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SOTO (PIERRE DE). ŒUVRES


gleterre, en mars 1555. De son « èle pour L’observance et pour U’s études, nous avons dos preuves convaincantes. Il sutlit de citer les règlements donnés au chapitre provincial réuni à Bruges en 1545 et les éloges du F. Kleidienst. professeur ;  ! l’université de Dillîngen, qui, au chapitre provincial de Gmûnd(1558), s’offrit à aller en Espagne pour y chercher à nouveau Soto afin de mener à bien, sous sa direction, les projets présentés à ce menuchapitre. La mort coupa court à ces plans.

C’est à Pierre de Soto. en sa charge de confesseur de Charles-Quint, que s’adressa en 1518 le cardinal d’Augsbourg, Otton. qui caressait le projet de fonder une université et d’y garder celui-ci à ses côtés. Il ne pouvait mieux choisir. L’université de Dillingen fut aussitôt fondée ; Soto en fut l’organisateur et le professeur principal. Il appela à son aide des théologiens d’Espagne et de Louvain. dominicains et prêtres séculiers. C’est donc avec raison que le journal de l’université, conservé en manuscrit, et que les historiens de celle-ci le nomment aller fundator. Ses Institutiones sacerdotum, fruit de ses leçons à Dillingen et qui furent imprimées par ordre du cardinal Otton, servirent de manuel dans cette université, comme il résulte de l'épître préliminaire, pleine d'éloges pour le grand théologien dominicain. Celle-ci fut écrite par le cardinal en mars 1558, quand déjà Soto était rentré en Espagne.

Au grand regret du cardinal Otton, le théologien espagnol partit pour l’Angleterre en 1555. Il y était envoyé tant à cause du mariage projeté de Philippe II, roi d’Espagne, que pour servir de conseil au cardinal Pôle, légat du pape, qui l’avait connu personnellement à Dillingen où il avait pu l’apprécier. Soto travailla comme professeur à l’université d’Oxford, prêchant et écrivant. Son séjour en Angleterre dura un peu plus d’un an, contrairement à ce que l’on croit, mais il suffit à le faire aimer. L’ambassadeur de Venise signale sa présence en mai 1555 et son départ, au grand déplaisir de la reine Marie et du cardinal Pôle, avant septembre 1556. Il attribue son départ à une demande de l’empereur, qui désirait consulter Soto avant de se retirer à Saint-Juste. Après que Charles-Quint eut pris le chemin de l’Espagne, Soto demeura quelque temps encore en Belgique, faisant imprimer à Anvers le travail qu’il avait écrit à Oxford, comme lui-même le dit dans sa Defensio catholiæ confessionis, Anvers, 1557. Il retourna ensuite en Espagne ; en juin 1558 il figure comme prieur de Talavera, où il avait déjà exercé la même charge avant d'être nommé confesseur de Charles-Quin'. Le 22 août 1558 il fut nommé vicaire général des Indes (c’est-à-dire de l’Amérique espagnole), charge qu’il n’accepta pas, croyons-nous, puisque le P. général Justiniani lui nomma un substitut en cas de refus. En revanche il exerça la charge de vicaire provincial de la province d’Espagne, parce que l'élection de Melchior Cano, en date du 19 avril 1559, n’avait pas été confirmée. Cano se heurtait en effet à l’opposition du pape ; vainement la province l’avait-elle élu provincial en 1557, puis à nouveau en 1559, elle ne réussit pas à désarmer l’opposition de Paul IV, très ennemi de l’Espagne. En février 1560, Soto quitta ses fonctions de vicaire, l'élection de Cano ayant enfin été confirmée. A la même époque Soto intervint dans la cause de Carranza, archevêque de Tolède, arrêté le 22 août 1559. Cf. ci-dessus, col. 2426. Convaincu de l’innocence de celui-ci il fut son continuel défenseur en Espagne, à Rome et à Trente.

En juillet 15(51, Soto arrivait à Home, ayant été nommé théologien du pape au concile. Sa nomination porte la date du 9 mai 1501 ; en juin 1562 Soto intervenait dans les discussions conciliaires. Les témoins oculaires ne tarissent pas d'éloges sur son compte. Le Il juin 1562, Mutius Calino écrit : « Demain c’est le

tour de parole du P. Soto et par suite de l’opinion que l’on a communément de sa piété et de sa doctrine, on se réjouit beaucoup de l’entendre. » Concil. Trident., t. viii, p. 546, Le 15, il écrivait : « Nous eûmes, l’un de ces matins, le P. Solo, qui parla avec beaucoup de doctrine, de gravité et de prudence, » Soto mourut à Trente le 20 avril 1563 ; sa mort fut un vrai deuil et ses funérailles furent célébrées avec un grand concours de prélats en l'église dominicaine de Saint-Laurent de la même ville. L'évêque espagnol Mendoza et le cardinal liosius, témoins oculaires, déclarent que « sa mort n'était pas une petite perte » (Concil. Trident., t. ii, p. 678) et « qu’il a été regretté par tout le concile, pour avoir été un homme de singulière doctrine et de grande bonté ». Dès qu’il avait appris sa maladie, le cardinal d’Augsbourg, son ami, écrivait : Nihil mihi ad molestiam acerbius accidcrc potuit quam tua ; lilteræ de gravi morbo Pétri Soti, religiosissirni, prudentissimi ac doctissimi, mihique carissimi et mei amanlissimi viri. Saint Ignace de Loyola, saint Pierre Canisius, Lindanus, Stapleton, le cardinal Seripando, Noguera, Banez, tressèrent à son honneur une couronne d'éloges qui peuvent se résumer en la phrase du cardinal Hosius : dix quemquam hominem hœc nostra sœcula tulerunt sanctiorem.

En fait il avait beaucoup travaillé pour la convocation du concile ; de par sa charge de confesseur de Charles-Quint il était intervenu en toutes les controverses qui s'élevèrent, et finalement il mourait en cette même ville de Trente peu de temps avant que prît fin la célèbre assemblée. Quant à son action politique, qu’il suffise de rappeler qu’il intervint dans les négociations pour la paix de Crépy entre l’empereur et le roi de France, en compagnie d’un autre dominicain espagnol, le P. Guzman, confesseur de la reine, dans toutes les guerres contre les protestants de 1542 à 1548, dans les diètes réunies en ces mêmes temps et spécialement à celle d’Augsbourg, où fut publié le fameux Intérim, que beaucoup d’historiens, entre autres Pastor, ont critiqué sans motif, on pourrait dire sans l’avoir lii, puisque la doctrine de ce document est tout ce qu’il y a de plus catholique et ne s'écarte pas de ce qui a été défini à Trente, étant l'œuvre de Pierre de Soto, Dominique de Soto et Malvenda. trois théologiens de renom. Cf. ci-dessus, col. 2424. Enfin Pierre de Soto intervint en toutes les discussions entre le pape et l’empereur Charles-Quint dans les années 1542-1548 et même ensuite, en cherchant toujours l’harmonie entre les deux pouvoirs. Les papiers des nonces, en ces années, sont un journal de ce que disait et pensait Pierre de Soto et lui donnent toujours de grands éloges. Nous pouvons affirmer que, dans la volumineuse correspondance, parfois secrète et chiffrée, que nous avons lue et qui provient des personnages les plus divers, séculiers ou ecclésiastiques, nous n’avons pas rencontré une seule phrase défavorable pour Solo, bien que fréquemment fussent en jeu les intérêts les plus divers et les plus vives passions politiques.

IL Œuvres. — L’activité littéraire du théologien dominicain s’est déployée en trois directions et nous pouvons diviser ses œuvres en trois classes : œuvres catéchétiques, œuvres de controverse avec les protes tants, œuvres d’exposition doctrinale et de controverse avec les catholiques.

1° Œuvres catéchétiques. — 1. Institutionum libri 1res, dédiés aux fils du roi des Romains, Maximilien et Ferdinand, Anvers, 1551 et 1552 ; traduction allemande : Khurzer bcqrifj Catholischer Lehr dem gemeinen Christenlichen Volek, [ngolstadt, 1550, 1551 ; traduction flamande par Jean van (1er Ihegen, (). P., élève de Soto : Een cort begrijj) der warachtigher christelycher leerin ghen, etc., Louvain, 1554.

2. Compendium doctrinse catholiese, [ngolstadt, 1549,