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plus lieu à corruption, car il n’y a plus lieu do parler de digestion normale pour les accidents qui demeurent : Si ergo substantia panis ibi non est, quid defadari et eorrumpi usque ad sécession potest ? Nom substantia

Christi, qinv vere ibi est, nullatenus eorrumpi credenda est, quia incorruptibilis est. Col. SUS. Aussi, comme jadis le cardinal Humbert. accuse-t-il les Grecs de stercora nismo : /)('ci/n/ participât ioneeorporis et sanguinisChristi solvi eeelesiastica jejunia usque ad crapulam et ebrietatem, pillantes ctelestan escam veluti terrenam indifferenteraceipi et in sordidum ventris secessum emitti. Col. 810. Les stereoranistes prétendent que los éléments consacrés nourrissent eorporellemont. Non, répond Alger ; si un homme parvient à se soutenir en ne mangeant que du pain consacré, ce n’est pas qu’il l’assimile et te digère ; c’est un miracle de la toute-puissanoo de Dieu. Col. 811. Les hérétiques prétendent que los éléments consacrés moisissent, se corrompent, peuvent être brûlés ou mangés par des souris. Tout cela ce sont des apparences, un miracle de Dieu qui punit la négligence du prêtre qui n’a pas eu soin du corps du Christ. Col. 813. Cependant, à l’objection de ceux qui prétendent retrouver les apparences de l’hostie dans l’estomac des animaux, il fait cette réponse plus proche de la vérité : C.um enim præter peccalitm Creatori qui ubique est, omnia manda sunt , quomodo videtur immundius esse in rentre mûris quani in ventre adulteri impœnitentis. Col. 814.

Quoi qu’il en soit, dans l’ensemble, au nom de la dignité du corps du Christ, Alger comme Guitmond recourt à une solution subjectiviste touchant le problème du devenir dos espèces eucharistiques. Dire que les espèces nourrissent, peuvent moisir, sont soumises à la digestion lui paraît une chose tout à fait déraisonnable et indigne du Christ. Voir L. Brigué, Alger de Liège, p. 93 et 94.

5° Les débuts du XIIe siècle. — La théologie du xiie siècle restera, en somme, sur ces positions et, tout en défendant bien la conversion substantielle du pain et du vin au corps et au sang de Jésus-Christ, ne saura pas réaliser adéquatement l’idée de la permanence objective dos espèces.

1. Abélard met au service de la solution subjectiviste te prestige de son talent et l’accrédite ainsi dans son école, Le résumé de sa pensée sur ce point nous est conservé dans les Capitula errorum P. Abœlardi, P. L., t. clxxxii, col. 1 052 :.1 muribus eliam corrodi videtur et de manibus sacerdotis vcl diaconi in terra cadere. Et ideo quæritur quurr Deus permiltat hsec fieri in corpore suo. An fortassis non Ha fiât in corpore, sed tantum Ha facial apparere in specie ? Ad quod dicimus quod rêvera non est sic in corpore, sed Deus ita in speciebus ipsis propter negligenliam ministrorum reprimendam habere jacil ; corpus vent suum, prout ei placet, reponit et conservai. On retrouve la même solution dans les Sommes qui dépendent d’Abélard : Sententiæ de Roland Bandinelli, Somme d’Ognibene, Anonyme de Saint-Florian.

2. Roland se pose la question traditionnelle : An corpus Christi digeratur ? Il n’admet pas crue le corps du Christ, reçu dans la communion, soit soumis à la digestion et il pense pouvoir opposer à l’expérience qui lui est objectée une autre expérience. Il argumente ainsi : In hysloria eeelesiastica reperitur : quidam volens probare an de eo possel tantum vivere, faciebat quotidie consecrari magnum panem et nihil aliud comedebat nisi illud, quotidie digerebal. Unde videtur quod corpus Christi digeratur. Ad quod dicimus quod nec de cor pare vivebal. nec cor/nis ipsum digerebal, sed ex humoribus propriis susfenlabatur algue ex ipsis ejus fiebal digestio. Inde XIV diebus taliter vixit ; in XV vero die profiter pecruli inhumanitatem a Deo percussus omnia digessit inlestina et mortuus est. Die Sentenzen Rolands, édit. Grletl, p. 233. C’est toujours la même impuis sance à distinguer entre les espèces qui nourrissent le corps ol le corps du Christ incorruptible qui nourrit l'âme, le recours aux solutions les plus illusoires pour écarter une vérité d’expérience.

l.a question de la fraction du corps du Christ reste toujours un problème. Roland repousse toute fraction réelle dans le corps du Christ et s’efforce de répondre à la difficulté tirée de la formule imposée à Béronger en 1059 : Juravil quod vere frangitur, vere denlibus conteritur. Il remarque : In corpore Christi nulla est partium separatio. Ad hoc dicimus quod frangitur corpus Christi id est fil ut cum prsesens tantum sub una specie esset, jam incipit esse sub diversis speciebus ; frangitur enim sacramentaliter et non essenlialiler. Ibid., p. 231.

Que se passe-t-il si l’hostie consacrée devient la proie d’une souris ? Suivant les uns : la présence du corps du Christ cesse dès que les animaux paraissent manger les espèces : quare mus aliquid videtur comedere, nec lumen comedit. Selon d’autres, au départ du corps du Christ succède le retour de la substance du pain cpii est mangé par l’animal ; selon d’autres l’animal mange le corpus Christi et ce corps n’en éprouve point de contamination : il traverse réellement ces outrages, mais sans corruption, comme le rayon de soleil qui pénètre partout sans souillure. Ibid., p. 235.

3. Hugues de Saint-Victor aborde avec discrétion le problème du devenir du corpus Christi en face des outrages et après la communion ; il le résout dans le sons de ses prédécesseurs : tout cela paraît se faire, mais le corps du Christ demeure inviolé. P. L., t. clxxvi, c. xii ; cf. c. xiii, col. 470 : Videtur corrodi et manet incorruptus ; videtur affici vel maculari et persévérai inviolalus. En face du problème du devenir de l’hostie après la communion, il faut savoir s’arrêter dans la curiosité : Dixil ergo cor tuum : quid factum est de corpore Christi, postquam illud sumpsi et manducavi ? Audi ergo… Tecum ad tempus esse voluil (Christus) quando et quamdiu necesse fuit… Ideo corporaliter ad le venil et exhibuit tibi ad tempus prsesentiam corporalem suam ut per illam spiritualis inveniretur quæ non auferetur… Quandiu sensus afficitur, præsentia ejus corporalis non aufertur. Poslquam autem corporalis sensus in percipiendo déficit, deinceps corporalis præsentia quærenda non est, sed spiritualis retinenda, dispensatio compléta est… Christus de ore ad cor transit. Melius est tibi uleal in mentem luam quant in ventrem tuum. Ci bus isle animæ est non corporis. Venit ad te ut comedatur, non ut consumatur. C'était s’approcher de bien près de la solution du problème de la durée de la présence réelle dans le communiant et de la raison d'être de cette présence ; mais c'était laisser irrésolu le problème du devenir des espèces dans la digestion.

4. Guillaume de Saint-Thierry continue plus nette ment à vouloir soustraire les espèces aux lois physiolo giques. Voici comme il s’exprime : Sumpta ore carnis nostrse caro Christi nequaquam lestimanda est lege communi ciborum. Ille enim ci bus non est ventris, sed mentis. Dissimilis omnino ab Mis cibis de quibus dicitur : « Omne quod in os intral. in ventrem vadit et in secessum emittitur. < /lie est cibus gui non vadit in corpus, quia nequaquam, sicut al H cibi, in naturam verlitur corporis, sed corpus noslrum in suam verlil naturam et futures resurreclioni et perpétua' incorruptioni illud coaptans et in nobis est, ri ubi crut scilicet in dextera Pains. De sacrum, ail., c. viii, /'. L., I. ci.xxx, col. 355.

6° Vers lu solution du problème du devenir des espèces. De Pierre Lombard à saint Thomas. — 1. Pierre loin bard-.ml. IV des Sentences, dist, XII, c. ii-iv, est for ! heureux « Lins la solution qu’il donne à la question de la fraction do l’hostie. Cet le fraction affecte réellement la forme du pain, mais laisse intact If corps du Christ Incorruptible : Sane dici potest fractio Ma et partitio