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    1. SYRIENNE (ÉGLISE)##


SYRIENNE (ÉGLISE). THÉOLOGIE SAC H A M I TAIRE

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Autrefois les pénitences satisfactoires étaient imposées au pécheur suivant un barème fixe déterminé pour chaque péché d’après sa gravité. Ces listes de pénitence sont appelées les canons penitenticls. Aujourd’hui encore on appelle la pénitence imposée à la fin de la confession : le canon. On dit même pour une pénitence d’un Ave Maria : imposer le canon. Et cela, soit en arabe, soit en syriaque, dans l’Église catholique et les Églises dissidentes. Denzinger a publié quelques canons pénitentiels de l’Église syriaque. Op. cit., t. i, p. 475, 500.

Le code pénitentiel de l’Église jacobite était très développé. Beaucoup de peines sont empruntées au droit canonique qui existait avant la séparation. Il existe, en effet, des canons échangés entre les évêques d’Italie et ceux du concile d’Antioche tenu dans la première moitié du ive siècle. Ces canons portent parfois des peines excluant le fidèle, toute sa vie, de l’assemblée et ne lui permettant de participer aux saints mystères qu’à l’heure de la mort. Cf. Rev. Or. chrét., t. xiv, 1909, p. 25-31. On possède des canons pénitentiels portés par Mar Sergius, évêque d’Amphiator, contre les clercs. Ibid., p. 127. La pénitence imposée aux grands pécheurs par les canons pénitentiels peut être diminuée par celui auquel la charité divine a confié le soin de délier et de lier, s’il constate que la pénitence du pécheur est au" de la de la mesure. Il peut également diminuer à volonté le temps fixé par la pénitence. On peut même user d’une telle miséricorde envers les prêtres et les diacres qui ont accompli leur pénitence dans la souffrance et les admettre à nouveau à remplir le ministère sacerdotal, en abandonnant la stricte observance des canons pénitentiels. L’évêque, comme il peut abréger la pénitence, peut également augmenter le temps fixé pour ceux qui montrent quelque négligence à l’accomplir. Ces canons montrent combien était développée la théorie de la satisfaction. Les pénitences satisfactoires se ramènent d’ordinaire aux jeûnes au pain et à l’eau, à l’aumône, aux prostrations et aux prières. Tout cela n’a plus guère qu’un intérêt historique.

L’extrême-onction.

Voir la doctrine de certains

Pères de l’Église syriaque exposée ici, t. v, col. 19361938. 1956 sq.. 1968 et l’ancienne liturgie syrienne, col. 1946 sq., 1950 sq., 1978.

Dans l’Église syrienne catholique, la liturgie de l’extrême-onction a été empruntée au rituel romain et l’huile des infirmes est bénite par le patriarche le jeudi saint ; le synode de 1888 dit que l’évêque consacre cette huile le jeudi saint ou le cinquième dimanche du grand carême. Cf. Syn. de Charfé, éd. latine, p. 123 sq. Par contre les jacobites ont conservé l’ancien usage qui veut que les prêtres bénissent l’huile et fassent immédiatement les onctions, suivant YOrdo lampadis. Selon Assémani, le patriarche jacobite célébrait le rite de la grande lampe tous les sept ans. Cf. Ét.-Év. Assémani, Bibliolhecse Medicese codicum mss orientalium calalogus, Florence, 1712, p. 87 sq.

Le rituel des Indes contient YOrdo lampadis minor pour oindre les pénitents infirmes ou bien portants ; il prévoit cinq mèches dans une assiette pleine d’huile d’olive. Les prêtres récitent des prières, chantent des hymnes, lisent l’épître ei l’évangile, en allumant la première mèche. Le ministre fait alors une onction entre les yeux du pénitent sous la forme de trois croix et récite cette formule : « Sois purifié, sois sanctifié, que tes fautes et péchés te soient remis, ceux que tu as commis volontairement ou involontairement, avec connaissance ou sans connaissance et que toutes pensées mauvaises et œuvres diaboliques soient écartées de toi au nom du Père, Amen, et du Fils, Amen, et du Saint-Ksprit, Amen. Puis 1 prêtre fait une triple onotion sur la poitrine en récitant la même formule,

une troisième sur les genoux, une quatrième sur la main droite, une cinquième sur la main gauche, et chaque fois, il répète toutes les onctions faites dans les parties précédentes et à chaque onction il récite la même prière. A la fin de la cérémonie, il oint le pénitent sur les yeux, sur la gorge, sur la bouche, sur les oreilles et les reins. Puis une onction de la tête aux pieds et de la main droite à la main gauche, des yeux à la bouche et d’une oreille à l’autre. Enfin l’onction se fait sur tout le corps. On trouvera la version latine de cet ordo, moins la cérémonie des onctions et leur formule, dans Denzinger, op. cit., t. ii, p. 506-517. Il est intéressant de donner la formule récitée par le président de la cérémonie alors que tous les prêtres imposent les mains au sujet.

Domine Deus et Dominator noster, Jesu Christe, secundum promissionem tuam pretiosam, ubi dixisti : imponite manus vestras super a’gros et peccatores, et sanabuntur ex infirmitatibus suis : et ecce ponimus super servum tuum hune (talem) manus nostras, nos servi tui peccatores et petimus a tua misericordia abundanti, ut suscipias psenitantiam ejus, ut suscepisti pænitentiam David prophétie, et dimisisti ei peccata ejus. O Domine sanctissime, qui sanas animas et corpora, o qui misisti Filium tuum unicum Dominum nostrum Jesum Christum, ut sanaret oranes infumitates nostras et redimeret nos de morte, sana servum tuum hune (talem) ab infirmitatibus ejus animalibus et corporalibus, et concède ei, Domine, opus rectitudinis, et da ei veniam peccatorum huic servo tuo (tali), et prsesta ei, Domine, sortem et partem in horto deliciarum : O Domine noster Jesu Christe, tibi gloria et honor et adoratio in ssecula sseculorum. Amen.

Cet ordo n’est d’ailleurs pas le seul, et on trouve une assez grande variété dans les différents rites de l’onction, aussi bien que dans les prescriptions relatives à la bénédiction de l’huile employée dans la circonstance.

D’après Yordo étudié par Assémani, sept prêtres ou tout au moins trois sont requis pour les onctions sacrées ; d’après les ordines étudiés par Denzinger et YOrdo lampadis du Rituel des Indes, la présence de cinq prêtres est requise ; cf. t. i, p. 188. Toutefois en cas de nécessité un seul prêtre suffit.

Le mariage.

1. Célébration. — Le mariage se

forme dans l’Église syrienne jacobite en deux étapes bien distinctes. A la première, le consentement des deux contractants est exprimé officiellement ; à la seconde on conduit la mariée à l’église pour le couronnement puis à la maison du marié pour le banquet nuptial et la consommation ; en effet, « il n’est pas permis à celui qui a épousé une femme par la bénédiction de l’anneau, d’avoir des rapports avec elle avant le festin nuptial, sinon il sera anathématisé ». Ce canon a été édicté par les patriarches Jean et Cyriaque, au concile de 795 ; il est reproduit par Barhebrseus ; cf. Bedjan, p. 121 sq. ; Nau, can. 204, p. 105.

Le premier moment du mariage est caractérisé par l’échange des consentements. La mariée n’a pas le droit de paraître en public ; elle est remplacée pour la cérémonie par son curalor. Ce dernier est pris parmi les parents mâles ou leur descendance mâle du côté paternel (père, grand-père, frère, neveu, oncle ou cousin) ou du côté maternel (grand-père, oncle ou neveu) et enfin l’évêque du lieu peut prendre le rôle de curalor. Le curator doit au préalable recevair le consentement de la mariée : le silence de la jeune fille vaut consentement. (Bar hebræus admet que la jeune fille peut être mariée malgré sa volonté, au gré de son père.)

L’échange des consentements se fait à l’église devant l’autel entre le marié et le curalor. par devant le prêtre et deux hommes témoins. On peut admettre le témoignage d’un homme et de deux femmes. Le témoignage des femmes seules n’est pas reçu. La présence du diacre est désirée sans être requise sous peine de nul-