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SYRIENNE (ÉGLISE). THÉOLOGIE SAC RAME NT AI RE


Telia : Discipulus : « An poterit perfici baplismus absque chrismale per oleum orationis tantum ? » Magister : « A bsque oleo sancto, id est chrismale, baplismus nullatenus perficitur. » Citée par le Nomocanon, Kedjan, p. 25, 28. D’après ces paroles, on remarque que ce sacrement n’est pas nécessaire ; mais il est ad perjectionem et il imprime un sceau dans l’âme du confirmé. Les confirmés sont dits sigillati. Comme le baptême et avec lui, il n’est conféré qu’une seule fois.

La matière de ce sacrement est le saint chrême. Plusieurs écrivains ont consacré des traités à ce sujet. Jacques d’Édesse († 708), Georges évêque des Arabes († 724). Au ixe siècle, Antoine le Rhéteur a écrit un chapitre sur la consécration du saint chrême ; de même Abou Nasr Yahia ben Hariz (ou Jarir) dans son Lucerna ducens ad salutem. Le concile du monastère de Barsauma en 1153, sous le maphrian Ignace II, légiféra sur le saint chrême. Jean de Mardin, qui y prit part, nous a laissé une lettre sur le saint chrême ; cf. revue Al-Hikmut, 1930, p. 202. Jacques Bar Salibi († 1171) a écrit un traité sur le baptême et le saint chrême et enfin Barhebrœus († 1286) lui a consacré un chapitre spécial du Nomocanon.

Barhebrseus nous dit de quoi est composé le saint chrême :

Cinnamomi 50 drachmæ spicæ 60 drachmæ cariophylli, nucis myriacæ croci, zinziberis, piperis ex unoquoque 20 drachmæ conterantur et purificentur et commisceantur 100 drachmis unguenti puri olivae. Et mittatur id in ollam magnum vitri, ac igni superponatur olla magna aenea, quae plena sit aqua et collo olls alligetur rutabulum terri et appendatur intra aquam quin pertingat ad fimdum ollæ et succendatur ignis, ac ebulliant aquæ tribus horis : tune demittantur in ollam stactis humidi 60 drachmæ et coquatur una ho ru. Deinde totum ignem removeant de sub olla et cumfrigent aquæ tollant ollam et relinquant unguentum, donec eliquetur, ipsumque fundant in amphoram sanctificationis. Bedjan, p. 29-30.

Denzinger, t. i, p. 53, et p. 361-363, donne Yordo consecrationis chrismatis apud Syros jacobitas. Abou Nasr Yahia ben Hariz dit que le saint chrême est composé d’une quantité égale d’huile d’olive et de baume : cf. revue Al-Hikmat, 1930, p. 588-592, où est publié le chapitre sur le saint chrême tiré de l’ouvrage Lucerna ducens ad salutem.

Seul le patriarche (et autrefois aussi le maphrian) a le droit de consacrer le saint chrême. L’évêque ne le peut pas, cependant il peut en augmenter la quantilé en y additionnant une quantité olei orationis, qui est l’huile des catéchumènes et des infirmes. Le prêtre ne pourrait pas même transvaser le saint chrême qu’il aurait reçu de son évêque ; cf. Bedjan, p. 29 sq. ; Assémani, Bibliolheca orientalis, t. ii, De monophysitis, n. vin. Du ve au viiie siècle, les évêques consacraient le saint chrême, chacun pour son diocèse, op. cit., t. i, p. 269 ; t. ii, p. 225 ; Jean III, can. 113, Nau, p. 96 ; Bedjan, p. 34.

La consécration du saint chrême se fait le jeudi saint. Si le saint chrême fait défaut, il est loisible de le consacrer n’importe quel jour. Jean III, can. 112, Nau, p. 95. On a choisi le jeudi saint parce que le saint chrême devait servir au baptême administré les jours suivants ; cf. Jacques d’Édesse, can. 90-92, Nau, p. 70 ; Bedjan, p. 28-30. Il reste à savoir si la consécration est ad validitatem. Plus haut, on a vu que l’évêque peut ajouter ex oleo orationis au peu de saint chrême qui reste.

L’onction du saint chrême se fait sur le front en forme de croix et est étendue après sur tous les sens et le corps du baptisé. Quand le sujet est une femme, c’est la diaconesse qui se charge d’étendre le saint chrême après que le minisire a fait la première onction, en passant la main derrière un voile tendu entre lui et la baptisée ; cf. Bedjan, p. 29 sq.

L’imposition des mains ne semble pas se distinguer de la chrismation ; cf. Bedjan, p. 26. La forme est déjà signalée à l’art. Confirmation chez les syriens, t. iii, col. 1078.

Le ministre de la confirmation est l’évêque ou le simple prêtre (une délégation ne semble pas requise pour lui), mais jamais le diacre. Le prêtre peut encore confirmer ceux qui ont été baptisés par le diacre ou qui n’ont pas été confirmés au moment du baptême propter necessitalem. Cf. Bedjan, p. 23.

Les effets du sacrement sont nettement indiqués par les canons précédents et par la forme : la confirmation est un signaculum et sigillum verse, fidei, elle accorde dona Spiritus sancti et le Saint-Esprit lui-même que les jacobites croient être déjà dans le saint chrême après sa bénédiction ; cf. Moïse Bar Képha et le moine Daniel dans Bibl. orient., t. ii, p. 505 ; et aussi Denzinger, t. i, p. 58 sq. ; Rituel des Indes, p. 40.

L’eucharistie.

Voir les articles Messe, t. x,

col. 1328 sq. ; Orientale (Messe), t. xi, col. 14341465 ; Présanctifiés (Messe des), t. xiii, col. 84-92. Dans ces deux derniers articles, nous avons relevé tout ce qui a rapport à la célébration du sacrifice de la messe. Rectifier ce qui a été dit à l’art. Présanctifiés, col. 89. Nous avons pu trouver, dans le missel écrit de la main de l’archevêque jacobite de Beyrouth pour son usage personnel, l’anaphore dite de Mar Sévère pour la messe des présanctifiés ou mieux la messe de la consignation du calice. L’archevêque affirme que ce rite n’est plus célébré dans le diocèse de Mossoul que les mercredis et vendredis du grand carême, comme dans la liturgie byzantine ; les dimanches et samedis du carême se célèbre la messe normale. Le patriarchat syriaque catholique a essayé de rétablir ce rite, en 1760 ; nous l’avons déjà signalé.

Les questions de la présence réelle, de la transsubstantiation et de l’épiclèse ont été touchées dans plusieurs articles notamment Eucharistie, t. v, col. 1150 sq. ; Épiclèse, t. v, col. 204-215 et 240-254. L’ouvrage de Th.-J. Lamy intitulé Disserlalio de syrorum fide et disciplina in re eucharistica, Louvain, 1859, garde toute sa valeur. Il est nécessaire pourtant de compléter les articles précités et de préciser la théologie jacobite et la foi en la présence réelle, la transsubstantiation et d’étudier la pensée des écrivains de cette Église à propos de l’épiclèse.

1. La présence réelle.

Elle est nettement professée par Philoxène de Mabboug dans son Epistola ad monachos Senuentes, traduite par J. Assémani dans la Bibl. orient., t. ii, p. 39.

Vivum Dei vivi corpus confitemur nos accipere, non autem nudum et simples hominis mortalis corpus ; similiter et vivum vivi sanguinem in omnibus sacris haustibus accipimus, non nudum hominis nostri similis sanguinem, ut hseretici opinantur. Non enim panem sanctiheatum corpus suum appellavit, neque vinum solummodo benedictione cumulatum nuncupavit sacrum sanguinem suum, sed dixit unumquodque eorum verum suum corpus et sanguinem osse sicut scriptum est : « Accepit Jésus panem et

benedixit et f régit deditque discipulis suis, dicens cci pite et manducate. Hoc est corpus meum, quod pro vobis frangetur in remissionem peccatorum. Similiter accipiens calicem, gratias super eo egit et dixit : Accipite et bibileex eo omnes : Hic est sanguis meus, qui pro vobis elîundetur in remissionem peccatorum. » Ubi panem corpus et vinum sanguinem appellavit, non quidem hominis alterius, sed suum. Voir aussi un autre texte dans le De inhumanatione Unigenili, éd. Vaschalde.dans Corpus etc., Script, syri, sér. II, t. xxvii, p. 93 sq.

Jacques de Sarroug, dans un sermon De passione Domini, est encore plus explicite :

Corpus suum manibus divisit suis Dominus in mensa. Ecquis autem hoc esse corpus ejus negare ausit ? Ipse Christus dixit : hoc est corpus meum. Quisnam hoc verum