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SYNÉSÏUS


mer à la cour, et finalement l’exclure de la communion des fidèles. Les ariens troublèrent la foi des simples par leurs prédications : l'évêque les réduisit au silence. Surtout les Macètes et les Ausuriens recommençaient leurs incursions sanglantes dans la Pentapole, pillant et massacrant sur leur passage ; ils arrivèrent même jusque devant les murs de Ptolémaïs. Partout, Synésius donna le plus bel exemple du courage : « Si je me trouve dans la ville au temps de l’assaut, déclare-t-il, je courrai droit à l'église et n’en partirai point ; je ne l’abandonnerai pas ; je prendrai pour protection la piscine sacrée ; j’embrasserai les saintes colonnes qui soutiennent la table inviolable de l’autel ; c’est là que je me tiendrai tant que je vivrai ; c’est là que je veux reposer après ma mort. Je suis le ministre et le sacrificateur de Dieu : il faut peut-être que je lui offre ma vie en sacrifice. Il sera sans doute touché de voir l’autel où l’on ne lui offre pas de victime sanglante, souillé par le sang du prêtre. > Catasl., ii, 6.

L’orage passa cependant ; les Barbares furent impuissants à s’emparer de Ptolémaïs ; Synésius survécut à l’invasion. Ce ne fut pas pour longtemps à ce qu’il semble, car on ne trouve dans ses lettres aucune trace des événements postérieurs à 413. Il dut mourir cette année-là ou la suivante.

IL Écrits. — Synésius a beaucoup écrit. Dès avant son épiscopat, il avait multiplié les ouvrages sur toutes sortes de sujets, souvent futiles, il ne cessa jamais d'écrire des lettres et des hymnes ; devenu évêque, il composa des discours d’une inégale importance.

1° Des premiers écrits de Synésius, nous n’avons conservé que le souvenir : quelques poèmes, un ouvrage assez important sur la chasse voilà, semble-t-il, quel fut son premier bagage littéraire ; cf. Epist., cliv et ci.

2° Au cours de sa légation à Constantinople, vers 400, Synésius prononça, devant l’empereur Arcadius et sa suite, un discours sur la royauté, IIspl fia.aiksi’xç, édité peu de temps après, P. G., t. lxvi, col. 10531108. L’orateur y expose les devoirs d’un prince qui doit s’efforcer de ressembler à Dieu dans l’accomplissement de sa tâche.

3° De la même époque date un écrit intitulé Les Égyptiens ou sur la Providence, AlyÛTraoi yj Tcepi Ttpovotaç. P. G., t. lxvi, col. 1209-1282. Sous le voile du mythe égyptien qui oppose les deux frères, Osiris et Typhon, Synésius décrit dans ce livre les luîtes qui opposent, vers 400, le consul d’alors, Aurelianus, et un autre personnage d’importance, dans lequel O. Seeck a cru pouvoir reconnaître le frère aîné d Aurelianus, Flavius Césairc, le consul de 397.

4° C’est encore au cours de sa légation que Synétius a écrit l’ouvrage Sur le don, Tlzpi toù Swpou, P. G., t. lxvi, col. 1577-1588, où il est question d’un instrument d’astronomie qui devait être offert à un personnage influent, Pionius.

5° La let l re cliv d’I [ypatie ment ionne deux œuvres de caractère assez différent : la première est intitulée Dion ou sur sa manière de vivre, Atcov ꝟ. 7rspi -rîjç xax' aÙTÔ-v StaycoY^ç, PG., t. lxvi, col. 1111-1164. C’est une apologie centre des critiques jalouses qui atteignaient Ls publications antérieures de Synésius, en particulier le traité sur la chasse et les poésies : on se demandait comment un vrai philosophe pouvait être en même temps un littérateur. Synésius répond que le philosophe ne doit pas se tenir constamment perdu dans les hauteurs de la spéculation, mais qu’il doit aussi cultiver la beauté, telle que peinent la révéler la rhétorique et la poésie.

6° La seconde est consacrée aux Songes, Ilepl èvuTtvuov, P. G., t. lxvi, col. 1281-1320. Ce livre a été composé en une seule nuit, en 403 ou 404. Il se propose d’expliquer l’origine et la signification des songes.

7° Un dernier traité, Éloge de la calvitie, (PxXobtpaç è"fxwu.iov, P. G., t. lxvi, col. 1167-1206, a été rédigé en 404 ou 405 : c’est une réponse à l’ouvrage de Dion Chrysostome, Éloge de la chevelure. Synésius s’amuse à développer les arguments que l’on peut faire valoir en faveur de la calvitie. Il ne faut pas chercher dans son livre une intention profonde ; c’est plutôt un amusement, une manière de jeu. Un contemporain, peutêtre même un compatriote de Synésius y a répliqué par un nouvel éloge de la chevelure.

8° Les lettres de Synésius datent de la période antérieure à son épiscopat aussi bien que de son épiscopat lui-même ; elles jettent sur la vie de leur auteur une vive lumière. L'édition de P. G., t. lxvi, col. 13211560 compte 156 de ces lettres ; celle de Hercher en donne 159, mais la dernière lettre de Aligne, les trois dernières de Hercher sont inauthentiques. Le grand nombre des manuscrits que nous possédons de la correspondance de Synésius — on en connaît plus de cent qui ont été copiés avant le xvie siècle — témoigne de la singulière faveur avec laquelle ces lettres ont été lues au Moyen-Age : on y a goûté d’abord la pureté du style, mais on a été sensible aussi à la variété des idées, à l'éclat des mots : Synésius est le dernier des grands épistolographes de l’antiquité.

Il serait intéressant et utile de savoir de quelle manière a été formé le recueil actuel de ces lettres, qui couvre la période comprise entre 399 et 413. Nous ne pouvons pas le dire avec précision ; car ni l’ordre chronologique., ni l’ordre des correspondants ne sont suivis. Il semble qu’on ait constitué, d’une manière indépendante, des recueils partiels et que la collection complète ait été formée par le simple rapprochement de ces recueils. C’est aux lecteurs qu’il appartient maintenant de retrouver l’ordre des faits et de remettre chaque pièce à la place qui lui convient le mieux.

En tout cas, les lettres de Synésius nous permettent de suivre les diverses étapes de sa marche vers la sainteté : à ce titre, elles sont particulièrement précieuses. Au début, nous voyons agir devant nous le grand seigneur, ami du repos, qui partage son existence entre la lecture, la chasse, le jardinage et la méditation ; toujours prêt d’ailleurs à rendre service à ses concitoyens, mais jaloux de sa tranquillité. Peu à peu, Synésius prend du christianisme une conscience plus claire ; il se rend compte des insuffisances de la philosophie hellénique pour résoudre les grands problèmes de L’existence. Enfin, lorsqu’il est devenu évêque, il se donne tout entier à sa nouvelle mission ; ce qui est plus remarquable, il n’en accomplit)>as seulement avec zèle les obligations extérieures, mais il en pénétre l’esprit ; il se met à la poursuite de la sainteté ; il développe sa vie intérieure ; il favorise les ascètes ; et luimême, purifié par de douloureuses épreuves, se remet tout entier entre les mains de Dieu. Il n’abandonne pas pour autant la philosophie qui a été le guide de sa jeunesse, 2t l’on risque de s'étonner parfois en trouvant ici ou là sous sa plume des réminiscences profanes auxquelles on ne s’attendait pas. Mais il n’y a là qu’un signe de richesse spirituelle, encore insuffisamment assimilée peut-être. Synésius éveille en nous une sympathie profonde par tout ce qu’il a d’humanité.

9° Les hymnes, P. G., t. xlvi, col. 1581-1616, sont à la fois des témoignages d’une âme profondément religieuse et des œuvres d’art soigneusement ciselées. Ces hymnes suivent les lois de la prosodie antique et sont écrites en trimètres spondaïques, en anacréontiques, en vers anapestiques, etc. Le dialecte dorien, dans lequel elles sont rédigées est également le l’ait d’un savant observateur des traditions.

1)^-s neuf hymnes qui nous restent — la dixième est apocryphe et doit être l'œuvre d’un copiste postérieur — les quatre premières sont presque entièrement