et de respect. Voir ce qui a été dit à l’art. Monophysite (Église copte), t. x, col. 2264 sq. Dès son avènement le patriarche d’Antioche écrivait des lettres synodiques. Le patriarche d’Alexandrie avait un droit de préséance sur celui d’Antioche d’après les premiers conciles ; il n’en fut pas de même avec les patriarches arméniens. D’ailleurs certaines divergences disciplinaires et même doctrinales établissaient une plus grande séparation entre l’Église arménienne et l’Église syrienne quoiqu’elles aient lutté pour le monophysisme. N’oublions pas que les Arméniens emploient le pain azyme, le vin pur sans eau. Jacques d’Édesse le leur reproche sévèrement, et les assimile tantôt aux juifs, tantôt aux hérétiques (chalcédoniens et nestoriens), tantôt aux Arabes et aux païens, en critiquant d’autres coutumes ; cf. can. 81. Le patriarche Jean X Bar Schouchan fait les mêmes reproches ; cf. Rev. Or. chrét., t. xvii, 1912, p. 180 sq. Des discussions plus sérieuses s’élevèrent entre les syriens et certains Arméniens qui refusaient de dire que le Christ avait souffert selon la chair ou des partisans de Julien d’Halicarnasse. Voir art. Monophysisme, t. x, col. 2236 : Al-Machriq, t. xxiii, 1925, p. 384-389, 448, 453.

2. Avec les autres Églises.

Quels sont les rapports des syriens jacobites avec les hérétiques ? Ils entendent par hérétiques tous ceux qui n’ont pas la même doctrine qu’eux, par conséquent les nestoriens, les eutychiens et les chalcédoniens. Barhebræus cite un canon du patriarche Timothée, pour interdire à ses coreligionnaires de célébrer la sainte liturgie en présence des hérétiques, parce qu’ils ne peuvent pas participer à la communion eucharistique. Mais, dans les cérémonies auxquelles les hérétiques n’auront pas à prendre part, ils peuvent être admis. Actuellement les jacobites célèbrent la messe en présence des hérétiques, parce que les fidèles présents eux-mêmes ne participent que rarement aux saints mystères. Tous les écrivains jacobites recommandent aux leurs d’être passifs. Ainsi le prêtre jacobite sera considéré comme ayant communiqué in sacris, s’il s’avise de distribuer aux hérétiques leur propre eucharistie : cf. Jacques d’Édesse, Resol. 64. Il est interdit de se rendre aux églises et aux monastères des hérétiques pour y faire

des offrandes ou des vœux ; cf. can. 178 du patriarche Cyriaquc. dans N’au, p. 102 ; Bedjan, p. 9. L’hérétique captif ou voyageur, mourant parmi les jacobites, doit recevoir le saint viatique s’il le demande et abjure son erreur. Sinon on l’abandonne à Dieu, mais on ne le prive pas du rite de la sépulture des chrétiens. Jacques d’Édesse, Resol. 60 ; Bedjan, p. 80.

A la mort d’un fidèle jacobite, on doit lui faire un service funèbre jacobite et l’enterrer dans un cimetière jacobite. En cas de nécessité et en temps de persécution, on peut tolérer pour le jacobite un service hérétique et l’inhumation dans un tombeau hérétique. Jean de Telia, Resol. 27, 28, 29 ; Bedjan, p. 69. La question du mariage avec les hérétiques a été traitée à propos du sacrement, de mariage.

Le jacobite n’a pas le droit de manger avec un hérétique, même en cas de nécessité, bien que l’hérétique ait laissé au jacobite le soin de bénir la table, par un signe de croix. Jean de Telia, Resol. 24. Aux clercs interdiction est faite non seulement de manger, mais encore de donner quoi que ce soit ou de recevoir aucun don. Avert. n ; cf. Jacques d’Édesse, Resol. 33. Le solitaire et le moine ne lieront aucune amitié avec les solitaires hérétiques, et ne transcriront aucun livre pour les hérétiques. Resol. 54-56. Par contre on autorise les prêtres à instruire les enfants des musulmans et des païens. Ils peuvent en escompter plusieurs avantages et il n’y a aucun mal à leur enseigner la lecture des saintes Écritures. Resol. 58-59. Jacques d’Édesse permet aux femmes d’assister aux enterrements des infidèles et aux clercs et moines de sa confession d’accompagner un convoi hérétique pourvu qu’ils n’y prennent aucune part active ; ils ne chanteront pas et se tiendront avec les séculiers. Les hérétiques peuvent aussi faire la même chose dans les convois de jacobites. Resol. 61, 62, 63 ; Bedjan, p. 70.

Non seulement les relations avec les hérétiques sont plus ou moins licites, mais il est encore interdit de se servir des choses qui ont appartenu au culte hérétique. Ainsi une église prise aux hérétiques doit être bénite à nouveau par l’évêque, lors même qu’elle aurait déjà appartenu aux jacobites. Jacques d’Édesse, Resol. 86 ; Bedjan, p. 14.

L’autel des hérétiques ne saurait être placé à l’église, tout au plus peut-on s’en servir dans la sacristie pour un usage profane. Can. 183 du patr. Cyriaque, dans Nau, p. 103 ; cf. Bedjan, p. 15. Cyriaque d’Amid autorise l’usage de ces autels, si l’évêque les réconcilie par une prière, même de loin. Can. 87 ; Bedjan, p. 16.

L’eucharistie des hérétiques doit être évitée comme on évite un poison mortel. On la cachera dans un lieu convenable ou dans la muraille ou sous terre pour qu’elle ne soit pas prise par les orthodoxes. Le vase qui contenait leur saint chrême, peut être modifié et servir alors pour l’huile de la prière (l’huile des catéchumènes). Les ornements sacrés dont se sont servis les hérétiques peuvent être acceptés mais sur l’ordre de l’évêque.

La hiérarchie dans V Église syriaque catholique.


Le concile de Charfé a déterminé les obligations, les pouvoirs et les privilèges de chaque membre de la hiérarchie. C. vi-xi, p. 206-255.

1. Le patriarche.

On a déjà vu à l’art. Pape, t. xi, col. 1930-1936, comment est élu le patriarche de cette Église. Le patriarche actuel Ignace Gabriel I er Tappouni a été élevé à la dignité de cardinal dans les consistoires des 16 et 19 décembre 1935. Outre les privilèges et les pouvoirs prévus par le Codex juris canonici des latins pour les cardinaux, le patriarche actuel a les pouvoirs et les privilèges des patriarches syriens catholiques d’Antioche : a) De porter en certaines circonstances le pallium que d’habitude le souverain pontife lui confère. — b) D’avoir son nom cité dans la