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SYLLABUS. PROPOSITIONS 9-18


Tout en reconnaissant que « la religion est le don le plus excellent que Dieu ait fait à l’homme, certains hommes, trop confiants en leurs propres forces, « poussent l’arrogance jusqu'à chercher la raison dernière des mystères que Dieu a daigne nous révéler ». C’est en ces termes que Pie IX s’exprime le 9 décembre 1854, dans l’allocution Singulari quadam, prononcée devant les évoques venus a Rome à l’occasion de la définition du dogme de l’immaculée conception. La proposition 8 est extraite de cette allocution. Cf. Recueil…, p. 336. Elle pose le principe fondamental de ce que l’on a appelé le rationalisme modéré ; les propositions suivantes feront de ce principe diverses applications.

9. Omnia indiscriminatim dogmata religionis christ ianse sunt objectum naturalis scientia : seu philosophie ; et humana ratio historiée tantum exculta potest ex suis naturalibus viribus et principiis ad veram de omnibus etiam reconditioribus dogmatibus scientiam pervenire, modo hsec dogmata ipsi rationi tanquam objectum proposita fuerint.

10. Quum aliud sit philo-' sophus, aliud philosophia, ille jus et offieium habet se submittendi auctoritati,

9. Tous los dogmes de la religion chrétienne sans distinction sont objet de science naturelle ou de philosophie ; la raison humaine, munie de la simple culture historique, peut, par ses seules forces naturelles et d’après ses principes, parvenir à une véritable connaissance de tous les dogmes, même les plus cachés, pourvu que ces dogmes aient été proposés à la raison elle-même comme objet.

10. Comme autre est le philosophe, autre la philosophie, celui-là a le droit et le devoir de se soumettre à

quam veram ipse probavel’autorité qu’il aura reconrit ; at philosophia neque nue comme juste ; mais la potest neque débet ulli sese philosophie ne peut ni ne

doit se soumettre à aucune autorité.

11. Non seulement l'Église ne doit jamais sévir contre la philosophie, mais elle doit tolérer les erreurs de la phi submittere auctoritati.

11. Ecclesia non solum non débet in philosophiam unquam animadvertere, verum etiam débet ipsius philosophiæ tolerare errores, eique losophie et lui laisser le soin relinquere ut ipsa se corride se corriger elle-même, gat.

On peut grouper ces propositions. Elles sont tirées toutes les trois de la lettre Gravissimas de Pie IX à l’archevêque de Munich-Frisingue, le Il décembre 1862. Cf. pour le contexte, Recueil…, p. 466 sq. Le pape y réprouve la doctrine et les écrits de l’abbé Jacques Frohschammer. Cf. A. Vacant, op. cit., 1. 1, p. 134. La proposition 9 redit la prétention qu’a la philosophie de parvenir à l’intelligence de tous les dogmes chrétiens ; les propositions 10 et Il affirment sa volonté de n'être jamais soumise à l’autorité de l'Église. Dans le document qui condamne ces erreurs, Pie IX rappelle « qu’il ne sera jamais permis à la philosophie pas plus qu’au philosophe d’enseigner quoi que ce soit de contraire à la révélation divine ».

12. Apostolicæ Sedis romanarumque Congregationum décréta liberum scientiæ progressum impediunt.

13. Methodus et principia, quibus antiqui doctores scholastici theologiam excoluerunt, temporum nostrorum nécessitât ibus scienliarumque progressui minime congru ont.

1 1. Philosophia tractanda est nullaj supernaturalis revelationis habita ratione.

-V. B. Cum rationalisini systemate cohærent, quoad maximam partem, errores Antonii Gùnther, qui damnantui in ep. ad card. aichi 12. Les décrets du Siège apostolique et des Congrégations romaines empêchent le libre progrès de la science.

13. La méthode et les principes d’après lesquels les anciens docteurs scolastiques ont cultivé la théologie ne sont plus en rapport avec les nécessités de notre temps et le progrès des sciences.

1 1. On doit s’occuper de philosophie sans tenir compte de la révélation surnaturelle.

N. 13. Au système du rationalisme se rapportenl

pour la majeure partie les erreurs d’Antoine Gùnther, qui sont condamnées dans la

episc. Coloniensem, Exilottre au cardinal-archovêmium tiidin, 15 jun. 1857, et que de Cologne, Eximiam in ep. ad episc. YVratislatuarn, du 15 juin 1857, et viensem, Dolore haud medans la lettre à l'évêque de diocri, 30 april. 1860. Brestau, Dolore huiid me diocri, du 30 avril 1860.

Apprenant qu’en septembre 1863 un congrès s'était tenu à Munich, où quelques savants catholiques, en dehors de l’autorité ecclésiastique, avaient agité des questions de théologie et de philosophie, Pie IX écrivit à l’archevêque de Munich-Frisingue la lettre Tuas Iibenter, e2l décembre 1863. Denz.-I3annw., n. 1679sq. Les propositions 12, 13 et 14 sont extraites de ce document. Cf. Recueil…, p. 496 sq. Elles reprennent sous une autre forme les erreurs qui ont été exprimées dans les propositions 5, 10 et 11, et rappellent la soumission respectueuse due aux décisions des Congrégations romaines. Sur l’autorité doctrinale des Congrégations, cf. Congrégations romaines, bibliographie, t. iii, col. 1119, et L. Choupin, op. cit., p. 43-105.

§ 3. Indifférentisme. Latitudinarisme.

15. Il est loisible à chaque homme d’embrasser et de professer la religion qu’il aura réputée vraie, d’après les lumières de sa raison.

16. Les hommes peuvent trouver le chemin du salut éternel et obtenir le salut éternel dans la pratique de n’importe quelle religion.

17. Du moins doit-on avoir confiance dans le salut éternel de tous ceux qui ne sont

§ 3. Indifferentismus. Latitudinarismus.

15. Liberum cuique homini est eam amplecti ac profiteri religionem, quam rationis lumine quis ductus veram putaverit.

16. Homines in cujusvis religionis cultu viam aeternse salutis reperire seternamque salutem assequi possunt.

17. Saltem bene sperandum est de aeterna illorum omnium salute, qui in vera

Christi Ecclesia nequaquam pas dans la véritable Église

versantur. du Christ.

18. Protestantismus non 18. Le protestantisme n’est est aliud quam diversa verse pas autre chose qu’une forme ejusdem christianæ religionis diverse de la même vraie reliforma, in qua aeque ac in Ecgion chrétienne, forme dans clesia catholica Deo placere laquelle il est donné de plaire datum est. à Dieu, aussi bien que dans

l'Église catholique.

La proposition 15 est extraite textuellement de la lettre Multipliées, du 10 juin 1851, condamnant un ouvrage en six volumes de G. Yigil, publié en espagnol sous le titre : Défense de l’autorité du gouvernement et des évêques, contre les prétentions de la cour romaine. La proposition 17 est tirée de l’allocution Singulari quadam, déjà citée plus haut (proposition 8) ; la 18e, de l’encyclique Nostis et nobiscum, du 8 décembre 1849. Cf. Recueil…, p. 286, 340, 242. La 16e contient une doctrine condamnée à diverses reprises, surtout dans les encycliques Qu ; pluribus et Singulari quidem ; cf. Recueil…, p. 205, 365.

Toutes sont des erreurs, parce qu’elles ne tiennent aucun compte de la révélation, de l’institution par le Christ de la religion catholique et de l’obligation faite à tout homme d’y adhérer. Elles consacrent cette maxime : toutes les religions sont bonnes et l’homme peut à son gré choisir celle qui lui plaît. Or, il n’y a, remarque Pie IX, qu’une seule véritable Église et l’on se flatte en vain de lui appartenir lorsqu’on a abandonné la chaire de Pierre sur laquelle elle est fondée. Cf. art. Église, t. iv, col. 2155 sq. ; Indifférence religieuse, t. vii, col. 790. Toutefois si quelqu’un, ignorant invinciblement le catholicisme, observe avec soin la loi naturelle, Dieu viendra infailliblement à son secours. Sur cette question du salut de ceux qui sont dans la bonne foi, cf. Ami du clergé, 1907, p. 313 sq, 1040 sq ; Revue pratique d’apologétique, 1905, p. 123 sq ; Hugon. Hors de l'Église point de salut, Paris, 1907 ; et ici Église, t. iv, col. 2166 sq ; Grâce, t. vi, col. 1598-1604 ; Infidèles (Salut des),