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SPINOLA (CHRISTOPHE DE)

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relation avec plusieurs princes protestants, afin de les gagner à sa ca ise, principalement avec le prince JeanPhilippe de Maycnce. qui se mit à la tête du mouvement unioniste avec les frères Adrien et Pierre von Walenburg. Us entrèrent en rapports avec André Kuhn. le plus ancien des ecclésiastiques protestants de Dantzig, avec H. Holzhauser. Leibniz et d’autres théologiens protestants qui, dans les conférences qu’ils eurent avec des théologiens catholiques, reconnurent qu’il n’y avait pas d’obstacles insurmontables à la réunion. Le prince-électeur de Maycnce songeait déjà, après consultation du nonce J.-B. Spinola à Vienne et d’autres cardinaux, à demander au pape de faire quelques concessions aux protestants sur des points qui ne regardaient ni la foi ni l’autorité pontificale, afin de faciliter l’union, quand il mourut le 12 février 1673. Avec la mort du prince électeur se clôt la première phase du mouvement unioniste projeté par Spinola.

L'œuvre fut toutefois reprise par Spinola en 1675 et menée cette fois avec plus d’ampleur. La répression d’une révolte suscitée en Hongrie, en 1670, en fut l’occasion. Plusieurs ministres protestants, impliqués dans cette insurrection, avaient été bannis et avaient cherché un refuge en Saxe ; le prince Jean-Georges de Saxe fit donc savoir à l’empereur, le 12 août 1675, que, pour éviter dans la suite toute hostilité entre protestants et catholiques, il ferait rédiger, de concert avec les autres princes protestants, une profession de foi mitigée, d’où serait exclu tout ce qui pourrait choquer les catholiques. L’empereur répondit que les prédicateurs protestants n’avaient point été bannis à cause de leur foi, mais de leur rébellion, et qu’il acceptait volontiers le projet du prince au suejt de la confession de la foi. Quand il s’agit de rédiger celle-ci, le prince de Saxe, devant les graves objections de ses conseillers, se désista et envoya un messager à l’empereur pour lui demander de prendre lui-même l’initiative de l’oeuvre de rapprochement et de travailler les princes allemands pour les gagner à cette cause. Bien que cette proposition lui eût paru suspecte et malgré l’opposition de certains catholiques, l’empereur, sous l’influence de Spinola, résolut de tenter la chance et il députa Spinola aux princes allemands. Il lui enjoignit toutefois de ne pas traiter directement la question de la conciliation, mais du procédé à suivre pour réconcilier les Hongrois entre eux. De la sorte Spinola gagnerait la sympathie des princes et ouvrirait la voie à des négociations ultérieures qu’il ne mènerait qu’en son nom, sans y compromettre l’empereur. En 1676, Spinola visita les principales cours d’Allemagne, Berlin, Dresde, Osnabruck, Hanovre, Heidclberg, le Palatinat, etc. ; partout ses projets d’union religieuse furent reçus favorablement et même, auprès de plusieurs princes, avec empressement, surtout à Hanovre par le duc Jean-Frédéric, converti au catholicisme depuis 1651, et par la duchesse Sophie, ainsi que par le frère de cette dernière, le prince Charles-Louis du Palatinat, qui désirait mener l'œuvre de la conciliation à visage découvert et nullement en secret, comme le voulait Spinola. Le plan de l’union religieuse de Spinola, dont quelques particularités étaient venues aux oreilles des catholiques, malgré le secret dont on s’efforçait de l’entourer, suscita une assez vive opposition de la part de quelques théologiens belges, surtout à cause des concessions que Spinola comptait faire aux protestants : l’ordination sacerdotale serait conférée aux ministres convertis et un nouveau concile serait convoqué. Spinola se défend dans une lettre du 1 1 août 11177, dont le contenu a été publié par G. Menge, Lur Biographie des Irenikers Spinola, dans Franziskanische Sludien, t. ii, 1915, p. 20-22.

Pour travailler avec plus de tranquillité à la réalisation de ses projets et tenir tête à ses adversaires,

DICT. DE T1IÉOL. CATHOL,

Spinola résolut d’aller à Borne exposer au Saint-Siège ses plans et en recevoir l’approbation. Dès son arrivée, au début de 1677, il remit à Innocent XI un rapport si encourageant du résultat obtenu lors de sa première visite faite aux différents princes allemands, qu’il semblait que les principaux protestants étaient tous gagnés à la cause de la soumission à l'Église catholique. Cf. Ph. Hiltebrandt, Die kirchlichen Reunionsverhandlurtgen in der zweiten Hûljte des xvii. Jahrhunderts, Borne, 1922, p. 177-178. Le pape institua une commission composée des cardinaux A. Cibo, J.-B. Spinola et F. Albizzi et de trois théologiens, pour examiner ce rapport, et prit en même temps des informations secrètes auprès du nonce de Vienne, Fr. Buonvisi. Celuici écrivit, le 6 mars 1678, à Borne qu’il avait toujours été contraire aux tentatives faites par Spinola, que, vu l'état d'âme des protestants, il les jugeait risquées et vaines, mais qu’il avait cependant encouragé Spinola ; dans une cause si noble il fallait bien risquer quelque chose. Cf. M. Trenta, Memorie per seruire alla storia politica del card. Fr. Buonvisi, t. i, Lucques, 1818, p. 371. Borne, non plus, ne voulut pas rejeter complètement les vues présentées et permit à Spinola de traiter avec les princes protestants tant au sujet de la guerre turque qu’au sujet de la religion catholique. C’est dans ce sens qu'étaient conçus le bref adressé au négociateur le 20 avril 1678 et les lettres qui le recommandaient à l’empereur, aux nonces devienne et de Cologne et au duc Jean-Frédéric de Hanovre. Cf. J.-J. Berthier, Innocenta PP. XI epistolæ ad principes, t. i, Borne, 1891, p. 167 sq. De retour à Vienne, Spinola réussit à intéresser tellement l’empereur à ses projets, que celui-ci le nomma, en juillet 1678, son ambassadeur plénipotentiaire auprès de tous les princes allemands, sous le prétexte de les unir plus étroitement à l’empereur dans les guerres contre la France et la Turquie, en réalité pour opérer l’union religieuse. Spinola visita personnellement presque tous les princes allemands ; quant à ceux qu’il ne put atteindre à cause de la guerre ou de la peste, il leur exposa ses plans par lettre. Partout il rencontra le meilleur accueil et ses idées furent généralement acceptées avec faveur, parfois même avec enthousiasme. De retour à Vienne, Spinola envoya, le 28 mai 1679, un long rapport chiffré au secrétaire d'État, déclarant avoir agi partout d’après les instructions reçues du pape et avoir eu grand succès chez tous les princes, excepté à Cassel. Cette relation a été éditée par F. de Bojani, Innocent XI. Sa correspondance avec ses nonces, t. ii, Borne, 1911, p. 4-5, et par Ph. Hiltebrandt, op. cit., p. 191-192. Voir aussi G. Haselbeck, Der Ireniker P. Christoph de Rojas y Spinola, dans Katholik, 1913, t. I, p. 401. Mais Borne ne partageait guère l’optimisme de Spinola, comme il résulte de la réponse que lui fit le cardinal secrétaire d'État le 1 er juillet 1679. Le pape, y est-il dit, a lu avec plaisir la relation des tentatives faites pour le retour des protestants à l'Église catholique et de la conversion de quelques princes, mais il est d’avis qu’il faut continuer à prier et attendre une garantie sûre que les princes en question pensent réellement à se faire catholiques, l’expérience ayant enseigné que l’intérêt humain induit bien souvent en erreur et trompe ceux qui ajoutent trop facilement foi aux promesses. Le pape exprimait à Spinola sa reconnaissance pour l’activité déployée et émettait le vœu que la semence répandue par lui pût un jour porter ses lruits. Ph. Hiltebrandt, op. cit., p. 76-77. Le même jour le secrétaire d'État ordonnait au nonce de Vienne d’interroger confidentiellement l’empereur sur les espoirs que l’on pouvait avoir de la conversion des princes protestants. La réponse de l’empereur fut décourageante et le nonce, de son côté, jugea que les assertions de Spinola n’avaient pas de base dans les faits. Ces inforina T. — XIV. — 79.