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SUAREZ (JACQUES DE SAINTE-MARIE) — SUCCI (NICOLAS)


En 1580, il quitta sa patrie pour se soustraire aux attaques des envieux et passa en France, où il enseigna d’abord la théologie au couvent d’Ancenis puis au grand couvent Saint-Bonaventure de Lyon. Prédicateur recherché, il tint les principales chaires de France et surtout de Paris pour la prédication des carêmes et reçut les titres de prédicateur et de conseiller du roi. Il est célèbre aussi à cause de ses campagnes contre les protestants. Convié en 1603 à une conférence par le célèbre ministre protestant Pierre Du Moulin, qui promettait d'éteindre le feu du purgatoire, le P. Suarez s’y rendit et tint tête au ministre. Au rapport de cette conférence publiée par Du Moulin sous le titre : Les eaux de Siloë pour esteindre le purgatoire, le P. Suarez répliqua par un ouvrage intitulé : Torrent de feu sortant de la face de Dieu pour desseicher les eaux de M ara eneloses dans la chossée du Molin d’Ablon, où est amplement prouvé le purgatoire et suffrages pour les trépassez et sont descouvertes les fausseté : et calomnies du ministre Molin, Paris, s. d., réimprimé à Rouen. 1604 et. d’après Pérennès, Dictionnaire de bibliographie catholique, t. ii, Paris, 1909, p. 698, à Paris, 1605. A cet écrit ainsi qu’aux deux réponses publiées avant celle du P. Suarez par les docteurs de Sorbonne. Cayet et A. Duval, Du Moulin répondit par une réplique de son écrit : Eaux de Siloë pour esteindre le feu de purgatoire et noyer les traditions, les limbes, les satisfactions humaines et les indulgences papales contre les raisons et allégations d’un corde lier portugais défendues par trois escrits, dont l’un est du mesme cordelier… les autres de deux docteurs de la Sorbonne, La Rochelle, 1608. En 1610, le P. Suarez continua sa campagne contre les protestants. Le ministre N. Yignier venait de publier son Théâtre de l’Antéchrist, s. L, 1610, composé par ordre du synode tenu à La Rochelle en 1607, et qui était d’une violence désavouée par les protestants eux-mêmes. Le P. Suarez prit comme sujet de son carême de 1610 cet ouvrage, qui avait causé un grand scandale. Comme l’on croyait que le roi d’Angleterre n’avait pas été étranger à sa publication, il invectiva en particulier contre ce dernier et défendit le pape, désigné sous le nom d’Antéchrist par les réformés, en qui il faisait voir les véritables antéchrists. Le cardinal de Joyeuse pressa le P. Suarez de publier ces sermons, mais sa mauvaise santé ne lui permit pas de le faire. Pendant le carême de 1611, il attaqua Duplessis Mornay. auteur d’un autre livre contre le pape et la cour romaine, intitulé : Le mystère de l’iniquité, c’est-à-dire l’histoire de la papauté, Saumur, 1611. D’après le P. Edouard d Alençon, le P. Suarez. prenait vivement Duplessis Mornay à partie. Voir Jacques Suarez de Sainte-Marie, cordelier et éi'èque de Séez, extrait du Bulletin de la Soc. hist. et archéol. de l’Orne, t. xxiv, 1905, Alençon, 1905, p. 6. Nommé évêque de Séez au mois d’août 16Il par Louis XIII, le P. Suarez ne put toutefois obtenir la bulle de nomination in forma gratiosa du pape, qui, prévenu contre lui par ses ennemis, qui l’avaient desservi en cour de Rome, refusa d’expédier cette bulle. C’est seulement au consistoire du 9 janvier 1612, que Paul V éleva le P. Suarez au siège épiscopal de Séez. Il fut sacré le 4 mars 1012. Trouvant son évêché dans un état lamentable au point de vue religieux, le nouvel évêque, dès son arrivée dans son diocèse, en entreprit la visite, se montra en toutes les circonstances un rigide observateur de la discipline ecclésiastique, travailla sans relâche au relèvement intellectuel et spirituel du clergé et à la restauration religieuse de son évêché. de sorte qu’il contribua beaucoup à la renaissance catholique en France. Ne jouissant que d’une santé médiocre, il se lit donner un coadjuteur dans la personne de JacquesCamus de Pontcarré, qui, des le 10 juin 1613, fut préconisé

au siège de Coronée. l.e I'. Suarez mourut à Paris au mois de mai 161 I et fut inhumé au grand couvent des cordeliers.

Outre l’ouvrage déjà cité contre le ministre protestant Pierre Du Moulin, le 1*. Suarez composa encore les ouvrages suivants : Cosmopeia in duo priora capita Genesis, Nantes, 1584 (des exemplaires portent aussi la date 1585), composé probablement pendant son séjour à Ancenis ; Conciones viginli 1res in tria prima Apocalypsis capita, habittv in celeberrima calhedrali ecclesia Lugdunensi, Lyon, 1598, 1599, 1605 ; Oclo conciones solemnitatis Corporis Christi, in quibus oclo cliam causas deducuntur ob quas a Domino Jesu sacramentum eucharisties fuit institutum, Lyon, 1607 ; Sermon funèbre fait aux obsèques de Henry IV, roy de France et de Navarre, le 22e de juin 1610, dans l'église de Saint-Jacques de la Boucherie, Paris, 1610, et reproduit dans la collection : Les oraisons et discours funèbres de divers autheurs sur le trespas de Henry le. Grand, par G. Du-Pcyrat, Paris, 1611, p. 109-145. Il traduisit en français un volume de sermons italiens de Gabriel Inchino, chanoine régulier de Saint-Jean de Latran : Sermons et concepts tirez de l’Escriture saincte sur les quatre fins dernières de l’homme, Lyon, 1603. L’ouvrage le plus important est sans conteste son Trésor quadragésimal, enrichi de plusieurs relevées et admirables considérations tant de TEscripture saincte que de la doctrine des SS. Pères pour les sermons de tous les jours du caresme, Paris, 1607, 2 vol., dédiés à Henri de Gondy, évêque de Paris, dans lesquels il publia les sermons des deux carêmes prêches à NotreDame et à Saint-Jacques de la Roucherie à Paris. Cette publication ne fut toutefois pas sans désagrément pour son auteur : le livre fut condamné par la Sorbonne, le 1 er juillet 1607, comme scandaleux, parce que le P. Suarez parlait contre l’obligation d’assister à la messe paroissiale et avait dit multa falsa et contumeliosa contra parochos. Cf. Duplessis d’Argentré, Colleclio judiciorum, t. ii, Paris, 1728, p. 545. La censure portée contre son Trésor quadragésimal par la Sorbonne, n’empêcha pas le P. Suarez de le traduire en latin : Thésaurus quadragesimalis… olim… lingua gallica editus, nunc vero ejusdem operis lalino faclus, Lyon, 1610. Cette traduction est également dédiée à Henri de Gondy, évêque de Paris. D’autres sermons, prêches à Saint-Paul devaient continuer le Trésor, mais les bibliographes ne les indiquent point. Enfin, d’après la préface du Thésaurus et la lettre du P. Suarez au cardinal Scipion Rorghèse, éditée par Edouard d’Alençon, art. cit., p. 9-11, il aurait publié en 1611 vingt-deux sermons sur le xiie chapitre de l’Apocalypse, dont jusqu’ici toutefois on n’a pu trouver aucune trace bibliographique.

A. Wadding, Scriptores ord. min., 3e éd., Home, 1906, p. 126 ; J.-H. Sbaralea, Supplementum, 2° éd., I. ii, Home, 1921, p. 19-20 ; D. Harbosa, liibliotheca lusitana, t. i, Lisbonne, 1711 ; Xic. Antonio, liibliotheca hispana, t. i, Home, 1072, p. 215 ; t. ii, p. 289, où Suarez est appelé Didace ; Edouard d’Alençon, Jacques Suarez de Sainte-Marie, cordelier et évèijac de Séez, dans Bulletin de la Soc. hist. et (wehéol. de l’Orne, t. xxiv, 1905, p. 102-177, et séparément, Alençon, 1905 ; L. Pruncl, La renaissance catholique en France au XVIIe siècle, Paris, 1921, p. 23 ; Mauiey d’Orvllle, Recherches historiques sur la ville de Séez, SecL, 1829, p. 186.

A. Teetært.

    1. SUCCI Nicolas##


SUCCI Nicolas, frère mineur italien du xiv siècle, appel£ aussi /u ;  : i /un Su. il I il ;  : i dl 1 u ::io. Originaire d’Assise, il fut pendant un certain temps chapelain du cardinal Matthieu Orsini, custode du Sacro Convento d’Assise et aussi professeur dans l’ordre franciscain, comme cela résulte de la bulle de sa nomination à l'évêché d’Assise. Voir Bullarium franciscanum, t. vi, Rome, 1902, n. 108, p. 69. Après la mort de Conrad, évêque d’Assise (l.'î.'57), le chapitre