Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/668

Cette page n’a pas encore été corrigée
2837
2838
SURIN (JEAN-JOSEPH ;


tuelles du P. Jean-Joseph Surin, Toulouse, 1928, sous le titre d’Autobiographie : cf. F. Gavallera, L’autobiographie du P. Surin dans Rei>. d’ascét. et de myst., 1925, p. 143-159, 399-411.

2° Les Cantiques spirituels de l’amour divin pour l’instruction et la consolation des âmes dévoles, dont on ne retrouve plus que la seconde édition, Bordeaux, 1660, ont dû paraître déjà en 1657. Plusieurs fois réédités avec des additions empruntées à d’autres auteurs, ils célèbrent l’amour de Dieu sur des airs populaires avec une naïveté qui nous déconcerte aujourd’hui.

3° Le Catéchisme spirituel pour l’instruction des âmes dévotes, contenant les principaux moiens pour arriver à la perfection chrestienne, Rennes, 1657, passe à bon droit pour le chef-d’œuvre du P. Surin. Il a été composé de mémoire et dicté dans des circonstances que l’autobiographie nous fait connaître. Cf. Lettres spirituelles, édit. Michel-Cavallera, t. ii, p. 69 et 435436. Bien qu’une lettre de l’éditeur déclare que 1’ « autheur n’a nulle connaissance de son dessein », la correspondance échangée entre la Mère Jeanne des Anges et Mme du Houx donnerait à croire que le P. Surin n’ignorait pas absolument l’impression de ses papiers ; on ne nous dit pas, toutefois, qu’il l’approuvât. Cf. Lettres spirituelles, édit. Michel-Cavallera, t. ii, p. 432. La seconde édition (Paris, 1659) due à l’initiative du prince de Conti, fut faite par Vincent de Meur, ami du P. Surin, l’un des fondateurs des Missions étrangères. Les initiales I.D.S.F.P. (Jean de Sainte-Foy Prêtre) remplaçaient le nom de l’auteur. Approuvé par Bossuet et quatre fois réédité au xviie siècle, le Catéchisme spirituel fut mis à l’Index par décret du 20 juillet 1695. Jusqu’au début du xxe siècle, seule la traduction italienne était tenue pour condamnée. Le P. Th. -Bernard Fellon (T. B. F.) donna en 1730 une édition modernisée. En 1882, le P. Marcel Bouix restitua au texte sa teneur à peu près originale (Paris, librairie de l’œuvre Saint-Paul, 2 vol. in-18). Chacun des deux tomes est divisé en huit parties, sans qu’on puisse discerner entre elles quelque lien logique. On y trouve non seulement un ensemble très complet sur les problèmes de la vie spirituelle, mais aussi des conseils pratiques de pastorale concernant le ministère des missions.

4° Les Fondements de la vie spirituelle tirés du livre de l’Imitation de Jésus-Christ, édités par Vincent de Meur à l’instigation du prince de Conti, avaient reçu une première approbation le 15 avril 1665, sept jours avant la mort du P. Surin. L’ouvrage ne parut, cependant, qu’en 1667 portant, entre autres approbations, celle de Bossuet. Il renferme des extraits d’une œuvre rédigée en 4 volumes sous le titre : Dialogues spirituels. On y a groupé en cinq livres les chapitres qui commentaient quelque verset de l’Imitation de Jésus-Christ. L’essentiel de la doctrine spirituelle du P. Surin s’y trouve sans autre ordre que l’inspiration du moment ou que l’occasion offerte par les répliques de l’auteur aux adversaires de la mystique. Cf. l’édition des Fondements par le P. Cavallera, 1930, préface.

5° Les Dialogues spirituels, où la perfection chrestienne est expliquée pour toutes sortes de personnes, Nantes et ParK. 3 vol. 1704-1709, représentent les quatre volumes qu’avait préparés pour l’impression et retouchés le P. Champion, dès 1695, etd’où ont été tirés Les fondements de la vie spirituelle. Plusieurs fois réédités en 3 ou en 2 volumes, les Dialogues procèdent comme le Catéchisme par demandes et réponses. Chaque livre groupe des chapitres apparentés entre eux par les sujets traités.

6° La Guide spirituelle, dont un fragment avait paru en 1801, fut publiée en 1836, à Paris, chez Albanel. Trois parties sur sept (2e, 4e et 5e parties) reproduisent

les 7e et 8e parties du Catéchisme spirituel, plus un chapitre sur le mariage emprunté aux Dialogues. Les autres parties visent spécialement le P. Chéron, carme de Bordeaux, qui avait attaqué la mystique. Cf. F. Cavallera, La guide spirituelle du P. Surin, dans Rev. d’ascét. et de myst., 1933, p. 409-421 et P. Pourrat, La spiritualité chrétienne, t. iv, p. 105.

7° Les Questions importantes à la vie spirituelle sur l’amour de Dieu ont été publiées en 1813 par le sulpicien La Sausse, sous le titre : Le prédicateur de l’amour de Dieu, Paris, Duprat-Duvcrger, mais avec des corrections qui ont justifié aux yeux du P. Bouix le qualificatif donné à son édition plus fidèle de 1879 : Traité inédit de l’amour de Dieu. Les PP. Aloys Pottier et Louis Mariés en ont fait, en 1930, une édition critique conforme à un manuscrit datant du xviiie ou du début du xixe siècle. Ce manuscrit offre de « particulières garanties d’authenticité » et nous a conservé un texte spécialement intéressant où nous voyons la métaphysique du P. Surin se dégager autour du thème central de l’amour pur.

8° Lettres spirituelles. On trouvera dans l’édition critique de L. Michel et Ferdinand Cavallera (Toulouse, 1926-1928, 2 vol. parus) l’état détaillé des éditions et manuscrits qui nous ont conservé quelque 600 lettres du P. Surin. Il suffit de dire ici que le P. Champion en a donné une première édition en trois volumes datés de 1695, 1697, 1700. L’édition de 1709 supprime une lettre et fait des corrections sous l’influence de la réaction antiquiétiste : cette édition a été souvent reproduite en trois ou deux volumes. Enfin, des Lettres inédites du P. Surin revues par M. l’abbé Pouzot et M. Sarion ont paru en 1845 à Paris et Lyon. Quelques unes d’entre elles se trouvaient déjà dans les recueils antérieurs. De toutes ces lettres, une seule nous a été conservée autographe : la lettre 75 à Madeleine Boinet (édit. crit., t. i, p. 201-202). La collation des lettres publiées avec les manuscrits, qui sont assez nombreux et proviennent de sources différentes, révèle que bien des libertés ont été prises par les éditeurs. L’édition critique due au P. F. Cavallera travaillant sur les manuscrits recueillis principalement par le P. L. Michel rétablit un texte aussi fidèle que possible et d’une très grande richesse de doctrine.

III. Doctrine.

Ce que nous savons de l’état

mental du P. Surin met en question la sûreté de sa doctrine. Son Catéchisme spirituel a été condamné en 1695 : c’est donc que certaines de ses formules pourraient recevoir une interprétation dangereuse ; cf. S. Harent, dans Rev. d’ascét. et de myst., 1924, p. 345, n. 37. Plusieurs de ses contemporains l’accuseront d’avoir donné dans le quiétisme : témoin les propositions alléguées par le P. Champeils dans un mémoire sévère, auquel, du reste, on ne peut se fier sans précaution ; cf. F. Gavallera, dans l’édition des Lettres spirituelles, p. 298 sq. Aujourd’hui, personne ne conteste l’orthodoxie du P. Surin, si l’on prend sa doctrine dans son ensemble. L’approbation réitérée et catégorique qu’elle a reçue de Bossuet en est une garantie fort appréciable. Cf. Préface sur l’Instruction pastorale, dans Œuvres, édit. Lâchât, t. xix, p. 308-310. Beaucoup tiennent notre auteur pour un classique de premier rang.

Il avait une connaissance très approfondie de la littérature mystique du Moyen-Age et de son temps. Les indications bibliographiques qu’on relève dans ses ouvrages sont d’une précision et d’une abondance étonnantes chez un malade que l’étude fatigue. Sa doctrine n’est point fantaisiste ; il l’a puisée à des sources qu’il est aisé de reconnaître. C’est tout d’abord saint Ignace et la spiritualité dis premiers maîtres de la Compagnie de.Jésus. Les Questions… sur l’amour de Dieu nous donnent des Constitutions de l’ordre une interprétation théologique qui reflète sans doute fin-