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SYLLABUS ET ENCYCLIQUE QUANTA CURA


sons qui ont provoqué la condamnation des proposi tions 21, 25, 34. 36 et 42. Sur cette question, cf. conclu sions et bibliographie à l"art. Pouvoir du pape dans l’ordre temporei. t. xii, col. 2768-2772.

76. Abrogatio civilis im- 76. L’abrogation du pouperii, quo apostolica Sedes voir temporel dont jouit le potitur, ad EcclesialiberSaint-Siège procurerait au tatem felicitatemque vel plus haut point la liberté et maxime conduceret. le bonheur de l'Église.

Les révolutionnaires s'étaient emparés de Rome en 1849. Pour excuser leur conduite, ils affirmaient que la perte du pouvoir temporel, loin d'être un malheur pour l'Église, allait accroître au contraire la liberté et le prestige du pape. Dans l’allocution Quibus quantisque (cf. supra, proposition 64), Pie IX protesta ; non seulement il résuma les allégations de ses adversaires dans une phrase qui est devenue la proposition 76 du Syllabus, mais il montra longuement la fausseté de leurs arguments. Cf. Recueil…, p. 224 sq.

N. B. Preeter hos errores N, B. Outre ces erreurs explicite notatos, alii coinexplicitement notées, pluplures implicite reprobantur sieurs autres sont impliciteproposita et asserta docment condamnées par la trina, quam catholici omnes doctrine qui a été exposée et ftrmissime retinere debent, soutenue sur le pouvoir temde civili romani pontilîcis porel du pape et que tous les principatu. Ejusmodi doccatholiques doivent profestrina luculenter traditur in ser fermement, alloc. Quibus quantisque, Cette doctrine a été cla120 april. 1849 ; in alloc. Si rement exposée dans l’alloc. semper antea, 20 mai. 1850 ; Quibus quantisque, du 20 in litt. apost. Cum catholica avril 1849 ; dans l’alloc. Si Ecclesia, 26 mart. 1860 ; in semper antea, du 20 mai alloc. Sovos, 28 sept. 1860 ; 1850 ; dans la lettre apostol. in alloc. Jamdudum, 18 mart. Cum catholica Ecclesia, du 1861 ; in alloc. Maxima qui- 26 mars 1860 ; dans l’alloc. dem, 9 jun. 1862. Xovos, du 28 sept. 1860 ;

dans l’alloc. Jamdudum, du

18 mars 1861 ; dans l’alloc.

Maxima quidem, du 9 juin

1862.

Dans les documents pontificaux, cette importante question du pouvoir temporel n’est pas réduite aux deux condamnations précédentes. Pie IX rappelle qu’il a souvent été amené à exposer sur ce point la doctrine positive de l'Église et il indique les principales circonstances où il l’a fait. Il devait traiter le même sujet le 25 février 1865, quelques mois après la publication du Syllabus, dans sa réponse à une adresse qui lui était présentée par un groupe de pèlerins. Cf. J. Chantrel, Annales ecclésiastiques, p. 327.

§ 10. Errores qui ad libéra- % 10. Erreurs qui se rap lismum hodiernum referunportent au libéralisme mo tur. derne.

77..l-'.tate hac nostra non 77. A notre époque, il ne amplius expedit religionem convient plus que la religion catholicam haberi tanquam catholique soit regardée unicam Status religionem, comme l’unique religion de ceteris quibu>cumque cultil'État, à l’exclusion de tous bus exclusis. les autres cultes.

78. Hinc laudabiliter in 78. C’est donc justement quibusdam catholici nominis que, dans certains pays caregionibus lege cautum est, tholiques, la loi a pourvu à ut hominibus il lue immice que les immigrants puisgrantibus liceat pnblicum sent exercer publiquement proprii cujusque cultus exerleur culte, quel qu’il soit, citium habere.

79. Enimvero falsum est 79. Il est faux, en effet, civilem cujusque cultus lique la liberté civile do tous bertatem, Ltemque plenam les cultes et que le plein potestatem omnibus attripouvoir laissé à tous de mabutam quaslibet opiniones nifester publiquement et au COgitationesque palam pugrand jour leurs pensées et blieeque mantfèstandi conleurs opinions amènent plus ducere ad populorum mores facilement les peuples à la animosque facilius corrumcorruption des mœurs et des pendos, ac indifferentismi esprits et propagent la peste pestem propagandam. de l’indifférentisme.

Quoique provenant de sources différentes, ces trois propositions ne forment qu’un seul bloc.

Le document d’où est tirée la proposition 77 est l’allocution Nemo vestrum, du 26 juillet 1855. Cf. Recueil…, p. 350-351. C’est une protestation du pape contre le gouvernement espagnol, abrogeant de sa propre autorité certains articles du concordat. « Nous y avions surtout établi, dit le pape, que cette religion (catholique) continuerait à être la seule religion de la nation espagnole, à l’exclusion de tout autre culte. » La proposition du Syllabus dégage en quelque sorte de cette plainte douloureuse du souverain pontife le principe même du libéralisme moderne et, pour le condamner, l'énonce cette fois, de façon très précise.

La politique religieuse de la Nouvelle-Grenade causait aussi à Pie IX bien des soucis. Dans l’allocution Acerbissimum (cf. proposition 31), il proteste contre un projet de loi « garantissant aux hommes de toutes les nations qui émigrent en ce pays l’exercice public de leur culte, quel que fût celui-ci ». Implicitement atteinte seulement par l’allocution pontificale, cette doctrine libérale est condamnée dans la proposition 78 en termes explicites.

Quant à la proposition 79, elle est extraite, de la même façon que la précédente, de l’allocution Nunquam fore, signalant les attentats commis au Mexique contre les catholiques. Cf. pour le contexte, proposition 26. Elle reprend, pour l’appliquer à l’exercice du culte, les principes de rindifïérentisme déjà condamnés dans les propositions 15 à 18. Puisque l’homme n’a pas le droit d’adhérer intérieurement à une religion fausse, il n’a pas le droit non plus de pratiquer publiquement cette religion. Sur les raisons qui peuvent excuser la tolérance et sur l’application même de cette tolérance, cf. Liberté, t. ix, col. 700-703, et les écrits des évêques après la publication du Syllabus. Cf. ci-dessus, col. 2884.

80. Romanus pontifex po- 80. Le pontife romain

test ac débet cum progressu, peut et doit se réconcilier et

cum liberalismo et cum retransiger avec le progrès, le

centi civilitate sese reconcilibéralisme et la civilisation

liare et componere. moderne.

La dernière proposition est tirée de l’allocution Jamdudum cernimus. Cf. pour les circonstances, supra, proposition 61, pour le texte, Recueil…, p. 434437. Après avoir décrit les systèmes vantés par ses adversaires comme le dernier mot du progrès et de la civilisation, le pape déclare : « Si, sous le nom de civilisation, il faut entendre ce qui a été inventé… pour affaiblir et peut-être pour renverser l'Église, jamais le Saint-Siège et le pontife romain ne pourront s’allier avec une pareille civilisation. » Par contre, Pie IX fait justement remarquer que l'Église a toujours admis et favorisé le vrai progrès. Cf. aussi proposition 40.

II. l’encyclique quanta cura. — En voir le texte dans Denz.-Bannw., n. 1688 sq., la traduction dans Raulx, Encyclique et documents, p. 1-23. Les divisions ci-dessous ne sont pas dans le texte ; elles ont été introduites pour la clarté de l’exposé.

Introduction.

Pie IX rappelle la vigilance avec

laquelle les papes, ses prédécesseurs, ont gardé et défendu les vérités de la foi. Ils ont déployé en toutes circonstances un zèle ardent et un courage apostolique pour arracher à l’enfer les âmes des fidèles du Christ. Au cours de son pontificat, Pie IX a élevé la voix à plusieurs reprises et il a condamné les principales erreurs de son temps. Mais voici qu’il lui faut parler à nouveau, car le bien de la société humaine l’exige. Le troupeau confié à ses soins est en péril ; c’est un cri d’alarme que le père fait entendre à ses enfants. Il est « navré de tristesse à l’aspect de l’horrible tempête » et surtout soulevé d’indignation devant « l’insigne audace », les principes impies », « le