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SOTO (PIF.RRE DE). DOCTRINE


ou pour motif la prescience des mérites et c’est sur elle qu’elle se fonde, l’our Solo, toutes ces propositions sont contraires à saint Augustin et à saint Thomas, comme elles sont contraires à la saine théologie et il n’est besoin d’admettre aucune d’elles pour sauver le libre arbitre. EpUt., ii, n. 5. Il repousse aussi avec vigueur la phrase où buttait Tapper en niant le libre arbitre par rapport aux œuvres surnaturelles, s’il n’est point accompagné de la grâce. Epist., n. n. 72. Soto lui signale ensuite les conséquences qui suivraient cette proposition et il écrit :

Cum igitur in vita et in mortis articulo constet plures esse qui in peccatis obdurantur, constat eos desertos esse, atque Juxta tuam propositionem non Imputandum eis

quod obstinati siml : atque ita fiel ut nulli peccanti imputanduni sit (puni peccet.

Il faut dire au contraire que le pécheur pèche toujours librement. Le libre arbitre considéré en luimême n’est ni accru, ni diminué par la présence ou l’absence de la grâce. II y a ici deux choses distinctes : d’une part l’existence du libre arbitre et la responsabilité de l’homme qui pèche ; d’autre part la possibilité de se préparer à la justification, d'être justifié et d'œuvrer surnaturellement sans la grâce. Epist., ii, n. -1 « . So'.o, qui désire sauver en toute circonstance le libre arbitre et qui concède la possibilité de faire le bien naturel sans la grâce, sans ce secours divin que nous appelons grâce actuelle (Inst. sacerd., De pœnit, , lect. ti, fol. 110 v"), fail observer que les œuvres en question ne servent pas à la vraie préparation, dans le sens théologique que doit comporter ce mot. Par là même, Soto n’a point de sympathie pour ce que l’on appelle le mérite de congruo que chacun entend à sa manière et qui se prêtait en son temps et se prête encore à bien des inexactitudes. Il ne le repoussail pas absolument, mais en reconnaissait les dangers. Assert. ca h. fid., De cuntritione, fol. 35 ; Epist., ii, n. 91. -Mais là où il ne pouvait transiger, comme il le remarque lui-même, c’est quand il s’agissait de ceux qui parlaient di' mérite par rapport à la justification ou de ceux qui séparaient l’action de la grâce de l’action du libre arbitre. I’our Soto, la préparation, la conversion et la justification sont des œuvres de la grâce, comme cause première et principale, encore que l’homme y agisse aussi activement et librement. L’action de Dieu et celle de l’homme ne peuvent ni ne doivent se séparer ; ce ne sont pas des causes indépendantes, dissociées et unies seulement dans leur effet ; elles sont unies étroitement, et la créature est cause subordonnée. quoique libre. Soto écrit :

Quod Itaque primum in eo prlnciplo ponitur, nihil boni oinnino lacère quod non facial Deus ni faciannis (dans le ms. de Madrid : omne bonum quod facimus et Deus facit ei nos tacimus), nec dividonduni esse aiiquod boni operis quod sit gratte, aliud quod sit liber ! arbitrii, certissima lide tenemus tanquam certtsslmls Scriptune testimonlis comprobatum. Epist., ii, n. 14.

La grâce donne le pouvoir de se convertir et elle effectue la conversion, sans que manque, d’ailleurs, le libre arbitre. Ilml.. n. 16 et 26. La grâce commence, continue, termine, avec nous mêmes, tout l’acte sur

naturel, sans solution de continuité et sans qu’il SOil licite, en bonne théologie, d'établir un intervalle entre l’action de la grâce, qui précède d’une priorité de nature, et l’action de notre libre arbitre, L’acte surnaturel est de Dieu et il est de nous, chacun agissant dans son ordre. Dieu Comme cause première, surnaturelle, nous comme agents libres et maîtres de nos actes. Aussi Solo écrit il :

Non Itaque sentiendum est de gratta, quasi vlcaria qua(i.iin Buccesslone Inter nos et lllaro debeamui dlvldere, ut hoc boni a gratta, lllud a nol>is sit…. Nec Itaque putare debemus, quasi prius Deus oneretui m aobls, aobii quies centibus, deinde nos eo quiescente operemur ; sed, ut Paulus inquit, operatur in DObls vel le et pei licere… Qua ?dam fatendiiin est Deuni in nobis operarl non præcedente ullo merito aut eonatu aostro, que Augustinus dicit pertinere ad gratiam operantem sive prevenientem : alia vero pnecedente eonatu aliquo nostro, vel nonnullo nostro morito, quoe ad gratiam cooperantem vel lubsequentem pertinere dicit. Ceterum gratis ejus operatlo nostra simul bonæ opération] conjuncta est et nostra bons operatlo suagiati » ; ut sinius in omnibus operibus, sicut a Propheta dictum est, quasi securis in manu Dei, nisi quod nos sunius intelligentes et volantes, [gftur az liis constal supra dicta intelligenda esse, quod operatio Dei convertentis cor nostruni causa sit prima et eflicax in omnibus illis actionibus : causa, inquam, omnium et singulorum, pei nos et In nobis caoperans. Nam t sine me, inquit, nihil potestis facere ». Dicit ur vero prior natura, quod ab ea cetera pendeant, ipsa vero a nullo eorum. Itaque sic digne de gratta ejus sentiendum est, ut jam per singula discurramus. Divins gratis est, in primo illo actu, non tantum fuies ipsa et proposilum lirmuni credendi divinis assertionibus, sed et omnis bona cogitatio et quidquid occurrit animo, maxime primo antea In peccatis quiescenti, quo Inciplat Deo appropinquare id totum divina> gratiæ est… In secundo vero actu non minus ipsa gralia operatur. Inst. sacerd., De pœnit., lect. 9, fol. 117 v.

Quand on résout avec tant de fermeté le problème fondamental, on ne peut dévier dans les questions voisines. Pour Soto. l’usage de la grâce, le consentement que l’on y donne sont des effets de la grâce, sans que le libre arbitre cesse d’opérer activement. Sans hésiter, il signale l’origine de l’erreur des controversistes du xvie siècle, c’est à savoir un texte du De ecclesiasticis dogmatibus du scmi-pélagien Gennade, que l’on citait comme de saint Augustin. Soto en indique le véritable auteur et proteste en faveur des droits de la vérité historique. Epist., ii, n. 59. Ajoutons, pour notre compte, que dans tous les auteurs, controversistes ou non, qui se sont écartés de la vérité en parlant du consentement à la grâce, paraît la fameuse citation de Gennade. Notre théologien fait remarquer, d’ailleurs, comme le saint Augustin authentique, que soutenir le contraire c’est aller beaucoup plus loin que Pelage lui-même, puisque ainsi nous donnons à Dieu le moins principal, c’est-à-dire le commencement de l’acte salutaire, et nous lui en ravissons la consommation. Epist.. ii, n. 15.

3. La justice imputée.

Avec non moins de force, Soto rompt en visière avec les défenseurs de la double justice et de la justice imputée. I’our lui, ce concept de justice imputée est incompatible avec celui de justice inhérente, intrinsèque, qui renouvelle et élève notre âme avec ses puissances. Ln outre, cette justice imputée rend incompréhensibles les degrés de la sainteté. Le nom lui-même doit être banni parce que faux et inconnu aux anciens. Ainsi Soto écrit :

Nunc igitur advertendum : quod imputatio non participationem neque communicationem slgnificat, sed donationem totius : non (ntidem ad immutationem ejus, cul donatur,

pei tinentein. sed tanien ad plenam libeialionem…. Sequi tur ctiam ex llla Imputations auferr ! diversitatem gradus gralia' et sanctitatis, contra illud : « In tlomo Patris mei… etc. Inio nec profectus Ule virtutis et sanctitatis et renovatio quotidlana intelllgi potest, si boIb sit ha’c imputata justitia…. ; rejieiatur vcihtim lioc imputationis inauditum antiquis. Inst. sacerd.. De punit., lect. 11, fol. 128.

H n’est pas plus accueillant à la « double justice » défendue par certains catholiques. Soto ne conçoit qu’une action continue do la part de Dieu, comme il ne conçoit qu’une justice inhérente, participée du Lhrist, mais formellement nôtre, bien qu’unie à tout moment a celle du Christ et vivifiée par elle. Dans le même ouvrage, il écrit :

l’osl liane (jn.titiain iidiaicnleinl eio non esse nooessa rium nobis Imputari Justttlam ( orlstl. neque hoc isseren diuu esse, satis proliat quod hoc et alionum sit a modo

loquendl Scriptune ot Patrum et occasio errorum. In Sciip-