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qui restait leur roi légitime. Après la mort du duc de Guise, Henri [II, à Plessis-Iez-Tours, s’allia au Béarnais. Tous deux marchaient sur Paris, quand le peuple excite par le clergé et par le décret de la Sorhonne qui, le ? janvier 1589, avait déclaré que le peuple français était délié du serment de fidélité envers Henri III, lit éclater --a fureur contre le roi ; tout ceci devait amener, à échéance plus ou moins lointaine, l’assassinat d’Henri 1Il par Jacques Clément (1° août 1589). Or. après l’alliance d’Henri III avec le Béarnais, Sixte Y. fidèle à sa ligne de conduite selon laquelle la France devait se libérer elle-même, avait patienté, convaincu que, s’il s’alliait aux ligueurs, il avantagerait ou les huguenots ou ceux qui, sous couleur de défendre le catholicisme, visaient un but politique, comme les (luises et Philippe II. Comme Henri III ne voulait la victoire d’aucun parti mais la réconciliation du Béarnais avec Borne. Sixte V était entré complètement dans ces vues et s'était déclaré prêt à recevoir Henri de Navarre, pourvu qu’il se fit catholique. A la fin pourtant, il s'était résolu, le 12 mai 1589, à envoyer un monitoire à Henri III, dans lequel il se bornait toutefois à le sommer, sous peine d’excommunication, de remettre en liberté dans les dix jours le cardinal de Bourbon et l’archevêque de Lyon et de comparaître à Borne. Quand il apprit la terrible fin du roi de France. Sixte V y vit un juste châtiment : le sang appelle le sang. Cf. Ch. Poulet, op. cit., p. 782.

Cependant Henri de Navarre, aune délégation de seigneurs catholiques qui étaient venus lui demander de renoncer au protestantisme, répondait qu’il ne pouvait abjurer sur le champ sa religion, mais qu’il était prêt à se faire instruire par un concile national ou provincial qui se réunirait dans les six mois et à maintenir exclusivement l’exercice de la religion catholique dans tout le royaume (4 août 1589). lai retour, une grande partie de la noblesse le reconnaissait et lui promettait obéissance. Ce contrat réciproque fut publié et enregistré le 14 août au parlement de Tours ; de la sorte, le parti royaliste put garder dans ses rangs un nombre considérable de catholiques. I.a Ligue au contraire acclama comme roi, sous le nom de Charles. le cardinal de Bourbon, vieux, impuissant et prisonnier d’Henri IV au château de Loches. On distingua dès lors deux tendances parmi les ligueurs. D’une part, les extrémistes ou révolutionnaires, incarnés rlans les Seize. esprits exaltés, partisans de la résistance a outrance, d’autre part, les ligueurs politiques ou ligueurs français ; royalistes fidèles tels que Yilleroy et Yitry. magistrats comme Mole, bourgeois, tous éléments modérés, d’un patriotisme éclairé, qui voulaient l’accord avec Henri et à qui déplaisaient les compromissions avec l’Espagne. Énergique, intelligent et vaillant. Henri IY investit Boucn battit la Ligue a Arques, le 21 septembre 1589. et marcha sur Paris. Le duc de Mayenne, frère de Henri de Guise cl chef de la Ligue, devant ce danger menaçant appela à grands cris l’aide de l’Espagne. Ligueurs et Espagnols furent battus à Ivry par le Béarnais, dont les troupes poussèrent jusqu'à Paris. La capitale opposa une ferme résistance, dans laquelle s’affirmait la volonté du peuple de ne pas accepter un roi hérétique.

Dans ces luttes sanglantes. Sixte Y ne se départit pas de la ligne île conduite qu’il s'était tracée dès le début de son pontificat, a savoir sa volonté que la

France catholique se sauvât elle-même, sans l’Espagne.

Mais, lidele au principe, proclamé jadis par Henri III a Plois, que la France ne pouvait être gouvernée que par un catholique. Sixte V donna son appui a la Ligue. Il remplaça le légal Jean François Morosini par Henri Cætani, qu’il chargea auprès de Charles de Bourbon entuellement, auprès du duc de Mayenne, de préparer l'élection d’un roi catholique, mais aussi de

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se renseigner sur la possibilité de la conversion de Henri IY et sur les menées ambitieuses de l’Espagne. Quand il fui assuré par le duc François de Luxembourg, représentant auprès du pape des catholiques ralliés a Henri IY, que le Béarnais abjurerait le calvinisme, si on pouvait arriver a le persuader, et qu’il était à souhaiter que le Saint-Siège confiât à des prêtres capables le soin de l’instruire. Sixte V, inquiété par la puissance de la Ligue et par l’influence toujours croissante de Philippe II en France, donna ordre au légat Cætani de traiter aussi avec les catholiques, partisans de Henri IY. Le parti espagnol, furieux de ce que le pape entrait en pourparlers avec les délégués dû Béarnais, lui fit présenter au nom de Philippe II par son ambassadeur, le hautain Olivarès, un avis dans lequel le roi d’Espagne menaçait Sixte V des armes matérielles et spirituelles s’il ne changeait point d’attitude. Philippe II, voyant l’heure décisive, fit remettre au pape, au début de 1590, un projet d’alliance et lui demanda de désigner un chef pour son armée qui devait pénétrer en France. Sur le refus de Sixte V, qui menaçait même Philippe II d’excommunication s’il persistait à vouloir faire la loi au souverain pontife, Olivarès revint à la charge le 3 mars, exigeant le renvoi du comte de Luxembourg, l’excommunication des partisans catholiques de Henri IY et une condamnation de ce dernier. Comme Sixte V restait impassible, le légat espagnol alla même jusqu'à le menacer d’un concile et d’un schisme. La situation devint si tendue qu’en Italie on s’attendait à une rupture complète entre le Saint-Siège et l’Kspagne. Le 19 mars, les cardinaux en consistoire se rangèrent à l’avis du pape, surtout après que le cardinal d’Aragon eut fait ressortir qu’une intervention violente, comme la voulait Philippe II, n’aurait pour effet qu’une union plus étroite entre les Français et Henri IV. Sixte V, de son côté, déclara qu’il préférait mourir que de céder aux requêtes de l’Espagne. La conduite prudente de Sixte V trouvait cependant des détracteurs à Borne et à Paris, où, le 7 mai 1590, la Sorhonne proclamait que les catholiques français n'étaient pas tenus en conscience d’accepter un hérétique pour roi et renouvelait cette proclamation après la mort de Charles de Bourbon (9 mai 1590).

Le 19 juillet 1590, sur les instances du duc de Sessa, nouvel ambassadeur de Philippe II, Sixte V s’engageait à une intervention militaire en France pour défendre les catholiques contre les violences des calvinistes et faciliter la nomination d’un roi. Mais, comme il différait sa signature, dans l’espoir que le Béarnais se ferait catholique après la prise de Paris, Sessa et Olivarès ne cessèrent de menacer le pape, surtout après que celui-ci eut proposé d’envoyer deux nonces en France, l’un auprès des ligueurs, l’autre auprès des catholiques ralliés à Henri IV, pour pouvoir arriver plus efficacement à l'élection d’un roi. « Sixte Y menaçait de faire une déclaration solennelle, où il exposerait comment, sous couleur de religion, les Espa gnols ne poursuivaient en France que le succès d’une politique ambitieuse, et pourquoi, le pape ne voulant pas en être l’instrument, ils lui reprochaient de favoriser l’hérésie et faisaient invectiver contre lui pâlies prédicateurs. Mettre les foudres romaines et le trésor du château Saint-Ange au service des ambitions espagnoles, jamais. Il fallait que la France restât une grande nation et qu’ainsi fût maintenue avec l'équilibre européen la liberté du Saint-Siège. » Poulet, op. cit., p. 788. Sixte Y usa toutefois dans cette fameuse lutte ses dernières forces ; il mourut peu après, le 21 août 1590.

3. L’Angleterre. Le pontifical « le Sixte Y fut pour les catholiques anglais un tournant décisif.le leur

histoire. Deux faits importants, en effet, dominent

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