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    1. SUPERSTITION##


SUPERSTITION. IDEE DES SUPERSTITIONS NON CULTUELLES

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En ciïet. la dévotion vraie, dans ses actes intérieurs et ses manifestations externes, est à l’abri des déviations et des exagérations superstitieuses, par un don surnaturel de sens et de mesure. Ce n’est pas une vertu aveugle ni inconsidérée : elle impose une mesure aux actes humains de religion ». IP-II*, q. lxxxii, a. 1, ad l um. Pourtant, mouvement de la volonté agissant par l’attrait du culte de Dieu et prompte à trouver des moyens d’hommage, elle se déploie avec ardeur en de multiples œuvres de piété, en des dévotions variées. Ex vehementi affections… ineonsiderale prorumpit, dit saint Thomas. In 7// um Sent., dist. IX, q. i, a. 3, qu. 3. La vie des saints, celle même des bons chrétiens dans leur l’or intérieur in quibusdam l’iris et in devoto femineo sexii abonde en excès de cette piété débordante ; pour ceux-là, l'Église a toujours montré la plus grande compréhension, parce qu’ils jaillissaient » d’une vive charité », .Mais, si la charité n’y est plus, comme il arrive quand on veut répandre et généraliser ces dévotions, les formules ferventes deviennent un « airain sonnant », et les gestes ne sont plus qu’une « religion simulée ». IIMI », q. lxxxiii, a. 1 I. I.à-dessus, la critique serait aisée et indéfinie.

Mais en se bornant aux dévotions objectivement superstitieuses, à celles que l'Église interdit à tous ses fidèles, on doit dire que les unes sont un culte faux, les autres simplement superflues, parce que dénuées de tout avantage, parce que sans utilité.

a) En elles-mêmes, certaines dévotions sont dangereuses, parce qu’elles se proposent un objet taux, ou présenté faussement : la dévotion au cœur pénitent de Notrc-Seigneur ou à sa sainte aine a été condamnée par l'Église. Certaines autres sont ridicules eu ellesmêmes : celles qui se plairaient à honorer séparément telle ou telle partie du corps de Jésus : les cheveux, la barbe, etc., alors que le culte du Christ doit s’adresser à sa personne, cf. IIP, q. xxv, a. 1. Telles autres sont fausses, de droit ou de fait, comme la dévotion aux reliques du corps de.Jésus, ou de tel saint qui n’aurait pas existé. D’autres sont nuisibles au prochain, parce que, facilement mal comprises, elles fournissent aux ennemis de la religion ou même aux indifférents l’occasion de calomnier la doctrine catholique ou la vraie piété.

b) D’autres dévotions seraient simplement inutiles, n’ayant pas d’objet propre, comme serait le culte du Coeur eucharistique de Jésus entendu au sens de » cœur présent dans l’eucharistie ». Pour qu’une dévotion, bonne en elle-même, ait son utilité, il faut que son objet soit suffisamment distinct des autres dévotions authentiques. Le 2<i mai 1937, le Saint-Oflice rappelait avec quelle prudence doivent être introduites dans le culte public des dévotions nouvelles, lui conséquence, le 15 juin 1938, il vient d’interdire la dévotion au saint « chef » de Noire-Seigneur Jésus Christ. Sauf des raisons majeures, eu effet, telles que celles qui autorisèrent la dévotion au Sacré-Cœur, l'Église ne voit aucun intérêt à en proposer d’autres, dans le culte public, à la dévotion des fidèles.

Beaucoup des pratiques, bonnes et utiles en ellesmêmes, sont fausses dans leurs considérants. Ces inventions naissent actuellement encore dans les milieux animés des meilleures intentions. L’initiative d’une personne sans mandat paraissant insuffisante, on cherche souvent à la confirmer de l’autorité, privée elle-même, mais tout de même digne d’attention, d’un saint ou d’un personnage constitué en dignité, d’une vision ou d’une prophétie plus ou moins ancienne et authentique. En principe, l'Église, qui se réserve de donner à ces mouvements l’autorisation

qu’ils comportent, nous recommande la plus grande circonspection. Elle Intervient, a l’origine de ces non

velles dévotions, avec une sévérité bien compréhensible, au sujet, par exemple, des feuilles ou des ouvrages qui publient de nouvelles apparitions, révélations, visions, prophéties et miracles ». Code. can. 1399, § 5. I.e 26 mai 1898, la Congrégation des Indulgences en a donné une assez longue liste.

Enfin certaines dévotions nouvelles, appuyées ou non par de prétendues révélations, ont dans leur teneur même, des minuties qui les apparentent aux vaines observances non cultuelles dont on parlera plus loin. L’une des plus sévères de ces condamnations est celle du Saint-Office, en date du 17 mars 1931, contre » la pratique superstitieuse des quarante-quatre misses pour être délivré du purgatoire précisément le troisième jour après sa mort. Cf. J. Creuscn, S. J., Nouvelle revue théologique, 1934, p. 7-18. Nous ne parlons pas ici de la dévotion » donnant donnant » dont » la tare originelle est de considérer la promesse d’argent comme une garantie d’elTîcacité pour la prière ». Voir les articles de l’abbé H. Hemmer, Semaine religieuse de Paris. 1900.

La surveillance la plus active contre les superstitions est recommandée aux Ordinaires des lieux ; ce devrait être aussi la plus efficace, parce que les évêques sont mieux placés souvent que le pouvoir central pour surprendre à leur naissance les pratiques suspectes, localisées d’abord en tel ou tel sanctuaire. Les Ordinaires des lieux, dit le canon 1201, doivent veiller surtout à ce qu’aucune pratique superstitieuse ne s’introduise dans le culte divin public ou privé, ou dans la vie quotidienne des fidèles, et à ce qu’on n’y admette rien d'étranger à la foi ou d’opposé à la tradition ecclésiastique, rien non plus qui ait l’apparence d’un gain sordide… C’est à l’Ordinaire du lieu qu’il appartient aussi d’autoriser après examen dans les églises ou oratoires des prières ou des exercices de piété… » Aussi la constitution apostolique Officiorum du 25 janvier 1897 tient pour condamnées toutes dévotions, même privées, publiées sans permission des supérieurs ecclésiastiques. Mais « le fait même d’un imprimatur obtenu ne nous permet pas d’accepter les yeux fermés des récits dont l’imprimatur lui-même ne saurait garantir l’authenticité. En certains diocèses, on se montre très sévère pour autoriser ce genre de publications, et l’on a raison. En d’autres, les censeurs sont plus larges, et peut-être leur attention n’a-telle pas été suffisamment attirée sur les inconvénients quc présente, pour la formation des âmes à la piété véritable, une littérature de cette espèce ». Ami du clergé. 1938, p. 102.

Y. Notion GÉNÉRALE Ois SUPERSTITIONS NONCULTUELLES. — 1° Dé/initions usuelles. — Ces superstitions sont des faits si complexes qu’ils ne comportent (prune définition de sens commun telle que celleci : ce sont des procédés profanes, partiellement secrets, dont on attend certains effets analogiques sans proportion avec les moyens employés. Définition suffisamment claire pour exclure ce qui n’est pas superstitieux, par exemple les investigations scientifiques, dont les prémisses ne sont point secrètes, et dont les résultats ne paraissent disproportionnés qu'à ceux qui ignorent les principes de cette, science. Ces superstitions ne sont pas, non plus, cultuelles : les formules de prière n’y sont qu’accidentelles et les buts pratiques qu’on poursuit ne sont pas spéci liqucment religieux. Ils répondent 6 des besoins primordiaux de la

v ic humaine. 1. Les buis pratiques. - Ils permettent de donner « une notion générale de chacune de ces superstitions. « La connaissance des choses fut mes ou cachées, telle est la fin dernière de la divination, qui dénote une malsaine curiosité de l’esprit. » 1I"-II <D, q. xcv,