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SILVESTItK II — SILVESTRE DE LAVAI,

’était ramenée en Allemagne, le pape, complètement abandonné par les Allemands, était bien obligé de négocier avec les Romains. C’était Jean Crescentius, le fils du héros de 998, qui, décoré du titre de patrice, exerçait maintenant le pouvoir dans la capitale. Avec sa permission, Silvestre put rentrer au Latran ; sa situation redevenait ce qu’avait été celle de ses prédécesseurs du x c siècle ; il n’était plus que chef spirituel. Du moins le laissa-t-on mourir en paix (12 mai 1003). C’est après sa mort que la légende s’acharna sur sa mémoire. Ses connaissances astronomiques, qui dépassaient de beaucoup l’ordinaire, ses réussites dans la vie, qui faisaient de son existence un vrai roman, sont vraisemblablement au point de départ d’un récit qui circulait déjà à la fin du xi c siècle, et qui s’est finalement déposé dans le Spéculum historicité de Vincent de Beauvais, t. XXIV, c. xcviii, où Martinus Polonus l’a pris pour l’insérer dans son catalogue des papes. .Moine de Flcury-sur-Loire, Gerbert, dit cette fable, abandonna l’état monastique et, pour réussir dans la vie, fit hommage au diable qui lui promit d’accomplir tous ses désirs. Le séjour qu’il lit à Séville le mit en grande réputation de science, il fut le précepteur de l’empereur Otton et du roi Robert. L’assistance du diable le fit ensuite arriver aux sièges de Reims, de Ravenne, enfin à celui de Rome. Il ne lui restait plus qu’à garder longtemps cette suprême dignité ; le diable lui promit qu’il la garderait autant qu’il le voudrait, pourvu qu’il ne célébrât pas la messe à Jérusalem. Joie de Gerbert, qui n’avait nul désir de passer la mer. Mais, un jour de carême qu’il célébrait en la basilique romaine de Sainte-Croix-en-Jérusalem, il entendit le bruit que faisaient autour de lui les démons : il était pris. Malgré sa scélératesse, il ne désespéra cependant point de la miséricorde divine et, confessant publiquement sa faute, il demanda qu’après sa mort on lui coupât les membres par lesquels il avait rendu hommage à Satan et qu’on ensevelît son corps mutilé là où le porteraient les animaux attelés au char. Ainsi fut fait, et le macabre convoi vint aboutir à la basilique du Latran. C’était le signe que Uieu lui avait fait miséricorde ! — Il manquerait quelque chose à la physionomie de Gerbert si on ne lui ajoutait pas ce dernier trait.

I. Sources.

Liber pontificalis, éd. Duchesne, t. ii, p. 263-264 ; Jafïé, Regesta, t. i, p. 496-501 ; textes des diverses chroniques dans I. Watterich, Pontiflcum romanorum vilie, t. i, p. 693-699 ; et dans les Œuvres de Gerbert, sa Correspondance, éd. J. Ilavet.

II. Thaval’x. — 1° Rôle scientifique de Gerbert. - Travaux très nombreux ; on retiendra, outre ceux qui ont été signalés au cours de l’article : K. Werner, Gerbert non Aurillac, 2* cil.. Vienne, issi ; F. Picavet, Gerbert, un pape philosophe, Paris, 1897 ; M. Budinger, Ueber Gerberts wissenschaftliche mut politische Stellung, Cassel, 1851.

2° Activité politique et religieuse. outre les travaux généraux de Gregorovlus et de Duchesne, mentionnés à propos des papes contemporains, consulter les histoires générales de l’époque : F. Lot, Les derniers Carolingiens, dans Bibl. tic l’École /les hautes-études, fasc. 87 ; du même, Lc roi Hugues, ibiil, , fasc. 1 17 ; (’.. Pflstei, Études sur le règne de Louis le Pieux, l’a ri s, îss ;, ; voir aussi : ( ;. Lux, PapstSilvesterlI. Einflussauj die Polilik Ottos ///-, Brestau, 1898 ; K. Th.-Schlockwerder, Dos Konzil « on Saint-Basle, Magdebourg, 1906 ; Ë. Amann, dans Fliche-Martln, Histoire de l’Église, i. vii, p. tiS-77.

É. Amann.

3. SILVESTRE III, pape du 20 Janvier au 10 mars 10 15. — Il n’a sans doute pas le droit de compter dans la série des papes légitimes, ayant été substitué par la force à un autre pontife, lui-même indigne, Benoil ix. Voir l’article de celui-ci. Par ses violences

tout autant que par sa conduite, Benoit s’était rendu Insupportable aux Romains. Aux derniers jours de 1044,

une insurrection éclata dans Rome, plus sérieuse que jamais. Voir Annales romani, dans L. Duchesne, Le

Liber pontificalis, t. ii, p. 331. Benoît réussit à s’enfuir, mais il gardait des partisans, surtout dans le Transtévère. Cela amena au début de janvier des rixes entre Romains et Transtévérins. Ceux-ci voulurent en finir ; le 20 janvier, ils élisaient comme pape Jean, évêque de Sabine, qui prit le nom de Silvestre III. Il paraît d’ailleurs que, pour arriver à ce résultat, Jean avait acheté l’appui d’un des capitanei romains, Gérard di Sasso, l’un de ceux qui avaient détrôné Benoît. Cf. Bonizon de Sutri, Lifter ad amicum, t. V, P. L., t. cl, col. 817CD, qui, à la vérité, brouille l’ordre des événements. Silvestre, au fait, n’avait pas régné deux mois que les frères du pape déchu le chassaient du Latran et restauraient Benoît. On ne sait trop ce que devint alors Silvestre III ; au dire de Didier du Mont-Cassin (le futur Victor III), il serait rentré dans son évêché de Sabine. Dialogi, t. III, P. L., t. cxlix, col. 1004. On sait que, peu après ces événements, Benoît IX céda le Siège apostolique à son parrain, Jean Gratien, qui devint Grégoire VI (5 mai 1045). Vingt mois plus tard, le roi de Germanie Henri III intervenait. Au concile de Sutri, 20 décembre 1040, il entendit régler la question soulevée par l’existence de trois prétendants — au moins possibles — au trône pontifical, Benoît IX, Silvestre III et Grégoire VI. Ce dernier seul était présent à cette assemblée. Le cas de Silvestre III était le plus facile à résoudre ; unanimement, il fut déposé de l’épiscopat et même du presbytérat et condamné à finir ses jours dans un monastère. Bonizon de Sutri, Liber ad amicum, ibid., col. 818 C ; cf. Annales romani, loc. cit., p. 332. Nous ne pourrions dire comment la sentence fut exécutée, car on perd toutes traces de Jean depuis ce moment. Ultérieurement, les chroniqueurs présenteront sous un jour très différent la situation de 1016. Ils s’imagineront les trois papes, soi-disant rivaux, siégeant simultanément à Rome, l’un à Saint-Pierre, l’autre à Sainte-Marie-Majeure, le troisième au Latran. Voir Othon de Lrisingen, Chronicon, t. VI, c. xxxii. C’est une interprétation fantaisiste des événements ; la bonne foi d’Othon est certaine, mais il a mal interprété des suggestions faites par les écrivains impérialistes qui l’ont précédé et qui ont donné au souverain germanique le rôle de sauveur de l’Église.

Les divers textes sont énumérés dans Jaffé, Regesta pon(ificum romanorum, t. i, p. 521 (expulsion de Benoit IX), p. 523-524 (élection puis expulsion de Silvestre), p..">2.~> (concile de Sutri). Voir aussi Watterich, Pontiflcum romanorum vitee, t. i, p. 70, 72-74, 75-77 ; Liber pontificalis, éd. Duchesne, t. ii, p. 270, 331-332 ; Gregorovlus, Geschichte der Sluill Rom, t. iv, p. 16 sq. ; I.. Duchesne, Les premiers temps de l’Étal pontifical, 2’éd., p. : t75 sq ; Ê. Amann, dans Fliche-Martln, Histoire de l’Église, t. vu p. ! » 1 sq.

L. Amvnn.

    1. SILVESTRE DE FERRARE##


SILVESTRE DE FERRARE. VoirSiLVEsmi.

    1. SILVESTRE DE LAVAL##


SILVESTRE DE LAVAL, frère mineur capucin français (xvi°-xvii c s.). — Né à Laval, en 1570, d’après N. Desportes, Bibliographie du Maine, au mot Silvestre de Laval, il appartint à la province des capucins de Paris. D’après une liste des chapitres provinciaux des capucins de Paris, conservée dans le ms. 2420 de la Mazarinc de Paris, il aurait été nommé lecteur de dialectique, en 1597, gardien de Paris en 1001, et d’Amiens en 1606 ; il aurait été élu déliniteur en 1(501 et en 1007. De plus, il aurait exercé la charge de commissaire de la province ou de vicaire-provincial, en 1002, pendant l’absence du 1’. Ange de Joyeuse pour assister au chapitre général, selon la (’.limnologie historique de ce gui s’est passé de plus considérable dans la province de Paris depuis l’an 1574 fusques à l’année…, ms. des archives provinciales des capucins à Paris, l.e P. Silvestre s’est avant tout distingué dans ses controverses avec les hérétiques. Il eut