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SOUTHWELL (NATHANAEL) — SOZO M È N E


gambe, et, déchargé de son emploi en 1668, il put

avant de mourir voir paraître son grand ouvrage : Bibliotheea seriptorum Soeietatis Jesu. Opus inchoatum a R. P. P. Ribadeneira… anno salutis 1602, continuatum a H. P. P. Alegambe… usque ad annum 1642, récognition et production, ad a… 1675, a Nathanæle Sotvello… Roms, ex typographia.1. A. de l.a/zeris Varesii, 1676, xxxvi-982 p.

Sommervogel, Jiibl. de la Comp. de Jésus, t. vii, col. 1408.

J. DE Bi.ic.

    1. SOZOMÈNE##


SOZOMÈNE, historien ecclésiastique du v* siè cle. — La vie de Salamanus Hermias Sozomenus, cf. l’hotius, Itiblioth., cod. 30, nous est mal connue. Lorsqu’il composa son Histoire ecclésiastique, Sozomène habitait Constantinople et il y exerçait une profession Juridique, Hist. eccles., II, m ; mais il était vraisemblablement originaire cle Béthelia, village situé près de Gaza, en Palestine. Il appartenait à une famille de chrétiens pieux, llist. eccles., Y. xv. Il est vraisemblable qu’il visita l’Italie avant de s’installer à Constantinople, Hist. eccles., II, xxiv ; VII, xvi. Ce fut dans cette dernière ville qu’il se fixa : l’Histoire ecclésiastique y fut écrite après 430 et avant 450. c’est-à-dire à peu près en même temps que celle de Socrate.

Cet ouvrage est dédié à l’empereur Théodose II. L'épître dédicatoire nous apprend même que celui-ci aurait daigné exercer sa censure sur l'œuvre de Sozomène, et l’approuver de telle façon que personne n’aurait désormais à y porter la main. L’historien se propose de raconter les faits qui sont survenus entre le troisième consulat de Crispus et de Constantin et le dix-septième consulat de Théodose II, c’est-à-dire de 324 à 439. Il divise son récit en neuf livres et l’ordonne d’après les règnes impériaux.

Dans un prologue au 1. I er, Sozomènc déclare qu’il avait eu’d’abord l’intention de raconter l’histoire de l'Église depuis les origines jusqu'à son époque. Comme cependant les premières périodes de cette histoire avaient déjà été racontées par Clément — c’est-à-dire en fait par les apocryphes clémentins — Hégésippe, Jules Africain et Eusèbe, il s’est contenté de résumer en deux livres tout ce qui regarde la période comprise entre l’ascension du Christ et la victoire de Constantin sur Licinius. Son œuvre propre ne couvre donc que le dernier siècle. Le résumé en question ne nous est pas parvenu : nous n’en connaissons même l’existence que par ce témoignage de l’auteur.

L’Histoire ecclésiastique elle-même, telle que nous la possédons, ne répond pas entièrement aux promesses que l'écrivain avait faites. Alors qu’elle devait nous conduire jusqu'à 439, elle s’interrompt d’une manière assez inattendue en 421. Quelques événements postérieurs à cette date sont seuls indiqués, tels l’accession au trône de Yalentinien III qui date de 425, Hist. eccles.. IX. xvi, et une translation de reliques qui eut lieu sous l'épiscopat de Proclus de Constantinople, c’est-à-dire entre 434 et 4 l(i, Hist. eccles., IX, ii. Par contre, l’historien nous renvoie à deux reprises à des récits qui ne trouvent pas de place dans le texte conservé : il doit s’agir la première fois des services rendus à l’orthodoxie par Pulchérie, la sœur aînée de Théodose, cf. Hist. eccles., IX, i ; la seconde fois, de l’invention des reliques de saint Etienne, cf. llist. eccles., IX, xvi. Il est difficile d’expliquer pourquoi le texte de l’Histoire est ainsi mutilé. La tradition manuscrite ne nous permet pas de conclure que les premiers lecteurs aient eu entre les mains un texte plus complet que nous du 1. IX. On a supposé que la censure Impériale s'était particulièrement exercée sur ce livre qui racon tait les événements contemporains et qu’elle en avait fait disparaître une bonne partie : il est remarquable par exemple que Sozomène ne parle pas de l’impéra trice Eudocle, l'épouse (le Théodose II, qui avait du

quitter Constantinople pour Jérusalem en 440. L’hypothèse n’est pas démontrée avec certitude ; elle est du moins très probable.

L, 'Histoire ecclésiastique de Sozomène est loin d’avoir la même valeur que celle de Socrate, qui couvre ta même période. Sans doute, Sozomène connaît et emploie la plupart des ouvrages qu’a utilisés Socrate, par exemple l’Histoire ecclésiastique et le De vita Constantini d’Eusèbe, plusieurs écrits de saint Athanase, l’Histoire ecclésiastique de Pu liii, le recueil des conciles de Sabinus d’IIéraclée. Il a même recours à quelques livres qui sont restés inconnus à Socrate : c’est ainsi qu’il peut insérer au I. Il un long récit relatif aux martyrs persans sous le règne de Sapor II ; qu’ailleurs il donne bien des renseignements nouveaux sur la vie cl les mœurs des moines célèbres, etc.Mais ce sont là des détails. Pour l’ordinaire Sozomène s’inspire de Socrate et le copie ou l’imite avec une décourageante servilité. Depuis longtemps les travailleurs avaient remarqué les rapports étroits qui unissaient Socrate et Sozomène ; et ces rapports s’expliquent déjà en partie par le fait que les deux historiens se proposent de raconter les mêmes événements et recourent d’ordinaire aux mêmes documents, l’n examen plus attentif avait forcé les critiques à conclure qu’il y avait davantage encore et que l’un des narrateurs avait utilisé et souvent démarqué l’autre. Il n’est pas difficile, dans ces conditions, de découvrir le copiste : les recherches de Jeep et de Schood ont montré, sans aucun doute possible, que Sozomène avait suivi Socrate. Il ne s’en vante d’ailleurs jamais, si bien que, si l’on ne connaissait que son livre, on se laisserait duper sans peine sur son originalité.

Il faut ajouter que Sozomène garde le même silence sur toutes les sources qu’il utilise. Autant Socrate se montrait désireux de renseigner son lecteur et de lui faciliter le contrôle de son travail, autant Sozomène est réservé et discret pour parler des livres qu’il a lus, surtout de ceux qui lui ont rendu le plus de services. II y a là une sorte de trahison qu’on a quelque peine à excuser.

Ajoutons que le style de Sozomène est plus coulant, plus simple et plus facile que celui de Socrate : Photius l’avait déjà remarqué, Biblioth., cod. 30, et les travailleurs récents n’ont pu que confirmer son jugement. On le lit avec agrément et, si le style suffisait à faire l’historien, Sozomène remporterait sans doute la palme. Mais ce n’est après tout qu’une qualité accessoire, qui ne remplace pas le jugement et la science. Or, Sozomène se montre souvent crédule à l’excès ; il a une prédilection marquée pour les histoires merveilleus.es, et lorsqu’il paraît formuler une opinion, il se contente d’ordinaire de penser comme sa source. Les questions proprement théologiques l’intéressent peu : pas plus que Socrate d’ailleurs, il n’a pas été préparé par sa formation juridique à comprendre les distinctions parfois subtiles qui séparent les hérésies des diverses sectes, et il ne craint pas d’avouer à plusieurs reprises qu’il se contentera de noter les traits généraux de l’enseignement des hérétiques parce qu’il n’a pas la pleine intelligence de ces choses, Hist. eccles., VI, XXVI] ; VII, XVII ; III, xv.

La première édition de l’Histoire ecclésiastique de Sozomène est due à Robert Estienne, Paris, 1544. Beaucoup meilleure est l'édition de II. Valois, Paris, 16T>8, qui a été maintes fois reproduite, en dernier lieu dans /'. ( » '., t. LXVII, col. 953-1630. Une nouvelle édition a été publiée par H. Hussey, Oxford, 1860, mais elle ne satisfait pas encore les exigences de la critique. Depuis longtemps.1. Bidez a annoncé une édition définitive, qui doit paraître d ; ms le Corpus de Merlin et il a publié déjà une remarquable étude sur la tradition manuscrite « le Sozomène et la Tripartlte de Théodore lo Lecteur, dans Texte ami Untersuchungen, t. xxxii, fase. 2 b, Leipzig, 1908.