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utilisait volontiers les procédés de la rhétorique et son

éloquence avait tout ce qu’il fallait pour plaire aux fidèles île ce temps, encore que, selon Socrate. loc. cit., il parlât le grec avec un assez fort accent syriaque. Gennade, De vir. UL. xxi, va jusqu'à écrire qu’il était in dioinis scripturis truditus et in homiliis declamator admirabilis. Il vint en tout cas à Constantinople vers 101 et il commença par entretenir avec saint Jean Chrysostome des rapports d’amitié, grâce auxquels il fut souvent appelé à prêcher dans la capitale. Bientôt ses prédications lui valurent assez de célébrité pour qu’il devint un des orateurs préférés de l’empereur Arcadius et de l’impératrice.

Lorsque Jean dut partir pour l’Asie, il confia à Sévérien le soin de son église. Socrate, II. L'.. t. VI, c. xi : Sozomène, II. E.. t. VIII, c. x. Celui-ci profita de l’occasion pour essayer de se faire valoir aux dépens de l'évêque légitime : il n’y réussit sans doute pas, mais il s’attira les reproches de Séràpion, en qui Jean avait toute confiance ; de là entre Séràpion et lui une rancune qui ne tarda pas à s’exaspérer. A son retour, Jean trouva la situation fort tendue ; il donna raison à Séràpion. à la grande satisfaction des fidèles, qui, dit-on, auraient même provoqué un soulèvement et obligé Sévérien à quitter Constantinople. Socrate, loc. cil. L’impératrice Eudoxie crut devoir intervenir pour demander aux deux évêques de se réconcilier publiquement :.Jean Chrysostome accéda sans peine à cette demande et s’efforça de calmer le peuple en lui représentant les bienfaits de la paix. Sévérien répondit le lendemain au discours de Jean et parla de la paix ; son homélie, fort brève, est assez embarrassée et semble peu sincère.

De fait, les hostilités ne tardèrent pas à reprendre entre Jean et Sévérien qui, au lieu de regagner son diocèse, demeurait à Constantinople et ne cessait pas d’y intriguer contre l'évêque. D’accord avec Antiochus et Acace de Bérée, qui étaient aussi venus s’installer dans la capitale, Sévérien n’eut pas de repos ni de trêve avant d’avoir obtenu la mise en accusation de Jean, à qui il reprochait toutes sortes de méfaits. On sait la suite de cette lamentable histoire et comment, au concile du Chêne, Jean fut déposé de l'épiscopat et envoyé en exil. Bien que son impartialité eût été justement contestée par le saint évêque qui refusait de le voir figurer au nombre de ses juges, Sévérien n’hésita pas à être un des principaux artisans de sa condamnation ; et, après le départ de Jean.il eut le triste courage de prêcher contre lui, à Constantinople même, en soutenant que son orgueil avait été la cause principale des mesures prises à son égard. Socrate, II. E., t. VI, c. xvi ; Sozomène, H. E., t. VIII, c. xix. Son autorité paraissait d’autant plus grande qu’il avait la confiance de la cour et qu’il avait administré le baptême au petit Théodose. Cf. Chr. Baur, Johannes Chrysostomus und seine Zeil, t. ii, Munich, 1930, p. 156 sq. Le peuple cependant ne l’aimait pas et quand l’exilé fut remonté sur son siège, Sévérien disparut momentanément de la capitale. Il n’en continua pas moins à lutter de toutes ses forces contre Jean. Il contribua ainsi à son second et définitif exil : pour se justifier, il écrivit, de concert avec Acace, Paul d’Héraclée, Antiochusde Ptolémaîs et Cvrinus de Cbalcédoine, au pape Innocent I er, une lettre où Jean était accusé d’avoir commis tontes sortes de crimes, en particulier d’avoir brûlé son église. Cette lettre demeura sans réponse. Sa haine ne désarma pas devant les infortunes du malheureux évêque : suivant l’alladius, Dial., xi, il alla jusqu'à réclamer qu’on l'éloignât de Cucuse, qui lui paraissait encore une résidence trop douce et trop rapprochée de Constantinople, et qu’on l’envoyât a Pityonte. Cet acte est, lemble-t-U, le dernier que nous connaissions de lui. Selon Gennade, De rir. UL, xxi, il mourut sous le

DICT, DE THBOL. CATHOL.

règne de Théodose 11. c’est à-dire après uns. Sa mort doit être même antérieure à 130.

11. Écrits. L’héritage littéraire de Sévérien est mal connu. Gennade, ibid., mentionne de lui un commentaire sur l'épître aux Galates et des homélies. Les renseignements qu’il fournit sont trop vagues pour être très utiles. Les auteurs anciens ont parfois cité l’un ou l’autre Fragment de Sévérien dans les florilèges dogmatiques : tes fragments permettent d’identifier telle ou telle homélie pseudépigraphe. Les chaînes exégétiques, de leur côté, conservent des passages plus ou moins importants de Sévérien. Cependant, la plus grande partie des textes de Sévérien que nous possédons nous est parvenue sous le nom de saint Jean Chrysostome et c’est parmi les apocryphes du grand docteur qu’il faut chercher, par une étrange fortune, les œuvres de son adversaire. Ce travail de recherche et d’identification a été entrepris jadis par E. Du Pin, Tillemont, Mont faucon. Il a été repris et poursuivi de nos jours par de nombreux érudits, comme Zellinger, Martin, Dùrks, et il est loin d'être achevé. Tandis que certains, Zellinger et Cavallera par exemple, attribuent à Sévérien la possession incontestable de trente homélies, d’autres avec Allaner n’en reconnaissent pas plus de quatorze et Puech parle seulement d’une dizaine. En plus des homélies conservées en grec, il y aurait à tenir compte d’homélies orientales, en copte, en syriaque et surtout en arménien. Cf. J. Simon, dans Analecia bollandiana, t. xlv, 1927, p. 382-384. Plusieurs de ces homélies, signalées par les catalogues, n’ont pas encore été examinées. Il doit s’y trouver beaucoup d’apocryphes, mais il ne serait pas étonnant qu’on y rencontrât aussi de l’authentique. Les indications qui suivent ne sauraient être définitives ; elles s’efforceront surtout de fournir l'état actuel des questions.

1. Gennade, loc. cit., ne parle que d’une Exposilio in epistolam ad Galatas. Ce commentaire est perdu. Mais on possède de Sévérien, ou tout au moins sous son nom, de nombreux fragments dans les chaînes sur les épîtres de saint Paul. Ces fragments ne se rapportent pas seulement à I'épître aux Galates ; ils sont relatifs à toutes les lettres de l’Apôtre. Plusieurs d’entre eux nous sont arrivés dans une double recension, ce qui permettrait de supposer que Sévérien lui-même a donné deux éditions successives de son ouvrage. Cf. K. Staab, Pauluskommentare aus der griechischen Kirche, aus Kalenenhandschrijten, Munster, 1933 ; R. Devreesse, Chaînes exegétiques grecques, dans Supplément du Dictionnaire de la Bible, t. i, col. 1218-1222.

Il ne semble pas que Sévérien ait commenté d’autres textes bibliques que saint Paul. Les chaînes sur l’Octateuque lui attribuent une vingtaine de citations. La plupart d’entre elles se laissent facilement identifier avec les passages correspondants des homélies sur la création. Cf. infra. Quelques autres fragments au nom de Sévérien se répartissent sur l’Octateuque. Ils ont été réunis par Combelis, Bibliothecse græcorum Patrum auctuarium novissimum, Paris, 1672, p. 291-294.

Une chaîne sur les psaumes cite quatre fragments sous le nom de Sévérien. Ces fragments appartiennent en réalité à Théodoret. Une chaîne sur Isaïe donne une citation sur 1s., vi, 3. On signale également un fragment sur Job. Quelques citations sur Actes, ii, 15 doivent provenir d’une homélie sur la Pentecôte. Cf. R. Devreesse, op. cit., col. 1 133. 1 1 15, 1 ! ">" : Zellinger, Studien zu Sevcrian von Gabala, Munster, 1926, p. 123.

2. Les Parallela Rupefucaldina, 1'. G., t. xevi, col. 480 et 533, citent sous le nom de Sévérien un A6yoç 7repl aipsTtxôJv ou A6yoç x'/ra odpe-uxtov qui n’est autre que l’homélie In diclum illud Matin., xxi, 23, sur laquelle nous reviendrons.

3. I.a Doctrina Patrum de incarnation* Verbi, édit. Diekamp, p. 76, rite un fragment s ; ôp-iXtocç SoyixaTUÔje.

T. — XIV. - 64.