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SYRIENNE (ÉGLISE). THÉOLOGIE SACRAMENTAIRE


esse nim tateatur ? Si quis abnuat, non est ille discipulus apostolorum. A.postoli enim dlctis ndem habuerunt ; viventoin et cuin ipsis cœnantem comederunt… Ab Lllo temporis puncto, quo apprehendit panem corpusque suum dixit, panis non fuit mhI ipsius corpus, quod admirantes edebant ; edebant corpus ejus qui apud Ipsos in mensa accumbebat, ejusque blbebant sanguinem, et audiebant vocem docentis. Dans Lamy, op. cit., p. 25.

En SIS un synode se tint à Callinique pour dirimer la controverse à propos de la prière liturgique Panem cselestem quem frangimus. in nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, Les évêques du patriareat d’Antioche qui s’y réunirent, confessèrent le dogme de la présence réelle en ces termes : « Nous plaçons sous l’nnathème quiconque ne confesse pas avec nous que le pain céleste que nous prenons des autels est le corps du Fils de Dieu, selon l’enseignement du saint patriarche Sévère. Nous anathématisons aussi ceux qui disent que ce n’est pas le corps de la personne du Verbe-Dieu, qu’il a pris de Marie et qui a été olïert en oblation sur la croix, et quiconque dit que ce n’est pas pour satisfaire à la communion de plusieurs qu’il est rompu, mais à raison du sacrifice messianique. » Cité par Michel le Syrien dans sa Chronique, t. XII, c. x, éd. Chabot, t. in. p. 40-41.

2. Le mode de présence.

L’on peut dire que la plupart des écrivains jacobites ont écrit sur l’eucharistie. Il serait trop long de les énumérer ou de citer leurs ouvrages. Tous ont affirmé leur foi en la présence réelle ; mais le mode de présence du Christ dans l’eucharistie a été diversement expliqué ; certains ont affirmé la transsubstantiation (sans le mot) : le pain et le viii, disent-ils, se transforment au corps et au sang du Christ. D’autres semblent affirmer l’impanation. Pour prouver leurs affirmations, soit dans le premier sens, soit dans le second, ils ont recours au mystère de l’incarnation et à l’opération du Saint-Esprit. Les premiers disent : de même que le Saint-Esprit a formé le corps de Xotre-Seigneur dans le sein virginal de Marie, de même il transforme le pain au corps du Christ. Les autres de dire : de même que son action a porté sur l’union du Verbe avec l’humanité, de même il unit le Christ au pain et au vin.

Ainsi Philoxène de Mabboug commence par un aveu d’ignorance : Quomodo panis fiât corpus et vinum sanguis dicere non possumus, sed confitemur tantum quod flunt et de modo quo fiunt tacemus. Si quis velit hœc per scienliam scrulari, audiat a nobis ea incomprehensibilia esse ; quia modus quo rcs hujus modi fiunt Deo creatori tantum compertus est, éd. Vaschalde, p. 94. Plus loin, cependant, p. 96, il essaie de donner une explication et celle-ci est tout à fait catholique.

Ne doceas eum (.ludsr-um) credere quod corpus in pano et sanguis in irino abscondita sont et homo novus in vetere habitat ; sed urgeas ut credat panem, qui videtur, esse corpus, et vinum, quod gustatur, esse sanguinem… Neque sinus eum opinai i sicut animant in corpore… ita corpus in pane abscondi et sanguinem in vino occultari, etiamsi mens ejus pauliim quiet is inde acciperet, eo quod facilius existimatur audire spirituale in aliquo visibiliet absconditum in revelato habitare quam corporale dici etiam spiritale, et revelatum dici absconditum, id est panem dici corpus, et vinum dici sanguinem.

Au contraire, p. 100 du même ouvrage, il donne une explication du mystère qui n’a rien d’orthodoxe :

Quemadmodum panis et vinum non per mutationein

flunt corpus et sanguis, nec olenm virtus, nec aqua utérus spiritalis, nec homo vêtus homo novus, sed per unionem eum Spiritu obtinuerunt virtutem Ulam quam credimus ; ita et Deus Verbum factus est caro et inbumanatus est non per mutationem, sed quia participavll carnl et Banguini nostro et divinitatem suam humanitati, sicut odorem lilio, univit.

C’est le même écrivain qui donne ces deux explica tions contradictoires dans le même traité et a peu de distance l’une de l’autre. En définitive, la pensée de tous ces écrivains ne semble pas précise sur le mode de la présence réelle. Au fait, le dogme de la transsubstantiation, avec permanence des seuls accidents, n'était pas encore fixé dans toute l'Église. C’est pourquoi ils disent que le pain céleste est le corps du Christ et que le Christ se trouve dans le pain. On serait tenté d’accuser Rabboula d’hétérodoxie quand il écrit :

Le corps du Christ n’est donc pas seulement du pain, comme il leur semble, mais dans ce pain est le corps de Dieu invisible, comme nous le croyons. Et nous prenons ce corps, non pas pour la satiété de notre ventre, mais pour la guérison de notre âme ; car ceux qui mangent avec foi le pain consacré mangent en lui et avec lui le corps de Dieu, et ceux qui le mangent sans foi reçoivent une nourriture semblable aux autres choses. Si ce pain est ravi et mangé par les ennemis, ils mangent un pain ordinaire, car la bouche de ceux qui le mangent n’a pas la foi qui lui en fait goûter la vitalité. Le palais goûte le pain, mais c’est la foi qui goûte la vertu cachée dans ce pain. Ce n’est donc pas seulement le corps de notre Vivilicateur que l’on mange, comme nous l’avons déjà dit, mais ce qui y est associé, comme nous le croyons. Car au corps comestible est associé le corps que l’on ne mange pas et qui ne fait qu’un pour ceux qui le reçoivent ; de même que sont associées des vertus secrètes aux eaux visibles par lesquelles est engendrée la renaissance ; car l’Esprit caché couve les eaux apparentes pour en faire naître véritablement l’homme céleste. De même que dans les eaux visibles sont cachées les vertus invisibles, de sorte que quiconque est baptisé en elles visiblement obtient la vie invisible, de même dans le pain visible est cachée une vertu, par laquelle quiconque le reçoit convenablement acquiert la vie immortelle. » Overbeck, Sancti Epliremi syri aliorumque opéra selecla, p. 331 sq ; cf. dans Lamy, op. cit., p. 275 sq., et encore la Chronique de Michel le Syrien, t. IX, c. xxvii, éd. Chabot, t. ii, p. 227 sq.

Remise dans son contexte, son affirmation peut néanmoins se ramener à l’orthodoxie. Aussi bien, dans cette Epislola ad Gamelianum Perrhinensem, Rabboula fait des reproches aux moines qui se considéraient encore comme à jeun, même après s'être rassasiés d’une grande quantité de pain et de vin consacrés. Après s'être assuré de sa vraie pensée sur la présence réelle l’on comprend ces dernières paroles affirmant que, dans le pain eucharistique, il y a d’un côté le corps invisible du Christ et de l’autre un pain visible qui a gardé toute sa vertu nutritive. Nous dirions, nous, que les accidents eucharistiques ont conservé ladite vertu.

Cette même remarque peut être faite sur les assertions de Moïse Rar Képha ; il dit dans son explication de la liturgie : « Le pain est le corps de Dieu et le vin son sang ; ce pain est le même corps qui est né de la vierge Marie », puis il affirme que c’est par une opération du Saint-Esprit que le Christ est uni hypostaliquement au pain et au vin. L’action du Saint-Esprit sur la consécration des éléments eucharistiques est de même nature que celle accomplie dans la Vierge pour effectuer l’incarnation divine : Filius descendit in panem et vinum et illis unitur hgpostatice, lia enim mine Spiritus Sanctus super panent et vinum descendit et ea fecit in corpus et sanguinem Verbi divini. Cf. R. IL Connolly et H. W. Codrington, Two commentaries…, p. 35-53 et 59 sq.

J. Assémani dans la Bibl. orient., t. ii, p. 191 sq., et après lui, Lamy, op. cit., p. 41-43, ont accusé Jacques Rar Salibi de professer la même doctrine que Bar Képha : l’union hypostatique du Christ et des éléments eucharistiques et L’impanation. En effel dans son Exposé sur la liturgie, éd. Labourt, p. 80-82, il dit : Decel nos inquirere quare descendu ! lui Spiritus Sanctus su/irr panem et vinum. Ecce enim Filius descendit et unitus est ris personaliter ; quare etiam descendit Spiritus Sanctus ? Respondemus : propter eam causam : sicut enim descendit in ulcrum Marin' et efjecil