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SOARÈS (FRANÇOIS) — SOCIALISME

nommé recteur d’Évora, il suivit à l’armée ses étudiants, appelés à défendre leur pays, et y mourut à Jurumenha, dans l’explosion d’une poudrière, le 19 janvier 1659.

On a de lui un Cursus philosophicus in quatuor tomos distributus, Coïmbre, 1651, rééditions à Évora en 1670 et 1701-1703 ; et un ouvrage posthume sur la pénitence : De virtute et sacramento pænitentiæ tractatus octo… Évora. 1678, in-fol., 642 p. Sommervogel indique en outre plusieurs inédits du P. Soarès.

Sommervogel, Bibl, de la Comp. de Jésus, t. vii, col. 1328 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iii, col. 1198 ; Ant. Franco, Imago da virt. em o novic. de Lisboa, p. 615-629 et Anno santo da Comp. de Jesus em Portugal, Porto, 1931, p. 30-32.

R. Brouillard.

SOBRINO Antoine, frère mineur espagnol. — Originaire de Salamanque, il appartint d’abord à la province franciscaine de Saint-Joseph et passa ensuite à la province des mineurs déchaussés de Valence, dans laquelle il exerça plusieurs charges : maître des novices, gardien et provincial. Prédicateur de la cour royale, il jouit de la pleine confiance de Philippe III. Il prit aussi une part active dans les polémiques qui s’agitaient à cette époque en Espagne autour de l’immaculée conception et fut l’objet de dures persécutions à cause de l’acharnement avec lequel il défendit ce privilège de Marie ainsi que l’innocence de Jérôme Simon. Il mourut en odeur de sainteté le 10 juillet 1622 ; deux ans à peine après sa mort, on entama son procès de canonisation, au sujet duquel Philippe IV écrivit lui-même, le 23 décembre 1624, au pape Urbain VIII. Ce procès toutefois n’aboutit pas. Outre plusieurs ouvrages se rapportant à la sainte Écriture et à la prédication, il composa un traité De singulari privilegio ac mysterio immaculatæ Deiparæ Virginis (en espagnol) qu’il envoya à Paul V ; un Viridiarium inédit (en espagnol), qui contient des Fabulæ gentilium moralizatæ, des Emblemata moralizata, des Exempla varia ; un traité De virtutibus et vitiis ; des Annotationes morales in Apocalypsim : un traité De aphorismis Hypocratis ad mores et des Loci communes de virtutibus ; un traité De vita spirituali et perfectione christiana, Valence, 1611.

L. Wadding, Scriptores ord. min., 3e éd., Rome, 1906, p. 30 ; J.-H. Sbaralea, Supplementum, 2e éd., t. i, Rome, 1908, p. 96, où on peut voir la liste des ouvrages composés par Antoine Sobrino ; Arthur de Munster, Martyrologium franciscanum, Paris, 1653, p. 622 ; J.-M. Pou y Marti, El P. Fr. Antonio Sobrino, dans Archiva ibero-americano, t. viii, 1917, p. 487, où est éditée la lettre de Philippe IV à Urbain VIII ; le même, Ambajadas de Felipe III a Roma, pidiendo la definiición de la inmaculuda concepción de Maria, dans la même revue, t. xxxiv, 1931, p. 377, 395, 398, 402, 410 ; t. xxxvi, 1933, p. 13.

A. Teetært.

SOCIALISME.I. Introduction. II. La structure idéologique du socialisme, col. 2279. III. Les formes historiques du socialisme, col. 2296. IV. Critique, col. 2318.

I. Introduction.I. LE MOT ET LA CHOSE. — On ne sait pas exactement qui a employé pour la première fois le mot de socialisme. Pierre Leroux prétendait s’en être servi dès 1832. Le vocable fut mis en vogue par Louis Reybaud : Études sur les réformateurs ou socialistes modernes, 1839, et par Robert Owen, What is socialism ? 1841. Il y a lieu de noter que le mot de communisme (voir ce mot, t. iii, col. 374) est beaucoup plus ancien.

A peine était-il nommé que le socialisme semblait mort. L. Reybaud écrivait en 1843 : « Le socialisme avoué est donc fini ou bien près de finir… Le socialisme est fini ; il faut en effacer les derniers vestiges. » Études sur les réformateurs, t. ii, p. 51 et 69. Les économistes enregistraient l’acte de décès, en 1852, dans le Dictionnaire d’économie politique : « Parler du socialisme aujourd’hui, c’est prononcer une oraison funèbre ». En 1871, après l’écrasement de la Commune, avec l’interdiction de l’Internationale et la répression des menées anarchistes, on renouvelait le constat. Cependant, vers la fin du xixe siècle, on vit se propager le socialisme marxiste et si G. Sorel en 1910 proclamait « la décomposition du marxisme », c’était pour célébrer l’avènement du syndicalisme révolutionnaire, héritier plus résolu et plus fougueux. Après la guerre de 1914-1918, on assista à un nouveau sursaut de socialisme marxiste ; mais l’on ne tarda pas à se convaincre que la doctrine se disloquait de plus en plus, cédant à la pression des nécessités politiques et abritant le plus souvent des intérêts nationalistes, voire capitalistes. C’est pourquoi, s’il existe encore en Europe un grand pays officiellement attaché au socialisme, si maints parlements continuent d’entretenir un parti ou des fractions socialistes diversement teintés, plusieurs auteurs informés et réfléchis, comme le R. P. Fallon, Principes d’économie sociale, 5e éd., 1935, p. 156, ou M. l’abbé J. Leclercq, Leçons de droit naturel, t. iv, 2e partie, Travail et propriété, 1937, p. 253-254, estiment que le socialisme, une fois de plus, est sur son déclin. Tout ce qu’il contenait de bon, c’est-à-dire certaines réformes heureuses qu’il préconisait, se trouve maintenant acquis ou en voie de réalisation ; mais l’esprit du système, le ferment révolutionnaire, bref, son venin est éliminé. Après avoir fait beaucoup de bruit, il a perdu à peu près toute son importance. Comme toute réaction, il disparaît avec le système qu’il combattait et dont il vivait. Non qu’il ait réussi à dresser une société nouvelle sur les ruines du capitalisme individualiste et libéral. Mais, nourri des principes mêmes dont il combattait certaines applications et dont il prétendait redresser les effets logiques, il se vide de son contenu, il se résorbe en des idéologies nouvelles, ici démocratiques, là totalitaires, à mesure que s’assouplit et que se dissout le système libéro-individualiste.

L’événement vérifiera-t-il, cette fois, le pronostic, nous ne savons. Mais l’expérience passée nous invite à une grande réserve en nous démontrant la nature particulièrement mouvante du socialisme ; il est dans une mue perpétuelle, au dire de Bebel. En 1843, en 1852, en 1871, en 1910, en 1920, si les observateurs les plus perspicaces constataient la déchéance d’une forme déterminée de socialisme, chaque fois cette doctrine caméléon reparaissait sous une autre forme et reprenait de plus belle son empire sur les esprits. Rationaliste, utopique, sentimental, scientifique, évolutionniste, pragmatiste, international, nationaliste, le socialisme s’est présenté ainsi tour à tour. Dès lors le connaîtrons-nous suffisamment dans sa vérité permanente et profonde si nous nous contentons de dérouler le film de ses apparences successives ? Et pouvons-nous déposer toute inquiétude, mépriser désormais le péril socialiste, sous prétexte que le socialisme contemporain se dissout, que le masque auquel il nous a habitués ne séduit plus personne et s’estompe dans la banalité ? En fait, nul ne le sait.

II. ESSAIS DE DÉFINITION. — C’est que les auteurs ne se sont jamais mis d’accord sur une définition du socialisme. Chacun apporte la sienne et les avis ne divergent pas seulement par quelques nuances, mais parfois sur l’essentiel. Souvent on se passe de toute définition précise et l’on voit du socialisme dans tout effort tenté pour l’amélioration des conditions de vie du plus grand nombre ; par là, il est aisé d’introduire la notion d’un socialisme chrétien, voire d’identifier christianisme et socialisme.

Remarquons encore que P. Leroux, en forgeant le