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SIBERT DE Bl.I.k — SIBYLLINS (LIVRES)


prieur (1312-1315). Avant, ou entre les deux, se placent ses études en théologie à Paris. Il assista, diton. au concile de Vienne. Il est durant deux ans (13151317° prieur de Cologne, puis provincial de la province d’Allemagne (Allemagne inférieure, de 1318 à 1327 : toute la province en 1317. puis 1327-1332). Tout en exerçant cette charge, il conquiert en 1316 ou 1317 ; le titre de maître en théologie, et est régent à Paris au moins durant les deux années 131.S 1320. succédant en cela à Oui Terré. On le trouve en 1326 à la Curie. en Avignon où il s’emploie pour son ordre et lui obtient la huile Super ealliedruin (21 novembre 1326). C’est alors sans doute qu’il eut à intervenir dans la cause de Marsile de Padoue et Jean de Jandun, comme il interviendra l’année suivante (24 janvier 1327) dans celle de maître Eckhart, à Cologne. On le retrouve de nouveau à la Curie, en 1328, agissant au nom du comte de Gueldre. Il mourut, à Cologne, le 29 décembre 1332.

Son activité littéraire se partage entre des travaux concernant son ordre et des travaux théologiques. A la première catégorie appartiennent : 1. L’Ordinale ; terminé vers 1312. cet ordinaire (de la liturgie) de l’ordre du Mont-Carmel fut imposé à l’ordre entier par le chapitre général de 1315. 2. Un Liber de. anliquis capitulis ou Annotatio capitulorum generalium, relevé succinct des plus anciens chapitres généraux de l’ordre, depuis l’année 1264. 3. In opuscule De consideralis super rarmelitarum régula, composé, dit-on, vers 1310. 4. Un Trælalus de censuris noi>i juris ; peut-être aussi 5. Un Bullarium carmelitarum, collection des bulles et privilèges accordés aux carmes : ainsi que i.. lue liste des indulgences obtenues par l’ordre. Ces trois derniers ouvrages cependant sont sujets a caution.

Les œuvres théologiques comportent : 7. Un Commentaire sur les Sentences, dont on n’a pas retrouvé trace encore ; 8. Deux Quodlibets, datant de 1318 et 1319. La liste de leurs questions a été dressée, d’après le ms. Valic. Borgh. 39, par B.-M. Xiberta, dans Analecta ord. carmel., t. iv. p. 333-341 et une question (quodl. i, 5) éditée. 9. Sa réponse à la consultation qu’on lui demanda sur les six articles du Defensor pacis (en 1326-1327).

On ne peut porter un jugement doctrinal sur une base aussi restreinte. Ce qui s’en dégage cependant. c’est que Sihert ne pèche point pas excès d’originalité. Ses positions sont assez traditionnelles. Il se rapproche souvent de saint Thomas, qu’il sait contredire pourtant à l’occasion : mais plus encore, semble-t-il, de Godefroid de Fontaines. Peut-être l’influence de celui ci s’est-elle exercée par l’intermédiaire de Gui Terré.

15. -M. Kibeita, Duo quelibet inedita Siberti </< Beka, dans Ancdecta ord. carmel., l'. » 22, p. 305-841 ; le même, /'< scriptortbus scholasticis sœcnli XIV ex online carmelitarum, Louvain, 1931, p. 1 12-10° ;  ; p. Glorieux, Répertoire des maîtres en théologie de Paris ou.Mile siècle, t. II, 1933, i>. 3 1 1 s(|. Analyse de la Censura sex errorum operis Defensor /nuis, dans R. Scholz, / 'nbekannte politische Streitschriflen ans der 'Lrit Ludurlgs des Bayera, t. i, Rome, 1911, p. 3-12 ; publication partielle du texte au i. h. Rome, 191°. p. 3-15, d’après le ms. Vatic. loi… » '-, roi. 110-119.

P. Glorieux.

    1. SIBYLLINS (LIVRES)##


SIBYLLINS (LIVRES). I. DÉFINITION ET

coNTENi. Sous le nom de Livres sibyllins, on désigne un recueil très considérable comportant plus de 4 000 hexamètres grecs répartis en un certain nombre de livres de longueur lies inégale. Ces compositions versi Mecs ne (lisons pas poétiques sont censées dériver

(le ces prophétesses que l’antiquité païenne a connues sous le nom de sibylles et sur le nombre, l’origine cl

l’identité desquelles elle était, d’ailleurs, assez mal renseignée. Cette littéral lire, qui est en soi d’un intérêt médiocre et d’un abord assez difficile, n’aurait pas de

quoi retenir l’historien du christianisme, si elle n’avait eu la singulière fortune de fournir à nombre d'écrivains chrétiens des arguments qui leur ont semblé irréfutables en faveur de la vérité de leur religion. 'Théophile d’Antioche. Clément d’Alexandrie et I.actance, pour ne citer que les plus importants, en ont transcrit à l’appui de leurs démonstrations des passages assez considérables : saint Augustin, qui en cite une trentaine de vers, en une traduction latine. /)" eip. Dei, 1. XVIII. c. xxiii. P. L.. t. xli. col. 579. en a conservé le souvenir à l’usage de l’Occident latin. C’est, sans doute, sa petite dissertation sur la Sibylle d’Erythrée qui a valu à la prophétesse ionienne - Erythrée est une ville du littoral d’Asie Mineure à la hauteur de Chio — une petite place dans la liturgie latine.

Dies il a-, dics illa Solvet steclum in favilla Teste David cum Slbylla.

Dans.sa forme actuelle, le recueil des oracles sibyllins — dont l'édition la plus accessible est celle du Corpus des Pères de Berlin : Die Oracula Sibyllina, fournie par J. Geffcken, 1902 — se présente comme divisé en quinze livres : mais, en fait, il manque les t. IX, X et XV, qui ont existé, mais n’ont pu encore être retrouvés, les 1. XIX IV n’ayant été eux-mêmes découverts qu’il y a un peu plus d’un siècle par A. Mai.

Les deux premiers livres ( 100 et 317 vers) qui ne sont pas toujours séparés dans la tradition manuscrite, décrivent d’abord, sous forme de prophétie, l’histoire générale de l’humanité, dans le cadre de dix généralions, la dernière étant contemporaine de la chute de Home, prélude des grands bouleversements qui inaugurent la catastrophe finale. Les allusions les plus transparentes sont faiics a la venue du Fils de Dieu parmi les hommes, d’abord dans l’humilité de son existence terrestre, cꝟ. 1. I. v. 319-359, puis en qualité de juge suprême, lors de son second avènement. Les scènes eschatologiques se déroulent selon le schème commun aux diverses apocalypses, cꝟ. t. II, v. 238347. Une description des supplices infernaux et du bonheur des élus termine cet ensemble, dont l’homogénéité est loin d'être parfaite.

Le t. III, le plus long de tous (829 vers), échappe plus encore à l’analyse. Le procemium t. 1-92) par lequel il s’ouvre est une apologie du monothéisme contre le paganisme, suivie d’un oracle messianique contre Home, ce dernier introduisant une prophétie sur la fin du monde. Mais cette prédiction très brève l’ait bientôt place a une histoire du monde, toujours censée vue prophétiquement par la Sibylle, depuis le déluge jusqu'à l’avènement du règne messianique (v. 97-291) ; suivent des oracles de loule nature contre les peuples les plus divers (295-488). La seconde moitié du livre (v. 489-829) reprend les déclamations contre l’idolâtrie, la louange du monothéisme Israélite et les prophéties eschatologiques.

Relativement brer (192 vers), le l. IV. outre des

oracles relatifs a diverses contrées, fait une place

importante à la légende scion laquelle Néron, qui a survécu aux événements de l’an 68, vil toujours,

retiré au delà de l’Euphrate, el reparaîtra aux derniers jouis. C’est dans une atmosphère analogue que nous laisse le I. (531 vers), où se lil assez clairement l’histoire romaine Jusqu’au temps des Antonins, ce qui donne lieu à de nouvelles malédictions contre la puissance qui a détruit le temple du Seigneur. On y joindra

une prédiction relative à la guerre que se leiiml les astres, aux derniers temps.

Sans que Ton puisse dire qu’elle l’orme un tout homogène, la série des I. VI-VII1 présente un certain nombre de caractères communs. Très bref, le I. VI (28 vers) est simplement un hymne au Christ, dont la