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SOTO JioMIMnlK DE) SOTO (PIERRE DE)


sa défense. La polémique prenait ainsi un caractère virulent, et Catharin n'épargnait pas à son adversaire les paroles désagréables. A ces diatribes Soto répondit par une Apologia qua li. P. Ambrosio Catharino tpiscopo Minoriensi de certitadine graliæ respondet, qui eut au xvi 1 siècle au moins une douzaine d'éditions. L’introduction relevait la susceptibilité et l’esprit de contradiction de Catharin ; Soto y déchargeait son cœur de tous les griefs qu’il avait contre son adversaire, et spécialement pour sa prétention d'être le représentant de la théologie, alors qu’il y était presque étranger, sciant consacré bien plutôt à la jurisprudence : Ab ips> enim slalim tanpore quo jam œtale proveclus, ex jure consulte/ iheoloyus derepenie prodiisli, simul et uudire cœpisti in scholis et contra egregios scholarum doctores scribere. Cf. ici, t.xii, col. 2430.

A cette accusation et à la défense de la doctrine qu’exposait sur le cas en question le De natura et gratta, Catharin répliqua par un opuscule intitulé Expuryalio adversus A.pologiam, qu’il fit suivre d’une Confirmatio defensionis catholicorum pro possibili certitudine graliæ. Au point de vue doctrinal il ne faisait que se répéter, travestissant parfois, soit par excès d’audace, soit par manque de compréhension, les paroles de son adversaire, pour le mettre en contradiction avec lui-même, persistant à identifier l’opinion de Soto avec la sienne. Soto ne put se décider à le lire ; mais, deux ans plus tard, dans son commentaire sur l'épilreaux Romains, il fit quelques allusions aux idées de l'évêque de Minori, a quoi celui-ci répliqua, toujours avec la même âpreté, dans le prologue d’un autre commentaire de saint Paul, Venise, 1551, et finalement dans un nouvel opuscule intitulé Disceptationes, Rome, 1551, où il accumula, en cinq chapitres, toutes les différences doctrinales qui le séparaient de Soto : sur la certitude de la grâce sanctifiante, sur la prédestination, lanature du péché originel, le pouvoir du libre arbitre et l'état de nature déchue, sur l’abandon et l’endurcissement par Dieu. Ce livre non plus Soto ne consentit pas à le voir ; il savait d’avance que son adversaire, supérieur peut-être du point de vue littéraire, mais bien inférieur en théologie scolastique et surtout peu fidèle à saint Thomas, ne pourrait apporter aucune lumière nouvelle en ces problèmes, la discussion ne pourrait servir qu'à exaspérer les esprits.

Colmenares, Historia de la insigne ciudad de Segovia, 2e éd., Madrid, 1640 ; Pcliard, Scriptores ordinis prædicatorum, t. ii, col. 171 ; Beltrân de Heredia, El mæstro Domingo (Francisco) de Soto en la unlversidad de Alcala, dans La ciencia tomista, t. xliii, 1931, p. 357-373 ; t. xi.iv, 1031, p. 28-51 ; du même, El mæstro Domingo de Soto en la controversia de Las Casas co/i SepiUveda, ibid., t. xlv, 11)32, p. 35-49, 177-193 ; du mémo, D. de Solo, catedratico de visperas en la universidad de S(damanca, ibid., t. xlvii, 1938, p. 37-67 ; du même, L'/ mæstro Juan de LaPefla, Salamanque, 1930, p. 13-25 ; 1'. Du lien), Études sur Léonard de Vinci, t. iii, Les précurseurs parisiens de Galilée, Paris, 1913. Y. lil.l.l liAN DE tÏEREDIA.

    1. SOTO (Pierre de)##


2. SOTO (Pierre de), célèbre théologien dominicain d’Espagne, confesseur de l’empereur CharlesQuint et théologien du pape au concile de Trente (né en 1495-1500, mort en 1563). 1. Vie. II. Œuvres, (col. '2131). III. Doctrine théologique (col. 2435).

I. Vie.

Il naquit à Alcala deHénarès, qui quelques années plus tard deviendrait célèbre par son université. TOUS les historiens le font naître à Cordouc, mais sans fondement. Dans sa Defensio cathalicæ confessionis, éd. d’Anvers, 1557, p. 18, Soto nous dit luimême qu’il fut baptisé a Alcala. ubi sacro renaliis smn joute. On ne peut supposer que, né dans une ville, il aurait été baptisé dans l’autre, étant données la distance qui sépare Conloue d’Alrala et la coutume de

baptiser aussitôt les entants. Nous ne savons rien dises premières années, ni de ses parents, ni de la date

exacte de sa naissance. Sans doute on a l’acte de sa profession religieuse, mais ce n'était pas la coutume d’y consigner ni la date, ni le lieu du baptême. Nous savons qu’il avait un frère et un cousin, mais sans détails qui apporteraient des lumières sur la famille. Comme, au moment de sa mort, à Trente, on le disait vieux et accablé d’infirmités, nous pouvons supposer qu’il naquit entre 1495 et 1500. Selon les historiens du couvent des dominicains de Salamanque, il était étudiant de philosophie en l’université du lieu, quand il entendit l’appel divin qui le dirigeait vers l’ordre de saint Dominique. Cf. P. Cenjor, Historia de S. Estebân de Sulamanca, t. III, p. 595. Il prit l’habit le 30 mars 1518 et fil profession le 1 er avril 1519. C’est dans le même couvent qu’il a dû achever ses études philosophiques cl théologiques, à moins qu’il n’ait passé la dernière année à Tolède, où il reçut la prêtrise, comme il le dit lui-même : De/, cath. conj.. lue. cit. Nous doutons qu’il ait été élève de Yittoria, puisque celui-ci ne commença à enseigner à Salamanque qu’en 1526 et que Soto, dès juillet 1527, était au couvent dcTalavera, d’observance rigoureuse et de récente fondation, et qu’auparavant il avait séjourné quelque temps à celui de Tolède, où il fut ordonné prêtre, lui 1530 il figure encore à Talavera comme sous-prieur ; il dut s’y consacrer à renseignement et à la prédication jusqu’en 1532, année où il fut élu (en mars-avril) prieur d’Ocana, couvent du même genre que le précédent. Au chapitre provincial de Toro, en mai 1533, il fut honoré du titre de prédicateur général et proposé ad legendas Sententias pro forma et gradu magisterii, signe évident, d’après les règlements dominicains, qu’il avait exercé avec grand succès l’un cl l’autre de ces offices. En février 1535 il paraît comme prieur de Talavera et, en 1538, il occupe de nouveau la même place à Ocana. En 1542 fut fondé le couvent d’Aranda du Douro, lui aussi de rigoureuse observance, et Soto, en avril de cette même année, figure parmi les fondateurs. Au chapitre provincial de Benavente (1541), il est proposé comme maître en théologie avec Melchior Cano et, en 1543, le chapitre de Tolède les confirma tous deux en ce grade.

Tous ces détails permettent de pénétrer l’esprit de Soto. Dans les années où il prenait l’habit et faisait ses premiers pas connue religieux, triomphait définitivement, sous l’impulsion du I'. Hurtado, prieur à plusieurs reprises, la réforme, qui depuis plusieurs années cherchait à s’implanter. Pierre de Soto appartient à cette pléiade de théologiens qui surent unir la science et la vertu et qui sont la gloire de l’Espagne du xvi 1 ' siècle et de l’ordre de saint Dominique. Ses éludes terminées, nous le voyons toujours (de 1527 à 1542) dans les couvents de rigoureuse observance fondés pour assurer cette réforme.

Mais un jour il lui fallut abandonner le recueillement du cloître, qu’il aimait tant. C’est au couvent d’Aranda que vinrent le chercher les envoyés de Charles-Quint et, dès le début de juin 1542, il exerce la charge de confesseur de l’empereur ; il accompagne celui-ci dans tous ses déplacements, Intervenant dans les affaires les plus délicates, jusqu’au 15 août 1518, où il renonça à sa charge dans laquelle il eut pour successeur Domini que de Soto. Ci-dessus, col. 2 125. Mien que séparé de l’empereur, il ne laissa pas de rester en relation avec lui jusqu'à la mort du souverain.

De la présence de Soto en Allemagne et dans les Pays Pas, le général des dominicains, P. Pas Casas,

élu le 27 mai 1 5 12, profita pour nommer celui-ci vicaire

général de l’ordre pour la province de Germanie inférieure. A la mort de Pas Casas (novembre 154 1), son successeur, le P. François Romeo, le confirma dans (die charge et à la date du ti février 1517 étendit encore ses pouvoirs. Nous pensons qu’il exerça celle

fonction jusqu'à son départ de DilUngen pour l’An-