Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/649

Cette page n’a pas encore été corrigée
2799
2800
SUPERSTITION. L - A ST H < > L I ! I E


des faits et gestes des hommes, des "estes spontanés comme des actes en notre pouvoir ». De principiis, I. I. préf., c. 5, P. G., t. xi, col. 118. Contre l’astrologie systématique, l’ouvrage le plus important de la théologie grecque est celui de Diodore de Tarse ( ; av. 394), Qepi cl|xapu, év7]ç, dont Photius nous a transmis un résumé dans sa Bibliotheca, cod. cem, P. G., t. ciii, eol. 829 sq. Mais nous avons conservé le traité de Grégoire de Nysse sur le même sujet, P. G., t. xi.v, col. 1 15 sq. On trouve beaucoup d’attaques contre les astrologues dans saint Méthode, Sympos., P. G., t. xviii, col. 1173, dans saint Basile, Hexæm., vi, 5, P. G., t. xxix, col. 128, etc…. dans saint Grégoire de Nazianze, P. G., t. xxxvii, col. 128, etc…, dans saint Jean Chrysostome, P. G., t. lvi, col. 450 ; t. lvii, col. 01, etc., dans Procope de Gaza, etc., généralement à propos de l’étoile de Bethléem et des mages chaldéens, ou de la naissance de Jacob et d’Ésaù, qui eurent des destins si divers. Mais, au fond, ces théologiens avertis ont surtout confiance dans le dogme de la liberté humaine, qui est bien défini dans la prédication ecclésiastique ». Origène, loc cit.

Les Pères grecs n’a Hachent pas, d’ailleurs, une grande attention aux usages puérils qu’on garde autour d’eux : jours fastes, mauvais présages, etc. C’est l’Antiochien Jean Chrysostome, qui, le premier en signale le ridicule à ses fidèljs. Homil. viii, in Coloss. ; homil. xii m 1 Cor., P. G., t. i.xii, col. 359, et t. lxi, col. 1(10. Cf. homil. xxxiii, Ad pop. in eos qui novilun. observant. Les mêmes Lires ne cherchent à sauver que les principes chrétiens de liberté et de responsabilité. Basile, In Hexæmeron, boni, t, c. xi ; boni, iii, c. m ; boni. vi. c. v. P. G., t. xxix, col. 27, 57, 127.

b) Les Pères lutins, mais pour d’autres raisons que les Grecs, ne semblent pas non plus avoir attache grande importance aux mêmes observances des jours malheureux : les masses populaires où elles se conservaient n’étaient pas converties ou l’étaient encore si mal qu’elles n’auraient pas prêté attention à leurs conseils. Voir pourtant saint Ambroise, EpisU, i, 23, P. L., t. xvi, col. 1071, et l’Ambrosiaster, Comm. in Gal., P. L., t. xvii, col. 359 ; Quæst. vet. et novi Testant. , q. i. xxxiv, t. xxxv, col. 2278. Lien plutôt les Pères s’attaquent aux superstitions cultivées, en particulier a la divination professionnelle, car les familles patriciennes avaient leurs astrologues à gages et des esclaves mut tir mat ici.

On trouve, chose curieuse, l’exposé et la réfutation des erreurs systématiques sous la plume d’un même auteur, à une dizaine d’années d’intervalle : c’est l-’irmicus Maternus, rhéteur sicilien du iv siècle. Il écrivit, en effet, vers 335, une Mathesis qui est le traité d’astrologie le plus ample que nous ait légué L’antiquité, et qui témoigne a la fois d’une certaine prudence, de soucis de moralité el d’une âme déjà chrétienne, par exemple dans les prières a I heu. l’uis, après sa conversion, il donna contre le paganisme un traité polémique : De errore profanarum religionum, où l’idolâtrie est prise a partie, mais aussi lotiics les pratiques superstitieuses. Il est même assez, gênant de voir l’ancien astrologue demander contre ses anciens complices

l’appui du bras séculier. Voir P. L., t.xii, col. 971 1050, ou mieux l’édit. de Xieglei. Tcubncr, 1907.

A la fin du même siècle. L’Ambrosiaster s’adresse aux

mêmes milieux cultives, mais plutôt aux esprits mal

convertis de leur paganisme, Quæst. vet. et novi Testa m., q. cxiv, P. /… t. xxxv, col. 23 17. Sans doute ce qu’il qualifie supersiitio, c’est avant tout l’idolâtrie, les cultes orientaux plus ou moins édulcorés en cultes des éléments de la nature, loc. cit., col. 23 13, 2275, 2352 ; Comment, m Epist. Pauli, t. xvii, col. 361. Mais il combat aussi l’astrologie : contre le déterminisme

sidéral, il prend la défense de la liberté humaine, de

l’efficacité de la prière. Quæst. vet.. q. cxv, t. xxxv, col. 2352. 2357.

c) Suint Augustin sera le plus grand adversaire des mathemalici. Ni l’astrologie, ni les coutumes populaires qui s’y rattachaient, ne devaient trouver grâce devant lui. Remarquons qu’il ne nie pas toute influence des astres. De civ. Dei, t. V, c. vi, P. L., t. xli, col. 145. Dans cet ordre « de choses temporelles il faut a huit que les astrologues disent parfois vrai sous l’intluenee d’un instinct très secret que les âmes humaines subissent sans le savoir ». De Genesi ad lilterum. t. II, c. xvii, t. xxxiv, col. 281. Mais, même dans ce domaine, pour des raisons morales, « parce que ces prévisions sont faites pour tromper les humains », c’est, d’après lui, « l’œuvre des esprits immondes qui en savent là-dessus plus long que nous. Aussi un bon chrétien doit-il se garder des mathematici et de toutes sortes de devins, surtout lorsqu’ils disent vrai ». Loc. cit., C’est une attitude pratique, qui dispense de plus amples distinctions. Saint Augustin en est toujours resté à cette condamnation sommaire de l’astrologie et de ses dérivés.

Saint Augustin n’est pas tendre, on le pense bien, envers l’astrologie sans prétentions, qui observe les temps et les jours : d’après lui, ce sont là des « fautes graves, bien qu’elles soient dans les habitudes des laïcs et même des clercs ». Enchiridion, c. i.xxix ; Epist., lv, c. vii, P. L., t. xl, col. 209 ; t. xxxiii, col. 210. Mais il sent bien qu’une telle.sévérité est une innovation.

Bien peu sans doute après saint Augustin, il faudrait placer l’auteur anonyme du sermon Advenus paganos attribué à saint Maxime de Turin. P. L., t. lvii, col. 782-788. L’activité bien datée de saint Léon contre les deux formes d’astrologie nous semble presque un anachronisme, au milieu du ve siècle. Si sa décrétale à L’évêque Turribius d’Astorga peut passer pour un rappel bien tardif et amplifié par la rancune des évêques espagnols contre les errements de Priscillien, il existe des sermons fort pressants du grand pape contre les superstitieux de la ville de Rome : Sermo vu in Nativ. Domini, c. ni, P. L.. t. liv, col. 218 ; cf. loc. cit., col. 247. Les condamnations se succèdent tout au long des siècles gallo romains, mérovingiens et carolingiens, sans insister pourtant sur le caractère antireligieux de ces pratiques.

d) Au A’///'e siècle, au moment où les philosophes arabes et les œuvres d’Aristote étaient introduits dans l’École, avec leur principe philosophique sur la domination des corps célestes (’.') et les théories fatalistes de l’Islam, les premiers scolastiques livrèrent de véritables batailles contre l’astrologie. Ils n’avaient guère a s’embarrasser de l’astrologie divinatoire, mais bien plutôt d’une astrologie naturelle, qui étudiait l’action des astres, des éclipses, des tremblements de terre, sur les phénomènes atmosphériques ou sur les maladies ; et aussi de l’astrologie judiciaire qui étendait l’empire des éléments sur la liberté humaine. Voici, résumé par saint Thomas pour le fr. Réginald ce qui est permis eu l’ait d’astrologie… i Il te faut savoir d’abord que L’influence des corps célestes s’étend aux changements des corps inférieurs. Aucun péché, par conséquent, à user de l’astrologie judiciaire pour prévoir des etïets d’ordre corporel : tempête ou beau temps, santé ou maladie, abondance ou stérilité des récoltes, et tout ce qui dépend pareillement de causes corporelles et naturelles. Tout le monde s’en sert : les cultivateurs, les navigateurs, les médecins… Nul inconvénient même a faire usage, pour cela, d’observations plus cachées sur les astres. Mais voici ce qu’il faut absolument maintenir : la volonté humaine n’est pas soumise a la nécessité astrale ; sinon on ruinerait le libre arbitre et du même coup le mérite… Mais le diable, qui veut entraîner tout le monde dans l’erreur,