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SMITH JOSEPH
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suivra jusqu’à la fin des temps. L’Église îles saints du dernier jour en possède, du reste, le monopole exclusif. L’Esprit-Saint parle toujours au monde, mais il ne parle qu’aux prophètes mormons. La Foi aveugle aux prophètes qui la dirigent est l’essence de l’Église mormone.

Ce premier dogme a « les conséquences que ne sem bleui pas soupçonner ses adhérents. Le prophétisme, n’ayant d’autre règle que lui-même et s’inspirant ((instamment de circonstances changeantes, est exposé a se contredire souvent. La théologie mormone évolue sans cesse et souvent sans vouloir en convenir et sans s’en douter. Des éléments qui étaient au premier plan, comme la polygamie, passent au second ou sont complètement abandonnés. Le prophétisme se montre opportuniste, ce qui est dangereux pour une doctrine soi disant divine. Il suit de la qu’il n’y a aucune fixité dans les croyances mormones, bien que l’Église des saints soutienne, contre l’évidence, qu’elle professe toujours la même foi et nourrit les mêmes aspirations.

En 1842, Joseph Smith avait donné un abrégé du Credo des mormons. Il admet le dogme de la Trinité, mais il nie que les hommes puissent être punis pour le péché d’Adam. Selon lui, le salut est ouvert à tous les hommes, sous la condition de l’observation des commandements de l’Évangile, qui sont la foi, la pénitence, le baptême par immersion pour la rémission des péchés, l’imposition des mains pour la réception de l’Esprit-Saint. Les mormons estiment que rien n’est plus immoral que le dogme de la justification par la foi sans les œuvres. Pour eux, au contraire, la foi est toute dans l’observation des préceptes et la soumission aux autorités de la secte. Selon Smith, l’Église des saints possède tous les pouvoirs et tous les dons surnaturels de l’Église apostolique du premier siècle de notre ère. Elle réunira un jour tout le peuple d’Israël et rétablira les douze tribus. I.a ville de Sion sera bâtie sur le territoire américain et le Christ viendra en personne régner sur la terre, qui sera renouvelée dans une splendeur paradisiaque. A l’entendre, la morale mormone se réduit à mener une vie pure, honorable, chaste, bienfaisante. Mais, par le mot chaste, il entend que la polygamie est non seulement permise, mais recommandée.

Ce qu’il y a de plus déplorable, dans cette t néologie, c’est la conception de la divinité. Visiblement, Smith a cédé à des vues toutes matérialistes, suis même s’en apercevoir et par pure ignorance religieuse et philoso phique. Les mormons abusent de la phrase biblique selon laquelle l’homme a été fait à l’image et ressem blance de Dieu. Ils en concluent que, pour connaître Dieu, il n’y a qu’à regarder l’homme. Ils tombent ainsi dans un anthropomorphisme enfantin. Dieu avant Freud, Smith faisait, inconsciemment, de L’union des sexes le centre de la psychologie non seulement humaine, mais universelle. A l’en croire, rien n’a été créé, tout a été engendré. In mundi primordns br<> femina ered, il j avail en Dieu un élément féminin, à l’origine des choses. Dieu est marié à un grand nombre de Femmes. Ses enfants sont nombreux comme les

grains de sable de la mer. il semble « pie lui-même ait été engendré par la matière intelligente mariée à l’i fini. Dieu habile la planète Kolob. Il a engendré une Infinité de dieux, dont la fonction principale est de fournir des âmes pour Us corps engendrés sur la terre ci dans les autres planètes habitées. Le Dieu engendré

de notre planète fut Adam. C’est le seul Dieu auquel

nous ayons a faire, i Nous devenons dieux nous mêmes par la sainteté, l.’Esprit de 1)leu, répandu partout. est

la plus subtile des substances matérielles, lai le recevant, nous entrons en possession du germe de la déité, qui ne cessera de grandir ici bas et après notre mort.

en nous. I.a chute d’Adam fut un bienfait. C’est grâce à elle que le genre humain a pris naissance.

En ce qui concerne les sacrements, les mormons ne sont pas bien fixés sur leur nombre. Les principaux sont le baptême et la cène. Le baptême est strictement obligatoire, mais il n’est valide que par immersion et pour les adultes. Le baptême des enfants est une solennelle plaisanterie », car les enfants n’ont point de péchés à effacer. Par contre, on peut conférer le bap tême à des morts qui n’ont pu le recevoir de leur vivant. On connaît ceux qui sont dignes de ce baptême posthume par la bienfaisance de leur vie. Les mormons l’ont conféré sérieusement à des hommes illustres et populaires tels que Washington, Franklin, Lincoln, etc. Aussitôt après le baptême, les mormons prati quent l’imposition des mains qui est analogue à notre confirmation.

Pour l’eucharistie, une révélation adressée a Smith vint interdire l’usage du vin fermenté, ne permettant que le jus de la grappe non fermenté. Et comme il n’est pas possible, en toute saison, d’en avoir, on trouva plus commode, dans la suite, de le remplacer par de l’eau. I.a cène, au pain et à l’eau, est pratiquée Chaque dimanche. On distribue les éléments consacrés à tous les communiants assis à leurs stalles respectives. Il existe des rites secrets pour le mariage de certains mormons et ces rites sont probablement empruntés à la franc maçonnerie.

Le culte public consiste en des chants, des pneus. la célébration de la cène, une prédication et. aux jours plus solennels, une bénédiction des assistants par les patriarches de la secte. Les chants sont accompagnés de belle musique. Le sermon porte rarement sur une question religieuse ou morale, presque toujours sur des problèmes politiques OU économiques du moment Il y entre souvent des récits de visions, de prophéties, de révélations, de miracles et de guerisons exl raordi n aires. Cette prédication ne tend jamais à élever les âmes vers l’invisible et le spirituel proprement dit, mais seulement à procurer l’acquittement ponctuel des dîmes religieuses et la soumission aveugle aux auto rites de l’Église. Les tidèles s’engagent à n’être entre les mains de leurs chefs qu’une cire molle, un Chiffon trempé dans du suif

L’Église des saints du dernier jour est une théocratie rigide. Le prophétisme qui en est l’âme se confond strictement avec la hiérarchie. Nul n’a droit aux Inspl rations d’en haut qu’à proportion de son grade. Au sommet de la hiérarchie, il y a la présidence. Formée d’un président et de deux conseillers. Ce triumvirat forme ce que les mormons appellent The COtincil o/ /P(' /ir.s/ président i). Le président a un pouvoir Illimité, ses deux assesseurs, un pouvoir seulement consultatif. Lui seul est, pour toute l’Église, > le Prophète, le Voyant, le Révélateur ».

u dessous de la « première présidence ", se trouve le collège des Douze Apàlres. Us sont chargés de l’ex pansion du nom du Christ dans tout l’univers. C’est ce collège qui gouverne dans les Interrègnes qui suivent la mort du président. Plus bas viennent les chefs de districts ecclésiastiques, puis les patriarches, ensuite les grands-prêtres, en dernier lieu les anciens ou sim pies ministres avant droit de prêcher, de baptiser et d’imposer les mains. Il y a donc un très grand nombre d’officiers dans cette Église, en moyenne un pour cinq tidèles, car en dehors de l’ordre de Melchisédech, coin pose comme on vient de le dire, il v a l’ordre d’Aaron, comprenant par degrés superposes : les évèqucs, les prêtres, les docteurs, les diacres. Les membres de cette seconde hiérarchie sont chargés surtout des questions temporelles. Avec celle année de fonctionnaires, le président tient tout son peuple en main. Le système d’assistance sociale est très développe et le régime