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S I X T E I > E S 1 1. N I. S K A H C, A ( P I E R R I

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points des textes sacrés de l’Ancien Testament ; le 1. VI étend cette étude au Nouveau Testament ; les 1. VII et VIII sont une apologétique de l’Ancien et du Nouveau Testament. On ne lit plus guère Sixte de Sienne, mais avec Richard Simon, on continue à rendre hommage à la parfaite qualité intrinsèque île son exégèse, en tous points remarquable pour l'époque où il écrivait.

Touron, Histoire des hommes Illustres île l’ordre île SaintDominique, t. iv, 1718, p. 287-294.

M. M. GoRCl. SKARGA Pierre, jésuite polonais (1536-1612).

— Prédicateur et patriote, controversiste et réformateur politique, écrivain classique et prophète, le 1'. Pierre Skarga est une des belles figures de l’histoire religieuse de la Pologne. On va, dans cette notice, esquisser à grands traits son histoire.

Années de formation.

Pierre Skarga naquit en

février 1536 à Grojec, à quelques kilomètres au sud de Varsovie, dans le duché de Mazovie, province depuis dix ans rattachée à la Pologne, qui était et allait se montrer spécialement réfractaire aux doctrines protestantes. La famille était de petite bourgeoisie. On a cru longtemps que le nom de Skarga devait son origine à un sobriquet (skarga, plainte) donné au père de l’ierre, qui aurait eu une ascendance noble et porté le nom de Paweski : c'était une erreur.

En 1552, Pierre est inscrit à l’académie de C.racovie ; il en sort, deux ans après, bachelier ès-arts. En juin 1555, il dirige une école paroissiale de Varsovie, lui 1557, il devient précepteur de Jean, fils du palatin de l.ublin, André Teczynski. Précepteur et élève sont à la cour de Vienne en 1560-1561. Peut-être est-ce là que Skarga aura apprécié l’action apostolique des jésuites.

A son retour d’Autriche, il est « familier » de l’archevêque de Gniesno, Uchanski, primat et légat-né du Saint-Siège (1502-1581), lui aussi grand protégé des Teczynski, bien qu'à bon droit suspect de complaisance protestante. Skarga aspire à entrer dans les ordres. La pénurie des vocations est extrême. I.es défections se multiplient, souvent retentissantes. En 1567, ne verra-t-on pas le scandale de l'évêque-ambassadeur d’Autriche en Pologne passant au protestantisme ! A la cour de l’archevêque, le jeune homme étudiera donc, seul, semble-t-il, philosophie et théologie. Bientôt son ancien élève lui olïre la cure de Bohatyn, dont il est collateur. Il l’accepte et revoit la prêtrise en 1564, des mains de L’archevêque de Léopol, qui peu auparavant l’avait fait chanoine. Mais à son zèle le ministère paroissial ne suffit pas. Pauvres, malades, prisonniers, condamnés l’attirent ; et surtout les innombrables hérétiques qu’il est impatient de ramener à l'Église. Survient la visite du nonce Coniinendone, qui en 1564 fait admettre par le diocèse de Léo pol les décrets de Trente. Cas de conscience pour ce jeune curé. Incapable de « résider », il renonce à sa cure et se donne tout entier à la prédication, faisant dès lors des conversions merveilleuses. Telle est sa réputation qu’il est prie, en 1566, d’entrer comme chapelain dans la maison d’un Important seigneur, Jean Christophe Tarnowski, récemment gagné a l’hérésie, et dont Commendone redoute l’influence. Et tel est. de fait, son don de convertisseur, qu’en quelques mois il a retourné ce Jean-Christophe, qui d’abord ne l’avait accepté chez lui qu'à la prière de sa femme.

Skurgu jésuite.

Rentré à Léopol en 1567 et

choisi par le chapitre connue son prédicateur officiel,

Skarga est désormais l’ecclésiastique le plus eu vue du diocèse. Bien qu’il n’ait pas trente-deux ans, on près sent en lui un des champions de la contre réforme. Lui, pourtant, n’est pas satisfait. Par désir de perfection et en vue de s’armer pour la lutte protestante, il part en octobre 1568, pour de main 1er a l’oinc son admission

dans la Compagnie de Jésus. Après de multiples étapes, à Vienne notamment, où il rend visite à son ami Commendone, il arrive enfin dans la Mlle éternelle et il est reçu par saint François de Borgia au noviciat de Saintvndré, le 2 février 1569, six mois après la mort de son jeune compatriote, saint Stanislas Kostka.

Son noviciat achevé, Skarga rentre en Pologne (mai 1571) et rejoint le collège de Pultusk, fondé depuis cinq ans, où il est nommé professeur. Ses classes, d’ailleurs, ne l’empêchent pas de prêcher. En octobre il reprend contact avec ses chers auditeurs de Léopol ; au printemps de l’année suivante le nonce Portico le fait parler plusieurs fois devant la diète, à Varsovie. Au surplus, les événements politiques vont concentrer son attention. Le roi Sigismond II meurt en juillet 1572. Pendant l’interrègne, qui favorise l’effervescence des passions politico-religieuses, les dissidents se mettent d’accord pour signer le pacte dit « confédération de Varsovie » (28 janvier 1573), menaçant ainsi les intérêts catholiques. Skarga se rend compte du danger. Il déplore cette < confédération » que, jusqu'à la liii, il dénoncera.

3° A Vilna et à C.racovie. aux prises avec les protestants. — La peste de 1572 avait emporté treize Pères au collège que les jésuites venaient d’ouvrir à Vilna. Skarga y est envoyé au printemps de 1573. Il sait la Lithuanie fortement travaillée par le protestantisme ; mais cela ne l’effraye pas. « Nous avons ici nos Indes », écrit-il. Son premier travail est d’instruire les trois frères du prince Radziwill, dont il obtient l’abjuration en 1574, coup sensible porté à l’hérésie. L'évêque le nomme prédicateur ordinaire de la cathédrale. Avec le P. Warzewïcki, recteur du collège, il ouvre une série de conférences contradictoires. A Noël 1575, abjuration de soixante-sept hérétiques.

Au ministère de la parole il va d’ailleurs ajouter l’apostolat par la plume. Un des chefs de file des calvinistes lithuaniens, André Wolan, vient de lui dédier, par défi, une dissertation sur la doctrine des Pères touchant l’eucharistie : Vera et orthodoxa veteris Ecclesiæ sententia de sacramento Cor/wris et Sanguinis J. C. ad P. Scargam, Losk, 1574. L’opuscule fait du bruit. Condamné par l'évêque, il a été adressé pour réfutation au jésuite Turrianus (François Torrès), professeur au Collège romain, qui rédige contre lui un savant De eucharistia, Florence, 1575. Mais, à Vilna, on souhaiterait une parade directe et personnelle. Skarga publie : Pro sacralissima eucharistia, Vilna, 1576, in-8° ; Braunsherg, 1700, 1707, in-4°. Il y étudie la transsubstantiation, la présence réelle, la communion des indignes. Ce plan lui est sans doute suj^éré par son adversaire. La documentation patristique est abondante, la théologie adaptée, la sérénité… relative. En même temps, l’auteur fait répandre une petite brochure : Conlradictiones et antilogia scholm calvinistx, Vilna, 1576, in-4° ; Braunsherg, 1707, où il résume et souligne Imites les erreurs du livre de Wolan. Voir la dessus une étude d’Ed. Swiccki, Skarga ut dejensor catlwlicim

doctrirue de eucharistia, Lwow, 1928, en polonais.

Quelques mois plus tard paraît en langue polonaise le traite De l’unité île l'Église de Dieu sous un seul pus leur et du schisme des (, rccs. Il est dédié au prince

Constantin Ostroski, favorable a l'Église ruthène

orthodoxe, lue traduction latine laite à l'époque, à Rome, existe encore manuscrite. Cet ouvrage est la mise en ccuvre des serinons sur le schisme prêches les années précédentes a Vilna. H vise à éclairer les schistnatiques ruthènes, en réfutant les calomnies qui circulent clic/, eux contre Rome. Il établit donc d’abord l’unité de l'Église, retrace ensuite l’histoire de l'Église grecque depuis Constantin jusqu'à la chute de Constantinople, et s’achève sur un vibrant appel à l’union. Œuvre théologique sérieuse, bien que, du point de vue