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SYMBOLES — SYMÉON DE JÉRUSALEM


moins tacite du magistère ordinaire, les considère comme reflétant renseignement de l'Église ; ils ont acquis par là une valeur dogmatique incontestable.

5. Le serment antimoderniste et le formulaire antijanséniste doivent être interprétés d’une façon plus nuancée. Par lui-même, le serinent implique, en celui qui le prête, la ferme volonté de tenir ou d’observer les décisions doctrinales ou disciplinaires de l'Église. La discrimination à établir entre les objets de ces décisions et quant à la nature de l’adhésion qu’elles requièrent est une œuvre qui relève de la théologie. Dans la formule anti janséniste, par exemple, la soumission requise comporte deux choses, rejet comme hérétiques, des cinq propositions condamnées comme telles, adhésion à la constitution apostolique les condamnant dans le sens présenté par l’auteur et telles qu’elles se trouvent dans YAugustinus. Dans le serment antimoderniste, les formules elles-mêmes marquent les discriminations à faire. La première partie implique une adhésion à toutes les vérités et à chacune des vérités que l'Église, par son magistère infaillible, a définies, affirmées et déclarées. Dans ces définitions, affirmations et déclarations, tout n’est pas présenté sur un plan unique : le détail même des adhésions requises l’indique explicitement. Cerlissime teneo n’est pas l'équivalent de firma fuie credo ou hierelicum commentum rejicio. De plus, la remarque de Melchior Cano rappelée ci-dessus, s’applique à plusieurs formules : Deum certo cognosci… profttcor présente une autorité dogmatique incontestable, parce que ce texte n’est que l'écho du concile du Vatican ; l’explication qui y est adjointe : certo cognosci, « id est demortslrari » est une addition qui déborde le cadre proprement dogmatique et relève en conséquence de la certitude théologique. Quant à la seconde partie du serment, chaque assertion doit en être analysée avec soin, si l’on veut en fixer l’autorité doctrinale exacte. Les affirmations générales demeurent dans le simple domaine de la soumission, sans préciser la nature de cette soumission : Aie subjicio, toto animo adhæreo, reprobo, damno ac rejicio, etc. Encore une fois, c’est au théologien qu’il appartient, en étudiant les autres documents doctrinaux auxquels il convient de se référer sur tous ces points, de préciser la valeur doctrinale de chaque assertion prise en particulier. C’est quelque chose d’analogue à ce qu’on peut affirmer touchant la valeur doctrinale du Sijllabus de Pie IX. Voir Syllabus, col. 2916 sq.

A. Michel.

    1. SYMÉON##


1. SYMÉON, D’EUCHAITES, métropolite de cette ville de l’Hélénopont, n’est connu que par le lemme des quelques opuscules qui lui sont attribués :

1° Deux lettres spirituelles inédites, adressées à un certain Jean, moine et reclus, stylite, d’après le cod. Athen., Bibl. nal. gr. 293 du xiv c siècle, fol. 98 v° (cf. H. Delehaye, Les saints slylites, Bruxelles, 1923, p. cxxxiv). Les incipit en sont respectivement : 'E8ei ; <xii.7)v aou, TO&xep uveu^ocuxé, ty]v OsocpiX ?) Taor/jv Ypaçvjv, et Tpîoc ! ^£p'/) ^éyouoiv oi jjracTÉpsç ëyeiv tyjv Xoyt.xr)v ^w/Ji v TM^wv ; 'es desinit : xai. èvicyùaei. sic xô 0îXy][i.a aÙToù, àfj.ï)v, et àvaêoâv Tcpôç tÔv 0e6v Sià ty]v paaiXetav ocÙtoû xai zb ëXeoç. Elles sont abondamment représentées dans les manuscrits ; les monastères de l’Athos, par exemple, fourniraient à eux seuls, au moins une quinzaine d’exemplaires de l’une ou de l’autre. Aucune copie ne remonte au delà du xiiie xiv siècle. Le Ytrflic. gr. 67 (xiv c siècle), fol. 102 v°, porte la première lettre au nom de Michel, métropolite d’Euchaïtes, voir I- ;. Martini, Calatogo dei manoscritli greci esistenli nelle bibliot. d’Italia, Milan, 1902, t. ii, p. 100. On connaît, en effet, par ailleurs, pour cette métropole, un titulaire de ce nom, sous Romain III Argyros (1028-1034), cf. Le Quien, Oriens

christianus, t. i, Paris, 1740, col. 545 Cependant cette suscription semble, sous réserve d’un inventaire plus complet, tout à fait exceptionnelle. Au futur éditeur d’y regarder de plus près.

2° Un écrit : « qu’il est très utile de fuir les hommes et de marcher dans la voie royale, contre un Juif. » On le rencontre dans le cod. gr. 169 (ann. 1605) de la bibliothèque patriarcale du Caire, fol. 92 v°-96 r°. Incipit : Nuvl Se er : s(.8r] où 0éXo[i.ev oûts ol èv ÙTCOTay ?) ouxe oièv àp"/r, .. ; desinit : to0 Swp^aapiévou aÙTàç toîç 7Tpoai.pou[xsvoi( ;. G. Charitachis, KxTâXoyoç rtov ^povoXoyy)|i.svcov xcoStxwv -rrjç Trarpixpx. PtêXtoO. Ka’tpou, dans 'ETcsTïjplç'Eraip. PuÇxviiv. ctcouScjv, t. iv, 1927, p. 160. Nous ignorons si ce morceau se retrouve avec la même attribution ailleurs.

Chronologiquement Syméon, en supposant que son titre de métropolite n’est pas une adaptation tardive à un état de choses plus récent, est postérieur à Photius. C’est, en effet, à ce dernier que revient l'érection, en métropole sans suffragant, du siège d’Euchaïtes ; voir V. Grumel, Les regestes des Actes du patriarcal de Constantinople, t. i, fasc. 2, 1936, p. 119, n. 527. D’autre part, l'âge des manuscrits les plus anciens ne permet pas de le placer en deçà du xine -xive siècle.

On trouvera les données les plus utiles dans les catalogues de manuscrits, notamment ceux de l’Athos, S. Lambros, Catalogue of the greek manuscr. on Mount Athos, Cambridge, 1895 ; de Jérusalem, A. Papadopoulos-Kérameus, 'IcpoToX’JHiriyr, (3têXto6ïjxYi, Saint-Pétersbourg, 1891-1915, etc. Ajouter L. Allatius, De Symeonum scripiis diatriba, Paris, 1664, p. 159 et Le Quien, Oriens clirislianus, t. i, Paris, 1740, col. 545.

J. GoriLLARD.

2. SYMÉON II DE JÉRUSALEM (fl099). — Ce patriarche occupait la ville sainte au moment de la première croisade. En apprenant l’arrivée des croisés devant Antioche, il se retira à Chypre pour se soustraire aux menaces des Turcs. De là, il entretenait de bons rapports avec les chefs de l’expédition et leur envoyait des présents consistant en des produits de l'île. D’accord avec eux, il écrivit deux lettres aux Latins d’Occident pour les informer des succès de la guerre sainte et hâter l’envoi des renforts, l’une, vers la fin de 1097, l’autre, le 15 janvier 1098. Une autre lettre, de 1094, est inauthentique. Syméon mourut durant le siège de Jérusalem, en juin ou juillet 1099. Sous le nom de Syméon de Jérusalem nous est parvenu un petit traité sur les azymes. Le P. Leib, qui l’a édité, lui en a dénié la paternité, parce que cet écrit est une réfutation d’un opuscule sur le même sujet, composé par Bruno de Segni entre 1107 et 1111. Le P. Jugie a relevé que plusieurs répliques de l’auteur grec n’ont pas leur correspondant dans l’opuscule latin, mais laisse sans explication le fait que l’ordre suivi est le même de part et d’autre. Le problème est maintenant résolu par la publication récente par A. Michel d’une lettre d’un certain Laycus, utilisée et pour ainsi dire plagiée par Bruno, et qui est manifestement celle que réfute le traité grec. Ce nouveau texte en effet y est serré de bien plus près et il contient les passages dont le P. Jugie relevait l’absence dans Bruno de Segni. Il n’y a donc plus de raison chronologique qui empêche l’attribution à Syméon du traité sur les azymes parvenu sous son nom et, comme le ton en est relativement irénique, il n’y a pas lieu de récuser le témoignage de la tradition manuscrite.

Le début du patriarcat de Syméon ne peut être établi avec certitude. Les dates données jusqu'à présent l’ont été en fonction d’un concile tenu aux Blachernes où Syméon était présent. Ce concile est celui qui jugea une lettre de Léon de Chalcédoine sur le culte des images. Mgr Chrysostome Papadopoulos et le P. Jugie le placent en 1084, Chalandon en 1086.