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byzantine, assez irrégulièrement payée, que rien n'était plus simple que île mettre la main sur ces richesses. Après avoir échoué en un coup de forée tenté eontre le La t ran, le eartula ire réussit plus tard à donnera son opération un semblant de légalité. Survenu pour prendre sa part du butin, l’exarque, qui se montra fort dur pour les membres influents du clergé, se couvrit du côté de Constantinople en partageant les profits avec l’administration impériale. Mais il faut penser qu’on avait mis quelque discrétion dans cette entreprise, car Séverin put donner au clergé le traitement habituel et môme un peu plus.

Il est dillicile de dire, étant donné le silence absolu du Liber ponti/iealis, si ces incidents avaient quelque rapport avec la question de YEcthèse. Cet édit de l’empereur Héraclius avait été lancé à l’automne de G38. On sait que, prenant prétexte des paroles du pape Honorius dans sa réponse à Sergius de Constant inople, il imposait le silence sur le point de la double ou de l’unique « énergie dans le Christ et rendait obligatoire la doctrine et la formule de « l’unique volonté ». Cf. art. Honorius I er, t. vii, col. 107 ; art. Monothélisme, t. x, col. 2308 et 2320. Le document Impérial dut être de très bonne heure apporté à Home, car l’exarque Isacius, déjà nommé, le reçut des mains du magister militum Eustathius, envoyé spécialement de Constantinople. Séverin se refusa à le signer et ce furent ses apocrisiaires qui durent négocier à ce sujet dans la capitale où leur séjour se prolongea. Les envoyés pontificaux, en effet, se retranchèrent tout d’abord derrière leurs instructions ; ils n'étaient pas venus dans la « Cité gardée de Dieu » pour signer des professions de foi ; tout ce qu’ils pouvaient faire, c'était de porter à Rome le document en question, dont leur maître verrait ce qu’il devait penser. Ils ajoutaient qu’en des problèmes touchant à la foi, il était vain de vouloir faire étalage de force. Leur fermeté eut finalement raison des exigences d’Héraclius et de ses conseillers ecclésiastiques. Ces derniers en vinrent à recommander au prince une solution pacifique et les légats partirent avec l’autorisation nécessaire au sacre épiscopal de Séverin. Sur ces tractations, voir une lettre de Maxime le Confesseur conservée par Anastase le Bibliothécaire dans les Collectanea, P. L., t. cxxix, col. 583-586. La consécration de l'élu eut donc lieu le dimanche 28 mai 640.

Quelle fut, au sujet de VEcthèse, l’attitude ultérieure de Séverin, il est assez difficile de le dire. Il est certain qu’au cours des mois qui suivire il la promulgation de l'édit, les orthodoxes, adversaires du monothélisme, axaient fait le possible pour retirer à la nouvelle hérésie L’appui que semblait lui donner la fameuse lettre du pape Honorius. Le patriarche de Jérusalem, Sophrone, avait envoyé à Home. Etienne de Dor. Cf. Mansi, Concil., t.. col. 891-892. Maxime le Confesseur, de son côté, avait sollicité et obtenu des explications au sujet <v cette pièce compromettante. Cf. lettre au prêtre Marin dans les mêmes Collectanea, /'. L., t. i.xxix, col. 571 BC. Sur la foi d’une formule insérée au Liber diiirtuis, on a soutenu que Séverin avait finalement pris parti, sinon contre VEcthèse, du moins contre le monothélisme. Cf..(allé, n. 2309. La chose ne nous paraît pas très assurée. On lit bien en effel, à la formule 73 du livre en quest ion, la profession de foi suivante Imposée aux évoques suburbicaires bus de leur sacre : Nous promettons de garder tous

les décrets des pontifes du Siège apostolique de sainte

mémoire, Skvkiun, Jean, I Inodore et Martin, relatifs aux nouvelles discussions soulevées dans la capitale,

confessant que, de même qu’il y a deux natures, il j a

aussi deux volontés naturelles et deux opérations naturelles : profitante » juxUi iluiiriini luitiirannn modum ita et duas naturales voluntates atque duas naturelles

operaliones. » [C’est ainsi qu’il faut lire avec Sickel, p. 73, et Rozière, p. 1 13, et non comme l’a fait Garnier : juxla duarum nuturarum motiim ita et duos naturales operationes, P. L.. t. cv. col. lit).] Dans l'état actuel des recherches sur la formation du Liber diurnus. il serait imprudent de tabler sur cette donnée. Il est remarquable, d’autre part, que le Liber ponti/iatlis ni aucune autre source contemporaine ne souffle mot d’un anathènie porté par Séverin contre le monothélisme (ou le monénergisme). E. Casparfait très justement remarquer qu’un passage du concile du l.atran de (i 19 exclut une telle condamnation. Mansi. Concil., t. x, col. 1005. Après la lecture à cette assemblée de la lettre de Cyrus d’Alexandrie à Sergius de Constantinople, où il était dit de VEcthèse qu’elle allait être reçue incessamment par le pape Séverin, récemment élu. le pape Martin fit la remarque suivante : Les monothélites ont été déçus ; non seulement VEcthèse n’a pas été admise, mais elle a été condamnée et anathématisée par l’autorité apostolique. » Après l’espoir, exprimé par Cyrus, de voir Séverin reconnaître le document impérial, c’eût été le cas ou jamais de mentionner la condamnation infligée par ce pape s’il en avait prononcé une.

Le pontificat proprement dit de Séverin prit lin au bout de deux mois. Comme actes provenant de lui, il faut signaler la translation de la terre ferme, occupée maintenant par les Lombards, dans les îles des lagunes de deux évèchés de Vénétie. Kehr. Italia pontifleia, t. vu />, p. 7 ; i. n. 1 ; p. 89, n. L Des prélats irlandais, abbés et évêques, adressèrent au pape Séverin une consultation sur le comput pascal. Elle arriva en Curie après la mort du pape. Ce furent les servantes locum Sedis aposlolicse qui y répondirent durant l’interrègne. Julie, n. 2040.

Liber pontiflealis, édit. Duchesne, t. i, ]>. 328-329 ; Jalté, Regesta pontiflcum romanorum, p. U27 ; E. Caspar, Geschichte des Papsttums, t. ii, Tubingue, 1933, p. 727 sq. ; ]>. 537 sq. ; du même, Die Lateransgnode won 649, dans Zeitschrift jur Kirchengeschichle, t. li, 1932, p. 111. note 87 ; v. Grumel, Recherches sur l’histoire du monothélisme, « tans Échos d’Orient, t. wi, 1930, ». 23-26 ; I.. Bréhier, dans Fliche-Martln, Histoire de l'Église, t. v. 1938, p. 133.

É. A MANN.

SEVERT Jacques naquit d’une famille noble à Beaujeu, dans le Lyonnais ; il vint à Paris et fut docteur de Navarre en 1588. docteur en théologie en 1592. Il se livra d’abord à la prédication, tout en étudiant diverses sciences. Puis il vint à Màcon, où il s’appliqua à combat Ire les nouveautés hérétiques ; il y exerça la fonctions de l béologal ; venu à Lyon, comme théologal, il y poursuivit la publication de divers écrits. Il mourut à Lyon, vers 1628.

Jacques Severl a publié, soit en latin, soit en français, de nombreux écrits d’exégèse et d’histoire religieuse. Le premier en date a pour objet la cosmologie : De orbis catoptrici seti mapparum principiis, descriptione æ usu libri 1res. Paris, 1598, in-fol. - Puis ce sont des traités sur les censures de L'Église : Sumnui omnis excommunicationts et casuum reseroalorum, tam l><ip<ilis et apostoliese quam episeopalis absolutionis, Paris, 1601, in-12, et De multiplici anathemate juris eequivalente ad nominatim liber, in quo exactissime sacrorum canonum et summulariorum doctorum sententiæ circa tractatus de excommunicatione aperiuntur, Paris. 1602, in-12. Installé à Lyon, il publia une

histoire îles archevêques de Lyon et des évêques île Màcon, à laquelle il ajouta plus tard l’histoire des conciles généraux ou provinciaux qui s'étaient occupes

de définir des articles de foi contestés par les calvinistes ou autres hérétiques : Chronologia historica suei essaims hierarchiese Anlistilum Lugdunensls archiepiscopatua, Galliorum primatus et sufjraganeorum dia ceseon, cum brevi expositione articulorum fldei catho-