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    1. SÉVÈRE D’ANTIOCHE##


SÉVÈRE D’ANTIOCHE. DOCTRINE. SÉVÉRIEN DE GABALA

2000

qui est fatigué, qui soulTre, qui meurt. C’est Dieu qui opère des miracles, qui guérit les malades, qui ressuscite les morts, qui remet les péchés. Cependant unique est t’agisseur et personne, pas même l’insensé, n’osera établir une classification pour répartir entre Dieu et l’homme ee qui provient de chacun d’eux. Ressusciter un mort de quatre jours est assurément une œuvre divine : se transporter au tombeau quand on a le pouNoir d’opérer le miracle à distance est le côté humain de l’acte ; ira-t-on s’amuser à distinguer ce qu’a fait Dieu et ce qu’a fait l’homme ? Non ; mais tout est huniunn-divin. théandrique, pour employer la formule du pseudo-Aréopagite. Puisqu’il n’y a qu’un agisseur il n’y a qu’une énergie et une opération.

Tout cela est très cohérent. Il est Incontestable que le langage de Sévère est tout à fait différent de celui qu’avait employé saint Léon et l’on comprend que le patriarche d’Antioche rejette les formules du Tome qui lui paraissent inspirées parle nestorianisme. Saint Léon avait enseigné : Agit enim utruque forma cum alterius communione quod proprium est. Non, répond Sévère : agir suppose que l’on subsiste et attribuer à la nature humaine une action propre, c’est lui attribuer une subsistance propre et indépendante, c’est être nestorien : où yàp èvspysï çùcrç où/ ùçsoTwoa 7rpooa>7uxcoç. Doctr. Patïum, éd. Diekamp, p. 310.

Mais il faut dépasser les formules et se demander si, en définitive, la christologie de Sévère est réellement monophysite au sens péjoratif que l’on attribue d’ordinaire a ce mot. A ce problème, on doit répondre d’une manière négative. Sans doute. Sévère est monophysite, puisqu’il ne cesse pas d’enseigner l’existence d’une seule nature dans le Christ, mais le mot nature a pour lui un sens concret, celui de personne ou d’hypostase et non pas un sens abstrait. Il ne faut jamais oublier ce point capital lorsqu’on lit l’un ou l’autre de ses traités. Ce vocabulaire ne lui appartient d’ailleurs pas en propre, car c’est celui de saint Cyrille d’Alexandrie lui-même. Le tort de Sévère, et il faut bien dire que ce fut un tort, a été de rester inlassablement fidèle a saint Cyrille et aux anathématismes. Ce faisant, il a suivi l’exemple de Timothée Aelure, de Philoxène de Mabboug et de beaucoup d’autres.

S’il a rejeté la terminologie de saint Léon le Grand et de Chalcédoine, c’est qU'à ses yeux cette terminologie conduisait nécessairement au nestorianisme, sous sa forme la plus rigide. Affirmer la permanence de deux natures après l’union, c'était proclamer qu’il y avait dans le Christ deux êtres, deux personnes réellement distinctes, bien qu’unies l’une à l’autre. Certes, il n’en est pas ainsi, et saint Léon a bien soin d’affirmer l’unité de personne dans le Christ. Mais Sévère ne retient pas cet aspect de la doctrine enseignée par le pape : il ne voit que la dualité, là où saint Léon, d’accord avec l'Écriture et avec la tradition patristique, proclame l’imite.

I n combattant a la fois les eutychiens et les chalcédoniens, Sévère s’exposait à n'être compris par personne. De fait, sa doctrine a été maintes fois attaquée, cl i 'est de nos jouis seulement qu’on a reconnu sa parfaite conformité avec celle de saint Cyrille. Seulement, il ne faut pas oublier que Cyrille avait eu peutêtre le droit d’emploj cr des Formules qui n'étaient plus

légil iuies eliez ses disciples. I.e concile de Chalcédoine,

en effet, marque une date dans l’histoire des controverses christologiques, il pose des affirmations ; il défini ! des termes. Il n’est pas permis de tenir ses Formules pour vaines et non avenues. L’erreur de Séxcrc a été de condamner le pape saint Léon et le concile de

Chalcédoine en les englobant dans la réprobation qui atteignait les nestoriens. Cela, Il n’avait pas le droit d ' i' Faire, et il reste coupable de l’avoir fait.

Nous avons indiqué les principales éditions des œuvres de Sévère. Il faut ajouter que des fragments plus ou moins Importants des textes originaux figurent dans les Quæstiones atlv. monophysilas, P. (i., t. lxxxvi b, col. 1768-1901 : dans Eustathe le Moine, Epistoïa ad Timotli : vum scolasticum de duabus natnris, /'. G., t. i.xxxvi a, col. 901-942 ; dans la Doctriiui l’atrum de incurnalione 'erbi. édit. Diekamp, Munster, 1907 ; dans J.-B. Chabot, Documenta ad origines monophysitarum illustrandax, Paris, 1908.

Parmi les ouvrages récents consacrés a Sévère d’Antioche, le plus important est assurément celui de.1. Lebon, l.e monophysisme sévérien, étude historique, littéraire et theo logique sur la résistance monophysite au concile de Chalcédoine, jusqu'à la constitution de l'Église iacobite, Louvaln, 1909. Cet ouvrage pourrait être complété en tenant compte des textes récemment découverts ou édités ; certaines corrections de détail pourraient même y être ap port ées, en particulier sur le véritable caractère de l’Apologie du Pkilalithe, que P>. Draguet semble avoir mis en relief. Mais, dans l’ensemble, la thèse de.1. I.ebon demeure solide ; il serait dlfflcile de la contredire.

On peut encore signaler : J. Eust ratios, Ssvîjooç 6 (iovopuorrr) ; naTpiàpyift A /T.o/ ;  : a :, Leipzig, 1894 ; G. Kruegcr. Monophysitische Streitigkeiten im Zusammenhange mit der Reichspolitik, Iena, 1884 ; J. Mahé, Les anathématismes de saint Cyrille et les évéques orientaux du patriarcat d’Antioche, dans Repue d’histoire ecclésiastique, t. vii, 1906 ; M. Jugie, Theologia dogmatica christianorum orientalium al> Ecclesia catholica dissidentium, t.v, Paris, 1935, p. 410 sa ;. ; J. Maspero, Histoire des patriarches d’Alexandrie (518-61(1 1, Paris, 1923 ; M. Peisker, Severus von Antiochien. lun kritischer Quellenbeltrag zur Geschichte îles Monophgsitismus, Halle. 1903 ; A. Hehrmann. Die Christologie îles Id. Cyrillus von Alezandrien sgslematisch darijestellt, llildesheim, 1902.

(i. Bakdy.

2. SÉVÈRE DE M INORQUE (V siècle) Le nom de Sévère, évêque, se lit eu tête d’une lettre adressée aux évéques, prêtres, diacres et aux fidèles de toute la terre ». qui a été publiée pour la première fois par Haronius. Annales eccles., ad an. 418, n. 44-72. L’auteur de la lettre se donne lui-même comme étant évéque de l'île de Minorque et raconte avec détails la conversion forcée des juifs de cette île, à la suite de l’arrivée des relique de saint Etienne, premier martyr. apportées par le prêtre Orose. Voir ici, t. xi.col. 1604. Ces reliques avaient été déposées dans un petit sanctuaire, aux portes de Mahon, où les juifs étaient en grand nombre. Le renouveau de ferveur chrétienne qui s’ensuivit amena un réveil du fanatisme antijuif, ce que Sévère regarde comme une bénédiction divine. Se croyant menacés, les juifs font des préparatifs de défense ; l'évêque, qui résidait ordinairement à l’autre bout de l'île, arrive alors avec un fort contingent de ses ouailles, qu’il lance à l’assaut de la synagogue de Mahon. Celle-ci est brûlée et détruite : les juifs terrorisés cèdent à la force ; le chef de leur communauté, suivi de la plupart de ses coreligionnaires, se convertit. Bien entendu, l'évêque arrive à faire un récit édifiant, où les signes divins abondent, de ce haut fait. La lettre est, a tous égards, d’un très vif intérêt. Les événements sont datés du début de février 417.

Le texte est publié deux fois dans P. L., t. xx, col. Thl746 (reproduit le texte de Haronius) et t. xii, col. 821-S32 (en un appendice au t. vu des Œuvres de saint Augustin, qui rassemble diverses pièces relatives à l’invention du corps de saint Etienne). Autre édition mentionnée par P. -M. Gams,

Die Kirchengeschichte non Spanien, t. u a, p. 407.

I'.. Amwn.

    1. SÉVÉRIEN DE GABALA##


SÉVÉRIEN DE GABALA, evéque de cette Ville, au début du ve siècle.

I. Vu ;. — Sévérlen était évêque de Cabala, ville de la côte, syrienne située à peu près à mi-chemin entre AradOS et Laodicée, lorsque la nouvelle des succès obtenus à Constantinople par l'éloquence de son voisin

Anttochus de Ptolémals excita son envie et son ambition. Socrate, Hist ceci.. I. VI, C. XI. H avait fait. semble l il. de fortes études classiques ; il connaissait et