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SIMON (RICHARD ;

liditti

ouvrages jusqu’à la sortie de l’Oratoire. II. Apres la sortie <le l’Oratoire III. L’œuvre et l’homme.

I. Vil I I 01 VRAŒS JUSQU’A LA SORTIE DE L’OrtA toire. La vie de Richard Simon se confond avec la composition de ses ouvrages et se résume dans les événements auxquels leur publication a donné lieu.

1° Années de formation. Né à Dieppe, le 13 mai 1638, UN d’un forgeron, le fondateur de l’exégèse historique était de condition trop modeste pour recevoir une éducation à la hauteur de son talent. Il fallut que des protecteurs étrangers, en particulier son curé, Adrien Four nier, ancien prêtre de l’Oratoire, y pourvussent, d’abord chez les oratoriens de Dieppe, puis, pendant son année de philosophie, chez les jésuites de Rouen.

Il fut reçu une première lois à la maison d’institution de l’Oratoire le 22 octobre 1659, pour en sortir moins d’une année après ; il suivit alors pendant trois ans les cours de Sorbonne, prit des leçons d’Écriture sainte sous l.e Maître, de scolastique avec Chamillard, (irandin, Leblond ; il allait de temps en temps entendre chez les jésuites le P. Deschamps qui enseignait la théologie ; il étudia seul l’hébreu et le syriaque, lut la Somme de saint Thomas, le.Maître des Sentences, toute la théologie d’Isambert, Gamache, quelque peu Suarez et Bécan. Il lut aussi des commentaires de la Bible, dont quelques-uns hérétiques, pour répondre aux calvinistes de son pays ; Six siècles des centuriateurs de Magdebourg, l’Abrégé de Baronius par Sponde, le Nouveau Testament avec la paraphrase d’Érasme, les Commentaires de Maldonat, quelque chose de Bellarmin, etc. Jamais peut-être élève n’est resté plus indépendant de ses maîtres et ne s’est trouvé en opposition plus marquée avec l’enseignement officiel.

Il fut reçu de nouveau à l’Oratoire le 13 septembre 1 ( i t i 2 : pendant son noviciat, il eut la permission d’apprendre l’arabe avec son supérieur le P. Berthad ; ensemble, ils lisaient l’Écriture sainte dans les originaux, les Pères de l’Église et principalement saint Jérôme et les œuvres des plus habiles critiques. Au sortir du noviciat, il fut un an professeur de philosophie à Juilly (l(idl), passa deux ans à la maison de Paris (1665-1666), où il fit le catalogue des nombreux livres orientaux qu’on y possédait, manuscrit aujourd’hui à la Bibliothèque nationale, mss hébreux, V295. Après quoi, il demanda à revenir à Juilly OÙ il professa encore la philosophie pendant un an et ensuite se livra a l’étude. Il fut ordonné piètre à Paris le 20 septembre I(17(l par 1 1. de Pérélixc.

2° Ouvrages de préparation et rapproche. Il habile désormais à la maison de la rue Saint-Honoré. Tout en estimant la Perpétuité de la (oi d’Arnauld (1009), il trouvait quelques faiblesses dans la manière de répondre au ministre Claude : il donna donc un supplément aux preuves d’Arnauld dans l-’ides Ecclesise orientalis : Gabrielis métropolite Philadelphiensis opus cula mine primum de greecis cornu-rsa cum notis uberioribus quibus nationum orientalium persuasio de rébus ecclesiaslicis, ex libris prsesertim manuscriptis vel nondum Lai m donatis illustratur. Opéra et studio Richardi Simonise congregationeOratorii, Paiis, 1671, in-4°. Il v explique d’une manière solide et judicieuse la croyance des sociétés chrét iennes du Levant sur l’eucharistie et

l’appuie, non sur des raisonnements scolas tiques, comme

avaient fait trop fréquemment Arnauld et Nicole,

mais suides preuves de lait. Les jansénistes lui en voulurent quelque peu, mais le Journal des savants lit un long

extrait de son ouvrage, année 1672, p. 3 ; cl. Lettres

choisies de M. Simon, t. ii, p. 81 ; t. iii, p. 1, 19.

I’année précédente, il avail publie Factum serrant de réponse au livre intitulé : Abrégé du procès jaii aux juifs de Metz, 1670, in l" de 18 p. ; il y répondait à on libelle qui accusait les juifs d’avoir égorgé un enfant ;

pour ce crime prétendu, un pauvre colporteur, Raphaël

Lévi, était mort sur le bûcher. Cette accusation de meurtre rituel n’est-elle pas, dit-il, celle qui a fait périr tant de chrétiens innocents à l’époque des empereurs ? Est-ce que les papes n’ont pas souvent défendu les Israélites, en particulier Léon N qui accorda sa protection à Reuchlin contre les fureurs insensées des théologiens de Cologne ; de même Grégoire IX et Clément VI qui ont envié à la loi juive sa facilité de favoriser le commerce et l’industrie et ont tâché de faire profiter leurs États d’une si industrieuse activité’.' De tout temps, la nation juive a rendu de grands services à la science : c’est par des traductions de juifs arabes qu’Aristote a été connu des philosophes du Moyen Age, etc. L’ouvrage est réimprimé dans la Bibliothèque critique, t. i, p. 109. Le factum eut un plein succès : la sentence du tribunal fut cassée et il fut décidé que les accusations contre les juifs seraient déférées au grand Conseil.

Désormais les ouvrages de R. Simon vont se suivre de près. Comme presque toujours, il prendra le contre -pied de l’opinion généralement admise, il se dissimulera habituellement sous des pseudonymes, assez transparents toutefois pour être découverts : il s’appellera prieur de Bolleville, sieur de Mony, Becared Sciméon, sieur de Simonville, Richard de Lisle, Jean Beuelin, Origenes Adamantins, Jérôme de Costa, Hieronymus te Camus. Pierre Ambrun, Ambrosius, Jérôme de Sainte-Foi.

Il donne d’abord Cérémonies et coutumes des juifs, aujourd’hui traduites de l’italien Léon de Modène, par dom Recared Sciméon, Paris, Billaine. 1674, in- 1 2. un petit chef-d’œuvre en la matière. L’épttre dédicatoira rédigée par Prémont d’Ablancourt est adressée à Bossuct. La 2 P édition est augmentée de Comparaison des cérémonies des juifs et de la discipline de l’Église, avec un discours louchant les différentes messes ou liturgies qui sont en usage dans tout le monde, par le sieur de Simonville, Paris, Billaine, 1681, in-12 de 10 1 p. (cf. Lettres choisies, t. iv, p. 87 ; Bibliolh. rrit., t. iv, p. 103) ; 3 « éd., La Haye, 1682 ; V éd., Lyon, 1684. Dans le factum précédent, il fallait seulement, à propos du procès de Lévi, dessaisir le Parlement d’une affaire ; ici, Richard veut convaincre d’ignorance certains docteurs de la faculté de Paris qui condamnent les écrits pour se dispenser de les lire. Les juifs ne sont pas seulement de vains débris épandus ça et là (1 er sermon de Bossuct sur le IIe dimanche de T A vent) ; ils forment un corps de nation toujours instructif, sinon par la communauté des mêmes croyances, du moins par celle des mêmes traditions et îles mêmes observances rituelles. La ligne de démarcation entre les deux lit urgies est insaisissable et l’influence de Tune des deux religions sur l’autre Impossible à déterminer au juste. La messe chrétienne a conservé dans sa première partie le cadre du service de la synagogue ; l’office garde à peu près les mêmes heures, un assemblage tout pareil de prières communes et de prières propres. C’est aux juifs qu’a été confié le dépôt de la tradition : lllis crédita sunt eloquia Dei, Boni., iii, 2. Simon admire la vie dont témoigne ce vieux culte, même depuis la dispersion de la nation, les sectes les plus variées se développent dans son sein. Voir Lettres choisies, t. iii, p 19.

Tout en admirant les juifs, il les critique et le long commerce qu’il eut avec eux ne lui laissa qu’une antipathie très décidée : leurs auteurs accordent la préférence aux commentateurs sur la Bible elle-même ; que de ris i files rhapsodies ils ont av ancéest Les doc leurs du Moj en Age soni des prodiges de compréhension auprès de ces talmudistes qui ne savent pas l’hébreu, pour cpii tout est matière à commerce ; Moïse ben Naaman ne montre t il pas Moïse trouvant I > ic il en train de