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Ce décret rencontra l’opposition des familles intéressées, qui s’allièrent aux bandits, les appelant à leur aide jusque dans Rome même et. en retour, leur donnant refuge dans leurs châteaux, quand ceuxci étaient serrés de trop près par les soldats du pape. A la tête des brigands se trouvaient les membres des plus opulentes familles romaines, comme Alphonse Piccolomini, Louis Orsini, Lambert Malatesta. Pour en finir avec le brigandage, Sixte Y procéda avec la plus grande sévérité non seulement contre les brigands, mais aussi, et d’une façon exemplaire, contre leurs chefs, qui en général appartenaient aux grandes familles. Pour conjurer avec plus d’efficacité ce fléau, il institua une congrégation composée des cardinaux Albani. Salviati et C.arafa. auxquels incombait le soin de prendre les mesures les plus sévères et les plus rigoureuses. Dès les premiers jours de son pontificat. Sixte V mit les Romains au pas. Aux conservateurs du Capitole, qui demandaient pour le peuple justice. paix et abondance, il répondit qu’il (Menait sur lui d’assurer la paix et de pourvoir aux nécessités du peuple, mais qu’il leur recommandait à eux-mêmes l’exercice de la justice et qu’ils pouvaient compter sur son appui s’ils faisaient leur devoir, mais aussi sur les plus sévères punitions s’ils y manquaient, résolu qu’il était, s’il le fallait, à leur faire couper la tète.

Pour exterminer le banditisme, Sixte V prit dès le début de son pontificat des mesures énergiques. Au premier consistoire du 10 mai 1585, il exigea l’application du décret pontifical du 24 septembre 1573, en vertu duquel le droit de refuge, dont jouissaient les ambassadeurs étrangers, les cardinaux et les nobles romains, était supprimé. La constitution importante du Ie ' juillet 1585 fut dirigée principalement contre ceux qui prêteraient aide et asile aux bandits ; elle fut renforcée par le décret du 5 novembre suivant. L’application fut impitoyable : sitôt arrêtés, les bandits étaient exécutés et leurs têtes exposées sur le pont Saint-Ange. Le cardinal Colonna, chargé de nettoyer la campagne romaine, fit couper tous les bois qui servaient de repaires aux bandes et refoula celles-ci vers le territoire napolitain. Pour mettre fin à toute relation entre la noblesse et les bandits, le pape procéda avec une sévérité terrifiante. Pour ne donner qu’un exemple, le légat pontifical, le cardinal Salviati, avant demandé en vain au comte Jean Pepoli de Bologne l’extradition d’un brigand, ce noble fut arrêté. Comme il s’opiniâtrait et écrivait de sa prison plusieurs lettres contre le tyrannique frate », il fut condamné à mort par Sixte Y. Cette exécution frappa toute la noblesse de terreur. Lu même temps le pape obtenait de Naples et de Venise des clauses d’extradition. Il travailla à gagner à la même cause le grandduc de Toscane, qui se montra toutefois moins accommodant. Le fameux chef de bandits, Lambert Malatesta, qui appartenait à l’illustre famille jadis souveraine à Rimini, s'était réfugié en Toscane au début de 1582 ; Sixte Y fit aussitôt des démarches pour qu’il fût livré. Le grand-duc n’y ayant donné aucune suite, le pape lui écrivit des lettres de plus en plus énergiques. Devant la menace de rompre les relations. le grand-duc finit par céder et livra Malatesta qui fut conduit le 26 juin 1587 à Rome et décapité le 13 août suivant. Dès l’automne 1587, on pouvait constater que l’ordre régnait partout dans les États pontificaux. Les procédés énergiques emplovés par le pape furent d’ailleurs universellement loués, même à l'étranger, et tous les contemporains saluèrent en Sixte Y le restaurateur de la paix publique.

Si Sixte V recueillit l’approbation universelle pour ces mesures, il reçut moins de louanges pour la sév érité ave< laquelle il procéda contre l’astrologie et autres

superstitions par la bulle du 5 janvier 1586, ainsi que contre certaines fautes morales comme le blasphème, l’adultère, la prostitution, la transgression du repos dominical, la diffusion de notices fausses ou injurieuses, l'étalage d'écrits et d’images obscènes. Tous ces délits furent sanctionnés par des peines draconiennes en vertu de bulles promulguées en 1587 et 1588. Non seulement l’inceste et l’avortement, mais aussi certains délits de presse entraînaient irrévocablement la condamnation à mort. Non content d’avoir ramené l’ordre dans ses terres. Sixte Y voulut aussi assurer à tout prix la sécurité sur mer, particulièrement sur les côtes, troublées par des corsaires turcs. C’est pourquoi il résolut de créer une flotte qui aurait sa base a Civitavecchia et, dans ce but, il institua, en janvier 1587, une Congrégation de cardinaux. Cette flotte opéra si efficacement que, dans le consistoire du 13 août 1590, Sixte Y put communiquer que sa flotte était parvenue à capturer trois navires turcs et avait apporté la sécurité sur mer et sur les côtes. Il fit frapper une médaille commémorative, sur laquelle ' sont reproduites ses galères avec l’inscription : Terra marique securilas.

Sixte Y non seulement veilla à la sécurité dans ses États, mais aussi à l’approvisionnement, à la bonne administration et à l’assainissement des finances. Dans ce but il institua, parla célèbre bulle du 22 janvier 1587, outre les Congrégations déjà existantes de la Segnatura di grazia et de la Consulta, quatre nouvelles Congrégations, auxquelles il confia l’université romaine, l’approvisionnement, l’entretien des routes, des ponts et des aqueducs et, enfin, la réglementation des taxes. Sixte V fit régler la préparation et la vente du pain, favorisa l’agriculture, commença l’assainissement des marais Pontins, encouragea l’industrie, en particulier celle de la laine et de la soie, et améliora partout les finances. A son arrivée au pouvoir il avait trouvé les caisses vides ; il entreprit la réorganisation des finances, tant par des économies que par l'élévation du prix de vente de nombreux offices et la création d’offices nouveaux. De même institua-t-il des Monti vacabili ou emprunts qui pouvaient être amortis après un certain temps et des Monti non vacabili ou simplement Monti, qui constituaient la dette consolidée de l'État. Enfin, il établit de nouvelles taxes. Par ces moyens il réussit à accumuler au château Saint-Ange cinq millions et demi d'écus, qui constituaient la réserve des États pontificaux, lue bulle, publiée au consistoire du 21 avril 1586, déterminait les différents cas dans lesquels il était permis de puiser à ces réserves. A la fin de son règne, Sixte V disposait du plus beau trésor de l’Europe.

Rapports avec les puissances.

1, L’Espagne. —

Sixte V n’obtint pas de moins beaux résultats dans sa politique extérieure et dans ses relations avec les États de l’Europe. Cherchant avant tout à garder la plus stricte neutralité dans les conflits qui divisaient les pays entre eux et surtout les citoyens d’un même pays comme la France et l’Angleterre, il se laissa guider principalement par deux principes fondamentaux, à savoir le maintien de l'équilibre européen et la sauvegarde des droits et de la liberté de l'Église. Le caractère autocratique de Sixte V et la haute conception qu’il avait de la dignité pontificale expliquent qu’il ait accepté à contre-cœur la situation créée après la guerre de Paul IY, qui confirmait la prépondérance de l’Espagne, abaissait l'État pontifical au rang d’une puissance de second ordre et menaçait la liberté du Saint Siège à cause du césaropapisme des rois espagnols. Aussi, une des plus grandes préoccupations de Sixte Y, des le début de son règne. fut-elle de reconquérir au Saint Siège, parmi les autres États, la place a laquelle il avait droit, (.'est pourquoi il veillera avec soin à ne pas étendre l’hégémonie de