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SIMON LE MAGICIEN - SIMONET (EDMOND)

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dans celles des simoniens. Mais il n’est pas impossible que l'évêque de Lyon ait forcé le rapprochement. Quoi qu’il en soit, nous avons ici la solution relativement simple des problèmes essentiels de la gnose. Le mal, dans le monde, s’explique par le fait que l’univers et l’homme sont la création d'êtees inférieurs au ToutPuissant. Encore n’est-ce pas le ToutPuissant qui a amené à l'être les anges créateurs, mais une première émanation de lui-même, sa pensée hypostasiée et plus ou moins en désaccord avec lui. Voilà le Tout-Puissant soustrait à la responsabilité du mal. lit quant aux difficultés que pouvait créer la Bible, la solution est non moins simple : l’Ancien Testament est l'œuvre, tout comme le monde visible, des anges créateurs qui ignorent le Tout-Puissant et ont prétendu régler à leur fantaisie les rapports de l’homme et du Ciel.

L" Ar : 6yixaiçy.zyà~Ar r citée pari lippolyte, nous transporte dans un monde d’idées tellement différent que certains critiques ont pu penser que le prêtre romain avait été la victime d’un faussaire, qui lui aurait fait passer comme livres authentiques des écrits Fabriqués par lui de toutes pièces. Cf. l’art. Hippolyte (Saint), t. vi, col. 2494. Mais, quelque aberrant que soit le système de l"A7t6<poccîiç par rapport à celui que décrit Irénée, il n’y a pas lieu de douter de son existence, car il a laissé des traces chez des écrivains qui ne semblent pas avoir connu Hippolyte. Sans parler des Actes de Pierre et des Clémentines qui connaissent l’expression de éa-rcà ; attribuée à Simon, ci-dessus, col. 2132, il convient de s’arrêter à une citation que fait saint Jérôme d’un des livres simoniens, où le Magicien déclare : Ego sum sermo Dei, ego surn speciosus, ego paraclitus, ego omnipotens, ego omnia Dei. In Matth., xxiv, 5, P. L., t. xxvi, col. 176. On rapprochera ce texte d’une phrase citée par Hippolyte, t. VI, c. xvii, 3, éd. Wendland, p. 143, 1. 7-11, qui rend à peu près le même son. Par ailleurs Grégoire de Nazianze connaît lui aussi les huit principes, tyjv ôySodcâa du système des simoniens, Oral., xli, 2, P. G., t. xxxvi, col. 329 ; cela fait un couple de plus que dans Hippolyte, mais cela nous laisse cependant dans un monde analogue. On ne saurait donc considérer ni l"A7toçaaiç, ni le système qui s’y exprime comme une pure invention d’un faussaire. Le plus simple est de conclure que, dans la secte simonienne, la spéculation métaphysique et cosmogonique s’est développée suivant deux directions assez différentes ; la chose n’est pas inouïe, tant s’en faut, dans l’histoire des doctrines gnostiques.

Entre les deux systèmes, IL Waitz croit voir cette différence essentielle que celui de l"Air6çaoiç, avec son concept de l'ècmbç, de la permanence sous les formes multiples du devenir, serait d’origine alexandrine, tandis que celui de la délivrance d’Ennoia s’apparenterait à ces systèmes gnostiques, antérieurs à l'ère chrétienne, qui, après avoir pullulé en Syrie, ont lini par trouver des adeptes même en Occident. Cette remarque est juste ; il Faut y ajouter celle-ci que le système présenté par Irénée est à peine chrétien, qu’il incorpore, comme point de départ, une mythologie syncrétiste et qu’il aboutit à des conséquences antinomistes qui vont à l’opposé de la tendance chrétienne. A lire de près le texte du Contru hæreses, on s’aperçoit aisément que la rédemption apportée au monde par Simon, c’est d’une part de débarrasser celui-ci du joug de la Loi, d’autre part de Fournir aux initiés les mots de passe qui leur permettront, après la mort, de franchir les espaces planétaires et finalement de se soustraire au destin ». Nous sommes dans le même monde d’Idées OÙ se meuvent nombre de sectes qui n’ont absolument rien de chrétien. Voir art. Ophiteb, t. xi. col. 1074-1075.

Le plus étrange, en lin de compte, c’est encore la

promotion du magicien de Samarie au rang de fondateur d’une secte dont il n’a sans doute pas eu l’idée, et de chef de file de tous les hérésiarques qui, au cours des âges, ont porté atteinte à la pureté de la foi chrétienne.

I. Sources.

En dehors des Fragments de P ' A -'irait ; u.r, v/ ', et de la citation fournie par saint Jérôme, nous n’avons aucun écrit de la secte simonienne. Les seules sources que nous ayons sont les renseignements fournis renies auteurs anciens. Ceux d’entre eux qui sont Indépendants ont été classés et analyses au cours de l’article.

II. Travaux. — 1° Les divers commentaires sur le livre

des Actes, voir en particulier E. Jacquier, Les Actes des

apôtres, l’aiiv. 1926, qui renverra à la littérature antérieure. — 2° La littérature relative au gnosticisme en général, cf. art. Gnosticisme, t. t, col. 1467 ; art. Ophites, t. xi, col. 1075. — 3° La littératuie relative aux Actes apocryphes des apôtres et aux Clémentines ; voir en particulier L. Vouaux, Les Actes de Lierre, qui donnera d’abondantes références, p. 215-218 ; et notre art. Apocryphes du Nouveau

Testament, dans Supplément au DictioiW. de la Bible, t. I, col. 400, 500, 518. — 1° Les diverses encyclopédies ont toutes un article consacre à Simon ; outre celles que l’on

trouvera déjà mentionnées dans E. Jacquier, op. cit., p. 265,

n. 1, on peut ajouter : Part. Simon der Manier, de IL Waitz,

dans l’rut. Realeneaclopâdie, t. xviii, 1906, p. 351-361 et t. xxiv, 1913, p. 518-520 ; Part. Simon Magus de G.-N.-L. Hall dans Hastings, Encyclapeedia <>/ religion and ethics, t. xi, 1920, col. 514-525 ; l’ait. Simon Magus dans PaulyWissova, Realencgclopâdie der klassischen Alterlumswissenschaft, t. m « , 1, 1927, col. 180-181. — 5° Sur le système simonien voir surtout L. c.erfaux, La gnose simonienne, dans Itccherclies de science religieuse, 1 '.I2.~>, |>. 189-51 1 ; 1926, p. 520, 265-285, LSn-.MKî.

E. A MANN.

    1. SIMONET ou SIMOMMET Edmond##


SIMONET ou SIMOMMET Edmond, jésuite français (1662-1732). Né à Langres le 22 juillet 1662, admis dans la Compagnie le 16 novembre 1681, il enseigna la grammaire et les belles-lettres puis la philosophie à Reims et à Pont-à-Mousson, en lin. dans cette dernière université, de 1702 à 1714, la théologie dogmatique. Il en fut aussi chancelier. Il mourut à Pont-à-Mousson le 18 avril 1732.

A l’issue de son enseignement à l’université, le P. Simonet publia un cours de théologie dogmatique : Institutiones théologienad nsnm seminariornm, Nancy, 1721-1728, 1 1 vol. in-12. L’ouvrage est dédié à Mgr de Mailly, archevêque de Reims, et divisé en 18 traités. Une nouvelle édition en fut donnée à Venise, en 1731, 3 vol. in-fol. Sommervogel signale en outre, comme ayant paru après la mort de l’auteur, des Institutiones theologicæ de peccatis, Cratz, 1765, in-4° et des Institutiones theologicæ de legibus, peccatis et />eccatorum pœnis, Tirnovo, 1772, in-4°. Ce sont sans doute des parties du cours complet qui ont été rééditées A part, à savoir le V traité (De peccatis) et le VIII » (De legibus). Dans son Thésaurus théologiens, publié en 1772, le P. Zaccaria a reproduit (t. ix, op. ix, p. 483547) une Disputatio de forma sacramenti pœnitentiæ, empruntée au traité NY des Institutiones theologicæ (disj). VIII, 6 articles contre l’assertion de Morin et autres que la forme du sacrement de pénitence peut être déprécative et l’a été. en fait, pendant les douze premiers siècles de l’Eglise).

D’après dom Calmel et les Nouvelles ecclésiastiques, ht publication des Institutiones n’alla pas sans difficultés : l'évoque de Toul, dans le diocèse duquel parut le livre, trouva mauvais qu’il eût été publié sans son approbation. Le supérieur du grand séminaire de cette même ville s’opposa à ce que le cours filt adopté dans sa maison, à la place de la théologie d’I laberl. De plus,

Mgr de Coislin, évoque de Metz, à qui l’auteur présenta son ouvrage, y découvrit, en le parcourant, i plusieurs propositions lies condamnables et entre autres celle qui dit que le pape peut approuver des confesseurs dans les diocèses malgré les évoques diocésains ». Nouvelles