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SYRIENNE (ÉGLISE). DROIT CANONIQUE

voyaient, à l’occasion de leur élévation, aux patriarches coptes d’Alexandrie, Ces lettres constituent une vraie profession de leur foi monophysite. J.-B. Chabot en a réuni un certain nombre et les a traduites en latin dans Corpus etc. Script, syri, série II. t. xxxvii, Documenta, Louvain, 1933. F. Nau a publié, dans Rev. Or. chret., t. xvii, 1912, p. 145-108, le texte syriaque et la traduction française d’une lettre du patriarche jacobite Jean X, appelé Bar Schouchan (1064, † 1073). C’est un long exposé de la foi de l’Église syriaque jacobite et de certaines pratiques qui lui sont propres. Assémani dans sa Bibl. orient., t. ii, p. 276-277. a donné en grande partie le texte et la traduction de la profession de foi de Barhebræus. Voir une autre profession de foi jacobite dans P. G., t. cxxxiii, col. 279-286. Avec ces lettres on s’éloigne des formules stéréotypées et rigoureuses. Jamais il ne sera admis, après le concile de Constantinople que l’on puisse insérer aucune nouvelle formule au symbole. Au contraire dans les professions libres toute latitude est laissée.

IV. Le droit canonique. — 1° Chez les jacobites. — Avant la séparation de l’Église jacobite, le patriarcat d’Antioche avait sa législation propre basée sur les trois premiers conciles œcuméniques, les anciens conciles particuliers, les canons des apôtres, les écrits des Pères et la coutume.

Parmi les écrits pseudo-apostoliques d’origine syrienne, citons la Didachè, la Didascalie des douze apôtres, la Didascalie de l’apôtre Addaï, les canons pseudo-apostoliques sur les empêchements de mariage, l’Octateuque de Clément ; cf. F. Nau, La version syriaque de l’Octateuque de Clément, trad. française, Paris, 1913, parue d’abord dans le Canoniste contemporain, juillet 1907-mars 1913 ; La Didascalie des douze apôtres, Paris, 1912, 2e éd.

Les jacobites, bien que condamnant le concile de Chalcédoine, ont reçu dans leur législation canonique les 27 premiers canons édictés par ce concile. Nous devons y ajouter les canons pénitentiels envoyés par les évêques d’Italie aux évêques d’Orient et d’autres promulgués par les évêques assemblés à Antioche. Cf. F. Nau, Concile d’Antioche, lettres d’Italie, canons des « Saints Pères » de Philoxène, de Théodose, d’Anthime, d’Athanase, etc., Paris, 1909, trad. française. H. Denzinger donne encore plusieurs listes de canons pénitentiels (une est attribuée à Jacques Bar Salibi), Ritus orientalium, t. i, p. 475-500.

Les écrits de certains Pères de l’Église syrienne qui ont précédé le schisme ont eu une influence sur le droit canonique syrien ; il faut citer : Aphraate, voir ici, t. i, col. 1457-1463, saint Éphrem († 373), t. v, col. 188-193, et surtout Rabboula († 435), t. xiii, col. 1626. De l’époque jacobite, il faut mentionner Philoxène de Mabboug († 523), voir t. xii, col. 1509 ; Jean Bar Cursus, évêque de Tella de Mauzalat (Constantine), ou plus simplement Jean de Tella († 538) qui composa deux petits ouvrages Avertissements et préceptes, sous forme de canons adressés aux clercs et des questions relatives à divers sujets, adressées par le prêtre Sergius à Jean de Telka (cf. J. Assémani, Bibl. orient., t. ii, p. 54 ; Lamy, Dissertatio de Syrorum fide et disciplina in re eucharistica, Louvain, 1859, p. 62-79, a publié le second ouvrage ; Kuberezyk a édité les Canones Joannis Bar-Cursus, Leipzig, 1901) ; Cyriaque, évêque d’Amid († 623) : Georges, évêque des Arabes († 724), cf. V. Ryssel, Georgs des Araberbischofs Gedichte und Briefe, Leipzig, 1891. p. 115, 233 sq. ; Simon, métropolite de Rivardeschir, cf. Assémani, op. cit., t. iii a, p. 279. — Jacques d’Édesse († 708) fit d’inutiles efforts pour remettre en vigueur les anciens canons ecclésiastiques. Parmi ses canons, quelques-uns sont rédigés sous forme de réponses au prêtre Addaï ; ils ont été utilisés par Barhebræus dans son Nomocanon. Jacques est encore l’auteur d’un traité sur les degrés de parenté qui constituent un empêchement au mariage (cf. P. Lagarde, Reliquiæ juris ecclesiastici antiquissimæ, en syriaque, Leipzig, 1856, p. 117-131 : Lamy, op. cit., p. 98-171, et C. Kayser, Die Kanones Jacobs von Edessa übersetzt und erlaütert, Leipzig, 1886, voir l’art. Jacques d’Édesse, t. viii, col. 286-291, et Rubens-Duval, Littérature syriaque, p. 170 et 374 sq.).

Citons encore les patriarches d’Antioche : Cyriaque († 817), Jean III († 873), et Théodose († 895), cf. F. Nau, Les canons et les résolutions canoniques de Rabboula, Jean de Tella, Cyriaque d’Amid, Jacques d’Édesse, Georges des Arabes, Cyriaque d’Antioche, Jean III et Théodose et les canons des Perses, trad. française, Paris, 1906, parus dans le Canoniste contemporain, juillet 1903-janvier 1906. Au cours de l’art., quand nous citons simplement Nau, c’est à cet ouvrage que nous renvoyons.

Les écrits canoniques de Jean X ou Jésu Bar Schouchan († 1072) sont encore manuscrits, cf. Rubens-Duval, op. cit., p. 171 sq. Il est l’auteur de vingt-quatre canons qu’il écrivit pour le clergé ; cf. Baumstark, Gesch. der syr. Literatur, p. 292. On trouvera dans cet ouvrage de plus amples renseignements sur les écrits canoniques qui n’ont pas été publiés.

Au ixe siècle, on a traduit en syriaque certains conciles, des pénitentiels de l’Église byzantine et des lettres canoniques de quelques Pères grecs ; cf. Baumstark, op. cit., p. 262-263. Bar Salibi († 1171) a compilé lui aussi une collection comprenant des canons tirés des synodes, des canons pénitentiels et des extraits canoniques des Pères grecs. Cf. op. cit., p. 297 et ici, t. viii, col. 284.

Un grand historien, le patriarche jacobite Michel le Syrien, dit le Grand († 1199), contribua aussi à la formation du droit canonique de son Église, cf. ici t. x, col. 1711-1719. Les canons qu’il édicta de sa propre autorité ou en assemblée synodale ont passé dans le Nomocanon de Barhebræus. Il revisa le rituel et le pontifical jacobite.

Une partie considérable de ces canonistes est encore inédite ; mais elle a été utilisée par Grégoire Aboul Farage, appelé Barhebræus († 1286), qui écrivit Le livre des directions ou Nomocanon. Les chefs hiérarchiques étant les juges ordinaires de leurs ressortissants, tant au civil qu’au religieux, l’auteur a inséré dans son ouvrage la loi religieuse et la loi civile. Il utilisa les trois premiers conciles œcuméniques, les anciens conciles particuliers, les synodes de son Église, les canonistes qui l’ont devancé, les coutumes locales et la loi civile et musulmane faisant appel surtout à Al-Gazali ; cf. A. Nallino, Il diritto musulmano nel nomocanone siriaco cristiano di Barhebreo, dans Rivista degli studi orientali, t. ix, 1921, p. 512-580, et Ancora, il libro siro-romano di dirittoe Barhebreo, ibid., t. x, 1923, p. 78-86. Il s’efforça de donner une compilation canonique systématique et cohérente. Pour ce faire, il n’hésita pas à abréger certains canons, à en fondre d’autres pour résoudre les discordances et donner un essai de conciliation d’antinomies juridiques ; il y ajouta des éclaircissements personnels. L’autorité de cet ouvrage devint si grande qu’il laissa dans l’oubli les anciens canonistes et il est considéré jusqu’à présent par l’Église syriaque jacobite comme la somme de ses lois, son « Corpus juris », cf. C. de Clercq, art. Bar Hebræus (Nomocanon de) dans le Dictionn. de droit canonique, t. ii, Paris, 1035, col. 204. Outre cet ouvrage, Barhebræus en a écrit deux autres qui peuvent intéresser le droit canonique : l’Ethicon seu moralia et le Liber culumbæ seu directorium