Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/261

Cette page n’a pas encore été corrigée
2023
2024
SU I NTOISME. CI’LTE


partagent respectivement la plaine des cieux », la nuit et l’océan. Les excentricités furieuses de Susanô envers sa sœur Aiualerasu contraignent la déesse à se

réfugier au fond d’une caverne. Les dieux réussissent à l’en tirer en lui présentant un miroir. Susanô est alors exilé dans un royaume terrestre, mais les dieux refusent de le reconnaître et ce sera le petit-fils d’Amaterasu, Ninighi, qui fondera le royaume des Iles et qui deviendra l’ancêtre de la race des mikados, par Jimmu Tennô. son petit-fils, le premier des empereurs japonais, le père de la maison impériale qui règne encore aujourd’hui.

Comme il est aisé de le voir, ces mythes ne sont là que pour expliquer la naissance d’une religion où toutes les forces et tous les phénomènes de la nature sont divinises et pour montrer en même temps l’origine divine de la famille impériale. Les premiers conquérants du Japon axaient apporté avec eux le culte du soleil et à mesure qu’en s’avançant vers le Nord, ils soumirent les différentes îles qui devaient former l’empire du Levant, ils y propagèrent l’adoration de la déesse solaire et la maison impériale victorieuse lui fut associée dans une très étroite parenté.

3. Le panthéon du Shinto.

A côté des kanii suprêmes, d’innombrables esprits, huit cents myriades, se partagent les phénomènes de la nature. Okuni Mushi, le dieu de la terre, préside aux cultures, tandis qu’une déesse, de l’abondance, Lke Moshi, assure au peuple japonais sa nourriture. Trois divinités ont remplacé Susanô dans le gouvernement de la mer. Des kami anonymes dominent sur les rivières et dirigent à leur gré la pluie, les vents et les orages. Les arbres que distinguent une antiquité vénérable ou une beauté spéciale sont considérés comme le séjour d’esprits particulièrement honorés. Le pilier central qui soutient la maison reçoit un culte approprié. Snari, le dieu-renard, était à l’origine un dieu du riz et de l’agriculture, il est devenu le kami qui assure la réussite dans toutes les affaires matérielles et le peuple rend aux renards sacrés de son temple un culte aussi fervent qu’intéressé. Le phallus, symbole de la force créatrice, emblème de la vigueur et de la santé, est honoré dans tout le Japon par un rite spécial.

1. Les kami esprits. - Comme il a été dit plus haut, il ne semble pas que les Japonais primitifs aient pratiqué le culte des morts. La déification de certains défunts est due a l’influence du bouddhisme, mais elle était trop dans l’esprit animiste du Shinto pour ne pas prendre aussitôt un développement tel que cette divinisation des ancêtres et des héros est devenue au cours des siècles le Irait le plus saillant de la religion officielle du Japon. Quiconque se distingue au cours desa vie par des qualités extraordinaires de science ou de bravoure, peut devenir après sa mort un kami respecté. Les Mongols axaient pour dieu de la guerre Hachiman et celui ci était censé incorporé dans la bannière portée en tête de la horde lorsqu’elle allait au combat, Versla fin du VI 1 siècle, les bonzes bouddhistes identifièrent Ilachiman avec Ojin Tennô, le conquérant de la Corée. Sa mère JingÔ et son (ils Nintoku partagent les hommages qu’il reçoit. Jimmu, le premier mikado. Yamato Dake qui conquit l’est du Japon, sont également honorés comme kami. Le cas le plus paient de la ( I i inisal ii ni d’un simple mortel est

celui de Temmangu, Ministre d’un empereur dans le

cours ilu i v siècle a p..1. C. et renversé par ses ennemis, il se manifesta après sa mort comme un kami terriblement puissant et rancunier. Il est adore comme le dieu du savoir.

Par ordre du mikado, en ces dernières années, une

vingtaine de personnes qui avaient bien mérité de

l’empereur et de la patrie, on) été éle ces officiellement

au rang de kami et honorées par des temples. Il n’est

pas nécessaire au surplus d’avoir été un grand homme

pour devenir un kami. un acte sensationnel qui manifeste une force redoutable suffit pour cela. A Tokyo, le tombeau d’un brigand exécuté pour ses crimes est devenu le centre d’une dévotion populaire très achalandée. Il est aisé de voir que nous n’avons dans ces pratiques que l’application des idées animistes à L'âme de certains morts, en tant que ceux-ci se sont manifestes comme des forces redoutables. De semblables faits se retrouvent dans toutes les religions a base d’animisme.

III. LE sllIN’IOISMi : MODERNE. Le culte. — Le culte shintoïste va nécessairement reproduire dans sa pratique la dualité signalée dans la croyance, culte officiel des dieux-esprits dans les temples, culte des morts dans le sanctuaire de la famille, tous les deux s’adressant en fait aux kami. forces de la nature ou défunts déifiés.

Le sacerdoce.

Le prêtre suprême dans le Shinto

est le mikado lui-même et, dans les cérémonies les plus importantes, c’est lui qui officie en personne. Dès les temps les plus reculés, l’empereur a délégué ses pouvoirs à des familles sacerdotales qui ont héréditairement exercé les fonctions religieuses. Ce sacerdoce héréditaire a maintenant disparu. Les prêtres shinthoïstes ne sont plus (pue des employés nommés par le gouvernement et auxquels leur emploi ne confère aucun privilège. Leurs fonctions consistent à réciter les prières dans les cérémonies officielles, a veiller à l’entretien des temples et à l’exacte ordonnance des rites et des sacrifices. Ils ne se rasent pas la tête comme les bon/es bouddhistes, ne portent aucun costume particulier et, en dehors de leurs fondions, peuvent exercer le métier qui leur plaît. Ils trouvent une source assez importante de revenus dans le ministère privé que de nombreux Japonais leur demandent d’exercer au sein des familles, tels que exorcismes, bénédiction d’une maison nouvelle, prières pour les morts, etc.

2° Sacrifices, prières et purifications. — Le sacrifice a toujours été en honneur dans le shintoïsine. Il est offert dans un but d’action de grâces, de propitiation et d’expiation. La matière ordinaire en est constituée par des aliments et des boissons. Ainsi dans le sanctuaire national dise, consacré a la déesse solaire, les prêtres offrent le matin et le soir quatre coupes d’eau. quatre coupes de sel. seize coupes île riz. des fruits, des poissons, des oiseaux et des légumes. Ces dons doivent être préparés sur un feu sacré obtenu encore aujourd’hui par le frottement de deux morceaux de bois.

Il est à peine fait mention de la prière privée dans les anciens documents. La prière officielle, norito, est toujours formulée en japonais archaïque. Elle s’adresse soit à l’universalité des kami. soit à quelque divinité particulière. On demande la santé, la longévité, le bonheur temporel, la paix et la prospérité du pays, la victoire dans les combats, l'éloignement de toute calamité. On n’y rencontre aucune intention spirituelle ni morale, aucune préoccupation de la vie future, sauf cependant dans ces derniers temps, mais rarement et sous l’influence du bouddhisme.

Les pratiques purificatoires demeurent en vigueur pour les individus et les ramilles, t ne grande purification nationale. VOharal s’accomplit deux fois l’an. Elle consiste en Installions, sacrifices et prières, et le mikado, en vertu de l’autorité que lui a conférée la déesse solaire, y déclare la cour et le peuple purifiés île leurs souillures et de leurs péchés. Les cérémonies de VOharal rappellent par les paroles et par les rites la grande purification mythique a laquelle le dieu Izanaghi fut contraint de se livrer au retour de son voyage dans le monde souterrain, pour laver la souillure contractée par l’attouchement du cadavre de son épouse, la déesse Izauami.