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SYRIENNE (ÉGLISE). THÉOLOGIE SAC RAME NT AI R E


pensée de ce qu’il a entendu combat contre lui ; à l’occasion de ces choses qui ont eu lieu et qui sont écrites, lui aussi les apprend et les fait. Le prêtre lui-même qui lit ces modes honteux de péchés qu’il n’a entendus de personne et qui ne sont venus à l’esprit de personne, voit sa volonté affligée et troublée par eux et ils occupent constamment sa pensée. » Rev. Or. chrét., t. xvii, 1912, p. 185-186 et 192-193. Barhebrreus compare encore le confesseur, médecin des âmes, au médecin des corps et dit que le médecin des âmes doit connaître le mal et pour cela c’est au malade de le lui découvrir : le pécheur doit confesser ses péchés pour obtenir la pénitence et la rémission, il doit ensuite, comme tout malade, accomplir les prescriptions médicales. Le candclabre, base XI, c. v, 5.

La confession auriculaire des péchés est nécessaire, avant la communion ; voir l’art. Monophysite ( Éylise), t. x, col. 2287, où est exposée la pensée de Michel le Syrien sur la nécessité de la confession avant la communion d’après son traité de la préparation à la communion, écrit pour répondre à Marc Ibn Al-Kanbar, ibid., col. 1715 et 1718. Elle l’est également avant la mort : Oportet christianum, cum ad mortis tempus ucnerit, confileri peccala sua et commuai onem accipere, sive jejunus sit, sive non. Can. 43, 87, des canons pénitentiels ; can. 4, 5 et Il des canons de l’Église syrienne jacobite ; cf. Denzinger, t. i, p. 484, 491, 499.

La confession d’après Jacques d’Édesse n’est pas absolument nécessaire pour que le pécheur obtienne le pardon de ses fautes, si l’on a honte du médecin des âmes. Le repentir sincère et les œuvres satisfactoires suffiront ; mais aller au médecin c’est un moyen rapide et qui guérit complètement. Cf. Resol. 66, 67. Ainsi Jacques d’Édesse tout en reconnaissant le sacrement de la pénitence ne l’estime pas de nécessité de moyen, pas même in voto, pour celui qui a commis un péché mortel après le baptême. Par ailleurs on trouve une obligation imposée par les canons de l’Église primitive et de l’Église jacobite aux fidèles de se confesser quelques fois dans l’année. Il semble que la confession se fasse trois fois par an, le jeudi saint et avant la communion de Noël et de la Pentecôte ; cf. can. 50 et 98. Deux confessions par an sont obligatoires à peine d’exclusion des sacrements. Dans les cas de difficulté une confession suffit ; cf. can. 68 des canons pénitentiels de Bar Salibi ; Denzinger, t. i, p. 485 sq., 500.

Après avoir dit que seuls les prêtres et les évêques ont pouvoir de remettre les péchés, Barhebrœus ajoute que le confesseur doit être un père, un médecin, un modèle de vertu, pour prouver en pratique ce qu’il aura enseigné de bouche. Il ne doit être ni paresseux. ni coléreux ; il ne doit pas réprimander fortement les pécheurs, mais pardonner en reprenant doucement. Quant au pénitent, il doit avoir l’esprit d’humilité et un cœur contrit : en se présentant devant l’évêque ou le prêtre qu’il aura choisi, il incline la tête, baisse les yeux et dit : « J’ai péché contre le ciel et contre Dieu, et avec l’espoir du pardon, je viens me confesser. » Il fait l’aveu de ses fautes… ; à la fin il ajoute qu’il demande au confesseur de prier Dieu pour qu’il ne ferme pas devant lui la porte de sa miséricorde. Alors le confesseur le console, l’encourage, lui dit de ne pas désespérer et lui rappelle les paraboles de la miséricorde : celle de la brebis perdue et de l’enfant prodigue… et lui dit qu’il a d’abord à se repentir, à prendre la ferme résolution de ne plus retomber et d’accepter le « canon » (la pénitence) et que, s’il lait tout cela, il l’assurera que Dieu lui pardonnera ses fautes. Puis il lui impose une pénitence proportionnée aux fautes e1 à sa condition et termine le rite de la pénitence en secret (il s’agit de l’absolution). Le candélabre, base XI, c. v, 5, sect. 3, ms. de Beyrouth, fol. 750-752.

On trouve également une description du rite de la

confession sacramentelle dans le ms. 272 de la bibliothèque maronite d’Alep. Voici comment se fait la confession : le pénitent s’asseoit à la porte de l’église ou à l’entrée de l’autel, se découvre, se croise les bras, fixe les yeux par terre et fait, comme étant devant Dieu, une confession sincère sans aucune fausse honte. Xi le confesseur ne regarde le pénitent, ni celui-ci le confesseur parce que la confession est présentée à Dieu qui connaît tout. La confession terminée, le prêtre s’adresse au pénitent avec douceur et bienveillance, en ces termes : « Begarde, mon bien cher, et sois certain que, si tu te confesses de tout ton cœur, si tu prends la résolution de ne plus retomber dans les fautes que tu viens d’avouer et de ne commettre aucun péché, Dieu te dit à l’instant par ma bouche : tes péchés te sont remis, et tout ce que tu as déclaré librement et avoué avoir commis sera caché au grand et terrible jour et tu ne seras nullement jugé pour ces fautes au tribunal de la justice. » Le pénitent s’agenouille et le prêtre récite les formules prévues par l’ordo de la pénitence. Le prêtre lui impose la main en récitant des prières et lui donne une pénitence. Après son accomplissement, le confesseur récite à nouveau une prière sur la tête du pénitent. A la fin du manuscrit, il est dit que le prêtre donne la communion au pénitent. Il lui impose la main et lui souffle sur la face par trois fois en disant : « Que le péché soit chassé de ton âme au nom du Père. Amen. Sois pardonné et sanctifié au nom du Fils. Amen. Sois digne de participer aux saints mystères au nom du Saint-Esprit, pour la vie dans les siècles des siècles. Amen. » Cf. Al-Alachriq, t. xvii, 1914, p. 600-601 ; voir également le même ordo attribué à Denys Bar Salibi dans Denzinger, t. i, p. 440442 ; mais la dernière formule qui peut être prise pour une absolution déprécatoire est quelque peu différente. Dissipetur hoc peccatum ab anima et a corpore iuo in nomine Patris, Amen. Sanctificatus et mundalus esto ab eo in nomine Filii, Amen. Dimittatur et condonetur tibi in nomine Spiritus Sancli, Amen. P. 441.

On trouvera également dans Denzinger, t. i, p. 443448, un troisième ordo de la pénitence attribué également à Bar Salibi. II est très long, mais ressemble fort aux précédents, l.’ordo décrit par Ecchellensis et reproduit sous le n. 2 dans Denzinger, t. i, p. 442, se rapproche davantage de celui qui est donné dans la revue Al-Machriq. Il parle de l’évêque, du prêtre et du mediator, c’est-à-dire d’un interprète entre un pénitent et un confesseur qui ne parlent pas la même langue. Le quatrième ordo de la pénitence reproduit par Denzinger, t. i, p. 448-465, contient de multiples formules. On en donne une pour chaque péché et quelques-unes de portée générale. Enfin, p. 465-467, on trouve un ordo pour recevoir les hérétiques converlis, soit les nestoriens, soit les chalcédoniens (catholiques ou grecs schismaliques), soit les julianistes.

A la fin du missel manuscrit de l’évêque jacobite de Beyrouth, on trouve un ordo psenitentise. Voici la prière de l’absolution : « Que le Seigneur Dieu tout puissant nous conduise à la vie éternelle, par le pouvoir très grand du sacerdoce, celui que Xotre-Seigneur Jésus-Christ a confié à ses saints apôtres, en leur disant : tout ce que vous lierez sur la terre sera lié au ciel et tout ce que vous délierez sur la terre, sera délié au ciel ; à leur tour, ils l’ont confié à leurs successeurs, de génération en génération, jusqu’à moi misérable el faible. Par ce pouvoir je vous absous, ô mon frère, de tous les péchés que vous avez avoués et de ceux que vous avez oubliés et dont vous vous repentez. Soyez béni, soyez sanctifié de tous vos péchés au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, un seul Dieu. Amen. >< Le prêtre trace trois croix sur le front du pénitent, récite le Pater et impose une pénitence proportionnée aux péchés.