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Congrégation citée, qui enle a en même temps r Inquisition à Venise aux franciscains pour la confier aux dominicains. Nommé procureur générai <les conventuels en 1561 par les soins du cardinal f.arpi, il entra également dans la Congrégation instituée pour le concile de Trente. Félix Peretti collabora à la même époque avec Antoine l’osius à l'édition des œuvres d'Âristote, et rédigea trois tables de ses livres, avec des notices biographiques, qui vont de 1540 à 1560 et qui nous renseignent avec exactitude sur la vie qu’il avait menée jusque là. Il fut aussi membre de la commission pour une nouvelle édition du Décret de (indien. Tour le soustraire a l’envie de ses ennemis, le cardinal Ghislieri obtint qu’il fût assigné comme théologien au cardinal 1 lugues Buoncompagni, envoyé, en 1505, en Espagne pour reviser le procès de CarranLa, archevêque de Tolède, que l’Inquisition espagnole avait condamné comme hérétique. Cette mission fut interrompue par la mort de Pie IV. Comme le cardinal Buoncompagni l’avait devancé pour pouvoir assister au conclave, Félix Peretti s’en revint seul, à Rome, où il apprit avec joie que son protecteur, le cardinal Ghislieri, avait été élevé au pontificat et avait pris le nom de Pie V.

Désormais la carrière de Félix Peretti était assurée. Pie V le nomma, le Il janvier 1566, vicaire général de l’ordre des conventuels, après la mort du général Antoine de' Sapienti et, le lô novembre 1566, il Télexa au siège épiscopal de Sainte-Agathe des Goths, avec l’ordre de continuer à gouverner l’ordre. A partir de 1568, où Jean Tancredi fut élu général, Félix Peretti, appelé vers cette époque généralement Montalto, du lieu d’origine de son père, put se consacrer entièrement à son diocèse ; Pie V le nomma cardinal le 17 mai 1570, lui assigna la Congrégation de l’Index et le nomma membre de la Congrégation des Évêques et Réguliers, ainsi que de la Congrégation instituée pour l’affaire Carranza. Le cardinal Montalto, comme il se nomme désormais, fut transféré, le 17 décembre 1571, du diocèse de Sainte-Agathe des Goths à celui de Fcnno. auquel il renonça à l'été de l.">77. Après la mort de Pie V et l'élévation au pontificat du cardinal Hugues Buoncompagni sous le nom de Grégoire XIII. commença pour le cardinal Montalto une période de contrariétés, parce que le nouveau pape se montra, dès le début, antipathique à son égard. Cette antipathie, qui, paraît-il. datait du temps de leur mission en Espagne, ne lil que s’accroître avec le temps, d’abord, sous l’influence des nombreux ennemis du cardinal Montalto cl. ensuite, parce que Grégoire XIII était d’avis que les religieux devaient rester dans leurs couvents et ne pas prendre des charges dans l'Église, l’eu à peu, Félix Peretti fut mis complètement à l'écart. Il ne resta cependant pas inactif et employa ses loisirs a éditer les œuvres de saint Ambroise. dont le premier volume parut à Rome en 1580. Faite avec précipitation, cette édition était loin d’atteindre la perfection désirée dans ce genre de travaux. Génie fougueux, peu fait pour l'élaborai ion minutieuse d’un texte critique, comme dit Pastor, GeschichtederPûpsle, t. x, p. 156, il était plus porté à dominer les manuscrits qu'à se laisser dominer par eux. Au texte ambrosien il ajouta et retrancha selon qu’il le jugeait bon. Par

ailleurs, il lit ériger dans la basilique de Sainte-Marie

Majeure un monument Itinéraire a Nicolas [V, qui comme lui avait appartenu a l’ordre franciscain et lil commencer dans la même basilique par l’architecte Dominique Fontana la construction d’une chapelle, dans laquelle serait transportée la relique de la crèche du Sauveur et qui devait lui servir de lieu de sépulture. Il lit construire aussi sur la pente de l’Esquilifl une magnifique villa pour lui et sa famille, appelée Villa Peretti et de nos jours Villa Massimo. Il axait fait

venir sa sieur Camille a Rome, avec ses enfants François et Marie-Félix. Cette dernière se maria a Rome avec un petit commerçant et, après sa mort, le cardinal Montalto adopta ses enfants : Alexandre, Michel. Ravie et Orsine, qui portèrent dès lors aussi le nom de Peretti. François se maria à son tour, le 21 juin 1573, avec Victoire Accoramboni de Gubbio, fort dépensière. Ce mariage eut une fin tragique. François, en effet, fut tué dans la nuit du lli au 17 avril 1581 par le duc de Bracciano, avec la complicité, parait-il. de sa femme Victoire, qui, peu de temps après, allait vivre avec le meurtrier de son mari. A cette occasion on parla encore du cardinal Montalto qui était tombé dans le plus profond oubli et on admira la profonde résignation avec laquelle il supporta l’outrage que lui lit Grégoire XIII en laissant impuni l’assassin de son neveu.

II. Le pontificat.

Le 21 avril 1585 le cardinal Montalto fut élu pape à l’unanimité par > adoration. avant que le scrutin, qui l'établit définitivement sur la chaire de saint Pierre, n’eût eu lieu. Il prit le nom de Sixte V en souvenir de Sixte IV qui, comme lui, axait appartenu à l’ordre des mineurs conventuels. I. 'activité déployée par ce pape pendant son pontificat relativement court est merveilleuse. D’un caractère impulsif, véhément, impétueux et colérique, il se fâchait à la moindre occasion, mais se calmait très vite. Il était d’une sévérité exagérée en toutes choses et d’autre part, facile à émouvoir. D’une économie extraordinaire, il se montrait en général libéral et généreux. D’une prudence peu commune, il pouvait être, d’après les circonstances, bienveillant et encourageant ou très difficile et brusque dans les refus. Sa nature impétueuse et impulsive allait de pair avec d’excellentes qualités comme sa grande ténacité, son éloquence fascinante, son activité infatigable et sa facilité d’enthousiasme. C'était un caractère fort, auto ritaire et sans égards dans la poursuite de son but, de sorte que la raison de toute son activité se trouve dans la force de sa pensée et de sa volonté. Bon et prévenant envers ceux qui axaient confiance en lui. il était dur et intransigeant envers ceux qui s’opposaient à ses desseins. D’autre part il était profondément pieux, simple, sobre, adversaire de tout luxe et il portail une affection peu ordinaire à saint François et a son ordre. D’une constitution robuste, il axait une capacité ex lu ordinaire de travail, traitant lui même toutes les affaires et prenant à lui seul toutes les décisions, même les plus importantes. I.a crainte que l’on put avoir un instant de la reviviscence du népotisme, à la suite de l'élévation à la pourpre, le Ci mai 1585, de son arrièreneveu François Peretti, âgé seulement de quinze ans, fut cependant vite dissipée ; Sixte V, bien que très at lâché à ses parents, ne leur accorda aucune charge ni aucun bénéfice et même le cardinal Peretti ou Montalto n’exerça aucune Influence décisive sur les affaires de l'Étal pontifical ou de l'Église.

1° Le gouvernement de l'État pontifical. A peine monté sur le trône de saint Pierre, Sixte Y jeta la frayeur dans le cœur des Romains. H axait promulgué le 30 avril un édit par lequel il défendait de porter certaines armes ; le même jour, quatre jeunes gens furent arrêtés pour infraction à cet ordre, et condam nés a mort. Malgré l’intervention des personnes les plus influentes et des cardinaux. Sixte Y exigea l’ap plication rigoureuse de la loi et la sentence lut exécutée le lendemain. Sixte Y déclara une guerre sans merci aux brigands qui infestaient Rome et les Etats pont ilicaux. lue des causes de la reprise du banditisme sous Grégoire Xlll avait etc. outre la faiblesse du pape, un ordre émane de lui en vertu duquel les familles romaines qui possédaient illégalement des biens étaient obligées de les rendre au Saint Siège.