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SILVESTRE 1 er (SAINT)


tien*- : Sih estre, par son argumentation, comme par ses miracles — il ressuscite un taureau foudroyé par une passe magique d’un juif - établit la divinité du Christ ; Hélène et les juifs se convertissent. L’apostolat de

Silvestre multiplie dans Rome les baptêmes, et un

autre miracle — la lutte victorieuse contre un serpent monstrueux — achève son succès. Constantin de son côté, presse le peuple de se convertir. Rome, quand meurt Silvestre, est entièrement chrétienne.

On a beaucoup discuté sur la date et la patrie de ce roman hagiographique. Pour ce qui est du texte, tel que Levison l’a reconstitué, il est incontestablement romain d’origine, comme en témoignerait à elle seule sa parenté évidente avec les Gesta martyrum romains, et sa connaissance exacte de la topographie de la capitale. Sa date est fixée assez exactement à la seconde moitié du ve siècle, car les apocryphes symmaquiens, cf. ci-dessous et aussi l’article Symmaque, de la fin de ce même siècle, y font de claires allusions. C’est vainement qu’on a voulu faire dériver le texte latin de recensions grecques ou orientales. Tout ce que L. Duchesne voulait retenir, c’est que la légende ellemême était venue d’Orient, comme en général les légendes relatives à l’invention de la sainte Croix et ce qui se rapporte à Constantin et à Hélène. Mais les arguments qu’il développe avec beaucoup de sagacité se sont révélés fragiles, spécialement celui qu’il tire de la présence de la légende silvestrine dans.Moïse de Khorène, un écrivain arménien que l’on plaçait jusqu’ici au ve siècle et dont il convient de rabaisser beaucoup la date. Voir les arguments de Duchesne dans Le Liber pontiflcalis, t. i, p. cxii sq., et les réponses qui nous paraissent péremptoires de Levison, loc. cil. L’origine romaine de la légende semble démontrée. D’ailleurs, elle s’est fait une place importante dans la i tradition » ; on la retrouvera, débarrassée de sis plus grossières invraisemblances, en diverses leçons du bréviaire romain CJ et 18 novembre ; 31 décembre).

2. Activité dogmatique, disciplinaire et liturgique de saint Silvestre. — Après avoir rapporté la fondation par Silvestre du tilulus Equitii, le Liber pontiflcalis introduit l’activité proprement ecclésiastique de ce pape par cette petite phrase : Hic jecit constilntum de omni Ecclesia. Suit immédiatement la mention du concile de Nicée, qui aurait été tenu cum ejus prteceplo (la l re édition dit cum ejus consensu), et dans lequel les i trois cent dix-huit Pères > exposèrent la foi catholique et « condamnèrent Arius, Photin, Sabellius et leurs adhérents. Puis, dans la ville de Home, (Silvestre) rassembla lui-même, sur le conseil de l’empereur, deux cent soixante-dix-sept évêques, et condamna derechef Calliste, Arius, Photin et Sabellius ». Suivent des ordonnances disciplinaires et liturgiques dont la notice semble dire qu’elles furent prises à cette réunion : consécration du chrême et consignation des baptisés par l'évêque seul ; défense à un laïque d’intenter un procès a un clerc ; usage pour les diacres, dans le service liturgique, de la dalmatique et du manipule ; défense aux clercs de se pourvoir devant la justice séculière ; défense de se servir pour les corporaux d’autre étoffe que de lin ; temps que les clercs doivent passer dans les divers ordres, etc.

Tout ceci, y compris la permission (ou l’ordre) de célébrer le concile de Nicée et le renouvellement des prescriptions dogmatiques de cette assemblée en un synode romain, vient en droite ligne de la série des apocryphes symmaquiens. Parmi ces pièces apoi j phes figure, en effet, un Constitutum Siloestri, texte

en une double rédaction dans /'. /… t. VIII, col. 829 8 10. Le début se rapporte a des questions dogmatiques. Silvestre condamne d Hippolyte, diacre (les valenti niens, Calliste, qui, dans sa jactance, détruisait la Trinité (un peu plus haut Calliste est dit s'être montré

sabellien, et n’avoir admis qu’une seule personne en Dieu) > et surtout l'évêque Victorin, qui est représenté comme un hérétique des plus dangereux, à cause du cycle pascal qu’il veut faire prévaloir. Voir art. Pâques, t. xi, col. 1961 sq. La suite du texte énumère les prescriptions liturgiques et disciplinaires qu’a reprises le Liber pontiflcalis.

A ce texte se rattachent deux lettres destinées a faire la liaison entre ce concile et celui de Nicée. l.a première : Quoniam omnia, ibid., col. 822-823, est adressée à Silvestre par les présidents de l’assemblée orientale, Hosius de Cordoue, Macaire de Jérusalem, les prêtres romains Victor et Vincent, qui demandent au pape de confirmer les décrets de Nicée. l.a seconde est une réponse de Silvestre, qui se présente sous une double forme : Gaudeo promptam, ibid., col. 823 H (donnant une approbation sans réserve au concile, avec addition de l’anathème contre Victorin et sou cycle pascal) et Gloriosissimus atque piissimus, ibid., col. 823 D (rappelant la condamnation en synode romain de l'évêque Victorin et du diacre Hippolyte, fauteurs du manichéisme, de Jovien et de Calliste, coupables d’erreurs analogues sur le comput pascal. approuvant aussi la condamnation de Photius (sic), de Sabellius et d’Arius, frappés par le concile de Nicée dont toutes les décisions sont approuvées). Ainsi le concile soi-disant tenu à Rome par Silvestre est donné comme antérieur à l’assemblée de Nicée et destiné à préparer celle-ci.

Une seconde pièce apocryphe est une autre Constitution de Silvestre, représentant les décisions d’un concile de « deux cent soixante-quinze évêques », censé tenu après Nicée et destiné à confirmer les décisions dogmatiques et disciplinaires de l’assemblée orientale. Texte, ibid., col. 825-821). Cette deuxième pièce ne ressemble pas, comme facture, à la première, laquelle fourmille d’invraisemblances et même d’absurdités, et quelques auteurs qui rejettent, comme tout le monde le fait, la première, essaient de sauver l’authenticité de celle-ci. Mais cette authenticité ne peut être établie. Il y a déjà près de trois siècles que dom Coustant a fait remarquer que, de toute évidence, la pièce en question se rattache aux controverses sur le comput pascal qui ont éclaté sous le pape Symmaque. Voir ses remarques, ibid., col. 821.

Le fait, néanmoins, que ces divers textes ont pénétré plus ou moins vite dans les collections canoniques n’a pas laissé de leur donner une importance hors de toute proportion avec leur valeur originelle.

2° Données légendaires ajoutées à celles du « Liber pontiflcalis ». La donation de Constantin. — Les faveurs d’ordre matériel dont l’empereur Constantin avait en réalité comblé l'Église romaine au temps de Silvestre, l’influence qu'à tort ou à raison on prêtait à ce pape dans les conseils de l’empereur à une période de transi tiou si importante dans l’histoire de l'Église, l’activité législative qu’on lui attribuait, le relief que lui donnaient ses interventions, vraies ou prétendues, dans les questions dogmatiques, tout cela désignait ce pape pour être, après coup, le bénéficiaire d’une donation plus considérable encore qui faisait au Siège aposto lique une situation toute nouvelle dans le monde romain.

Au début de la seconde partie des Fausses-Décrétales, figure de fait une pièce, de toute évidence apocryphe, qui est une soi-disant lettre de Constantin à Silvestre. Texte dans 1 linschius. Décrétâtes pseudoisidorianse, p. 249-254 ; cf. P.L., t. cxxx, col.245-252, et aussi t. viii, col. 5(>7-578 (les notes de Blnius que Ton trouvera ici sont extrêmement Intéressantes).

La première partie est un récit dont le thème est

emprunté à la Vlta Siloestri de la façon dont l’empereur a été converti à la foi chrétienne ; l’autre énu