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1er ici les plus importantes : d’autant plus que, bien souvent, témoins Pierre Lombard lui-même et Gandulphe de Bologne, les points de contact entre ces sommes de droit et les sommes théologiques sont nombreux et leurs relations très étroites, ne serait-ce que pour tout ce qui concerne la sacramentaire et particulièrement l’administration du sacrement de pénitence. On est parfois fort embarrassé pour décider si telle ou telle somme De pænitentia ou De sacramentis ou De matrimonio relève plutôt du domaine juridique que du domaine théologique.

Pour ne mentionner donc que les plus connues, on trouve, vers 1146-1147, celle de Paucapalea, évêque à cette date de San Giusta en Sardaigne, éd. von Schulte, Die Summu des l’aucapalea iïber das Decretum Graliani, Giessen, 1890. Vers la même époque, celle de Roland Bandinelli. qui en- 1150 est créé cardinal et devient (1159-1181) le pape Alexandre III, éd. Thaner, Die Summa magistri liolandi, Inspruck, 1874 ; cf. GicU, Die Sentenzen Rolande, Fribourg, 1891. J. de Ghcllinck a longuement étudié l'œuvre de Gandulphe de Bologne, et montré les relations qui existent entre ses Sentences (ras. de Turin, A. 57 ; A. 115 ; de Heiligenkreuz, 242) et celles de Pierre Lombard qu’elles suivent de très près. Voir Le mouvement théologique du XIIe siècle, Paris, 1914, p. 178-21 1. I.a somme d’Etienne de Tournai, commencée avant 1159, achevée après 1161, a été éditée par von Schulte, Giessen, 1891. Entre 1157 et 1159 se place la somme de Rufin, qui devient évêque d’Assise en 1179 ; à l'édition de Schulte, Die Summa magistri Ru fini zum Decretum Graliani, Giessen, 1892, il faut préférer celle de Singer, Die Summa decrelorum des Magister Rufinus, Paderborn, 1902. Jean de Fænza a achevé sa Summa decreti (ms. de Munich, lai. 3873) après 1171. C’est entre 1174 et 1179 que se place celle de Simon deBisiniano, ms. de Bamberg, D. 11. 20. Cf. von Schulte, Zur Geschichle der Lileratur ùber das Dekret (iratians, dans Sitzungsberichte der k. Akademie der Wisscnschaft, Vienne, t. LXIII, 1870, p. 336 sq. On a ensuite vers 1183 la Summa de Sicard de Crémone (Vat. Palat. 362 ; Munich, lai. 4555). Puis, vers 11851186, la Summa super Decretum que conserve le ms. de l’université de Leipzig 986, citée sous le nom de Summa Lipsiensis ; voir à son propos von Schulte, Die Summa Decreti Lipsiensis dans les Sitzungsberichte de Vienne, t. i.xviii, 1871, p. 37-54, et Heyer, dans 771eolog. Revue, t. xi, 1912, p. 190.

Après 1 1 87 se place la Summa de Huguccio de Fcrrare, le disciple de Gandulphe et le maître d’Innocent III (ms. de Cambrai, 612 ; de Bamberg, /'. II. 28). Puis une série de sommes anonymes : la Summa Coloniensis (Bamberg, D. II. 17) ; la Summa Parisiensis (Bamberg, P. II. 26), voir von Schulte, Sitzungsberichte, t. lxiv, 1870, p. 119 sq. La Summa dite du manuscrit de Sulon (Vatic. lat. 1345), analysée par I'. Fournier, qui voudrait la dater de 1 130-1 135, dans Biblioth. de V Ecole des Chartes, t. lviii, 1897, p. 664 sq. Et à la fin du siècle celle de Simon de Tournai. Puis, datis le xiire siècle, il faut relever les sommes De panitentia et De matrimonio de Raymond de Penaforl (vers 123 1-1237) ; la Summa (de sponsalibus et matrimonio) de Tancrède de Bologne (t vers 1235) ; celle de Geoffroy de Trano, Summa (ou plutôt compendium) super rubricis Decretalium, qui eut de nombreuses éditions. Roffredus de Epiphanio (t vers 1243) est lui aussi l’auteur d’une somme restée Incomplète puisqu’elle n’a que sept parties sur les douze prévues ; éditée elle aussi à plusieurs reprises. Vient ensuite l’Hostiensis, Henri de Ségusc, cardinalévêque d’Ostic en 1261, dont la Summa super tilulis Decretalium a reçu souvent le nom de Summa aurea. Il faudrait encore citer Pierre de Sampsone, de Nîmes, professeur à Bologne, qui composa une Summa decretalium ; Bernard de Panne, mort en 1266 ; Bonaguida

Avogadro Aretinus, auteur d’une Summa introductoria super ofjlcio advocationis ; et enfin Monaldus de Capo d’Istria.O. M. († 1285). quia composé une Summa juris canonici et une Summa casuum conscientiæ, appelée encore, comme dans le catalogue des libraires de l’université de Paris en 1275, Summa Monaldi ou Summa Monaldina. Ce ne sont encore là que quelques noms des plus connus. Leur énumération déjà bien longue laisse entrevoir du moins comment on aurait tort de vouloir présenter comme un genre unique, réservé à la faculté de théologie et opposé aux Sentences, les productions nombreuses que le xir 3 et le xiiie siècles ont baptisées du nom de sommes.

Il faut d’ailleurs, afin de dégager davantage encore le terrain, rappeler comment, à côté des œuvres strictement théologiques auxquelles on aboutira bientôt, et de ces travaux canoniques, on trouve encore d’autres compositions organiques, systématiques, relativement brèves, qui portent ce même nom.

2. Sonunes de grammaire, de logique ou de philosophie, etc. — De vraies sommes en effet se rencontrent en d’autres facultés et pour d’autres disciplines que la théologie et le droit. On en pourrait citer pour la médecine ; mais elles ne présentent guère d’intérêt pour notre problème. Par contre celles qui touchent à la faculté des arts sont plus proches déjà : Sommes de grammaire, sommes de logique, sommes de philosophie naturelle réclament au moins une mention. On connaît assez, dans le premier genre, les Summulæ logicales de Pierre d’Espagne (le futur pape Jean XXI), voir M. Grabmann, Handschriftliche Forschungen und Funde zu den philosophischen Schri/ten des Pelrus Hispanus, des spàleren Papstes Johannes XXI.. dans Sitzungsberichte der bayerischen Akademie…, Munich, 1936. Et dans son voisinage les sommes analogues de Guillaume de Shyreswood, Paris, Bibliothèque nationale, lat. 16 617, fol. 1-46, et Lambert d’Auxerre, ibid., lat. 16 617 ; 13 966 ; 7 932 ; Erfurt, Amplon. D. 66. Ou encore la Summa grammaticalis de Jean le Dace ; la Summa grammaticæ de Boger Bacon et, de lui aussi, la Summa de sophismatibus ; la Summa grammaticalis du pseudo-Albert le Grand ; et l’opuscule, inauthentique d’ailleurs, de saint Thomas, la Summa totius logicse.

Puis, débordant le domaine de la seule grammaire ou de la logique, cette Philosophia pauperum, souvent appelée dans les manuscrits Summa naturalium, éditée parmi les œuvres d’Albert le Grand, et dont l’authenticité demeure toujours àprement discutée. Voir P. Mandonnet, Albert le Grand et la Philosophia pauperum, dans Rcik nco-scol., t. xxxvi, 1934, p. 230-262. Dans ce domaine encore de la philosophie : la Summa de anima de Jean de La Rochelle se présente aussi comme une belle tentative, et de même la Summa de esse <t essentia de Jean Peckham, qui est plutôt un opuscule qu’une large somme, éd. F. Dclorme, dans Studi francescani, t. jerv, n. 1. De même également, encore qu’il ne porte point explicitement le nom de somme, le fameux Sapientiale de Thomas d’York ; voir l'étude de E. Longpré : Fr. Thomas d’York. La première somme métaphysique du xi/ie siècle, avec la table des matières, dans Archiv. franc, histor., t. xix, 1926, p. 875-930 ; ou encore la Summa philosophiæ éditée par L. Baur à la suite des ouvrages de R. Grossetête.

Il ne faut pas oublier non plus, encore qu’elles tendent plus immédiatement à la pratique, ces Summa dictaminis qui se multiplient également vers ce même temps : celle d’un Thomas de Capoue, par exemple ; la Summa artis notariée d’un Rolandlnus de' Passagieri ; la Summa dictaminis de Jacques de Dînant, etc. Voir Wilmart, dans Analccta Reginensta, p. 113-151, Studi e testi, t. lix, Vatican, 1933. Le même Jacques de