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    1. SÉVÈRE H’ANTIOCHE##


SÉVÈRE H’ANTIOCHE. DOCTIUM

1998

tage mélangées : à tout instant Sévère revient làdessus dans sa correspondance avec Sergius le Grammairien et il se plaît à reprendre la comparaison déjà faite par saint Cyrille de l’union du eorps et de l'âme dans l’homme, car cette union a bien pour terme une pûaiç unique, mais elle exclut aussi tout mélange des éléments qu’elle rapproche : « Est-ce donc que l'âme de l’homme a été couvert ie pour devenir la chair ou la chair a-t-elle subi une conversion pour devenir l’Ame ? Car telle est la propriété du mélange. Ou bien faut-il comprendre, d’après ce qui a lieu pour les eorps qui s’agglutinent et se rassemblent, le confluxus de lame raisonnable avec son corps'? Nullement. Mais nous dirons en toute confiance que c’est un concours phvsique. » // 6 lettre à Sergius. citée par J. Lebon, op. cit., p. 230-231.

S’il n’y a pas mélange ou confusion dans le Christ, il y a cependant composition ou synthèse. La synthèse est cet état dans lequel les composants restent sans changement, ne sont pas combinés, mais n’ont pourtant pas d’existence à part ; ils ne sont pas tS'.i<T’i<r : a ?ot.. « Le Verbe, qui a son être avant tous les siècles et qui est simple par essence, est devenu composé par l’incarnation, i W lettre à Sergius, citée par J. Lebon, op. cit., p. 321. S Tgius le Grammairien voulait que l’incarnat ion fût un mélange, paur que la Trinité restât Trinité. Sévère lui répand : La Trinité demeure Trinité, bien que le Verbe se soit fait chair et homme. Il (le Verbe) est un en hypostase, même lorsqu’il s’est incarné. Celui qui d’abord était simple est maintenant, d’une façon glorieuse et ineffable, composé avec la chair animée et raisonnable ; il n’est pas partagé en deux et il demeure sans confusion. C’est le même qui est consubstantiel à Dieu le Père et à nous. Ibid., p. 321-322. » En s’incarnant, la o-Wç du Verbe devient qutôeroç, puisqu’elle est aeaaçac<ùthn ; m lis elle ne devient pas SltcXoÛç ou 51tttj, puisqu’il n’y a qu’un seul Verbe incarné, et Sévère reprend, presque comme un refrain la formule chère à saint Cyrille : pis pûoiç toû ®eoû.'>-o’j oeoapXb>(iiv7].

Une difficulté subsiste cependant, celle que Jean le Grammairien oppose à Sévère : s’il y a dans le Christ, dans le Verbe incarné, deux choses, deux réalités sans confusion, l'élément divin et l'élément humain, comment ces deux choses ne sont-elles pas deux natures ? Cette difficulté est réelle ; elle semble bien embarrasser Sévère. Le patriarche d’Antioche ne peut pas, cela est évident, renoncer à soutenir l’unité du Christ. Il ne peut même pas parler de deux natures, puisque, nous l’avons vii, pour lui le mat tpumç signifie l’individu concret, la personne. S’il accepte momentanément de distinguer deux pûoeiç, ce ne peut être que par jeu, par imagination : —7, Becoptç, ~7 ; 9xv- : xaîa toû voô |t6vou, tô /£>. -7, è-'.voîa. Cf. P. G., t. lxxxvi a, col. 908 À, 921 AB, 936 D. Dès que l’on revient à la réalité de l’union, on ne trouve plus qu’une seule personne, une seule hypostase, une seule nature. Le Christ est bien ht Siio ; il est même £x Siio çvascov, | Sx 860 ÙTroordtoecav (Cf. Lebon, op. cit., p. 376) ; ce qui ne l’empêche pas d'être une seule ç fejiç.

La réponse de Sévère n’est évidemment pas suffisante, car il suffit de lire l'Évangile, de regarder vivre et agir le Christ pour se rendre compte que la distinction des natures ou des propriétés n’est pas simplement un jeu de l’esprit ou une hypothèse. S’il faut j admettre que la propriété révèle la nature, il est assuré qu’il v a dans le Christ des propriétés hum unes et des propriétés divines. Saint Léon avait naguère affirmé que, dans l’incarnation, la propriété de chaque nature est sauvegardée, que chaque nature conserve

sa propriété. Sévère n’accepte pas Cette façon de parler. Si l’on entend, dit-il, par propriétés (tôiOTIKj) lis attributs (l3t6>qutTs) qui conviennent soit a l’humanité,

comme d'être visible, intelligent, palpable, soit à la divinité, comme d'être éternelle, immense, invisible, il est vrai que ces qualités ou attributs continuent d’exister dans l’union ; seulement, on ne doit pas les considérer comme appartenant séparément à deux natures, comme étant tellement propres à l’un des éléments, que l’on ne puisse, en vertu de la communication des idiomes, les rapporter à l’autre et surtout au Verbe, l’unique sujet dernier des divers attributs… Cependant, si l’on ne peut pas diviser entre deux sujets les simples attributs et qualités, il y a une qualité tellement propre à chacun des éléments qu’elle ne se communique pas à l’autre, sous peine d’avoir un mélange des essences : c’est sa 7to16tï]ç 'pocsixT), son essence spécifique. Puisqu’on n’admet pas la confusion de l’humanité et de la divinité, il faut bien admettre que chacune d’elles possède en propre et ne partage pas avec l’autre d'être en soi ce qu’elle est : il y a dans le Christ une dualité de propriétés en qualité naturelle, ESiotïjç wç èv rcoiOTrçfi cpuaiXTJ. » J. Tixeront, Histoire des dogmes, t. iii, p. 124 ; cf. J. Lebon, op. cit., p. 422 sq.

Nous voici au rouet. Il semble que Sévère n’avait pas aperçu tout d’abord ces conséquences de sa doctrine et la nécessité où il se trouvait d’admettre dans le Christ la subsistence de deux aspects, de deux catégories de propriétés, et que ce soient les exigences de sa controverse avec Jean le Grammairien qui lfaient animé à préciser ses idées. Il serait utile, dans un exposé plus développé, de distinguer dans la mesure du possible, les diverses étapes de la pensée du patriarche. En tout cas, la question est posée paur lui de savoir comment se maintiennent, dans l’unité de nature, les propriétés caractéristiques de l’humanité, si l’on veut éviter le mélange et la confusion.

Certes, Sévère n’a pas tort de critiquer certaines formules incorrectes, telles que celle-ci : « Deux natures avant l’union ». « Personne, écrit-il, parmi ceux qui ont une pensée orthodoxe, n’a jamais dit « deux natures avant l’union ». En effet, avant l’union et l’incarnation, le Verbe de Dieu était simple et non incarné, comme invisible par essence, dépourvu de forme et de corps, et coéternel au Père et à l’Esprit. Mais, lorsqu’il voulut se faire homme pour nous sans changement, tout en restant Dieu, et qu’il couvrit de son ombre, d’une manière ineffable, la Vierge mère de Dieu, il s’unit une chair (prise) de la Vierge, par (l’opération de) l’Esprit, consubstantielle à nous, animée et intelligente, par le groupement qui (se fait) en union physique. Nous appelons aussi l’union « hyposta tique », parce que c’est dans l’union au Verbe qui est avant les siècles, que cette chiir a été constituée et amenée à l’existence, et parce qu’elle a acquis du même coup l’existence et l’union. De la sorte, on connaît un seul Emmanuel « de deux », d’une manière inséparable (de) la divinité et (de) l’humanité, conçu et né dans la chair. L'âme de tout homme naît aussi avec son corps ; par essence sans doute elle diffère de lui ; mais une (seule) nature et hypostase est formée des deux. De la même façon, le Verbe de Dieu, selon qu’il est écrit, communique avec nous au sang et à la chair, il a pris notre forme en tout hormis le péché. Si donc, avant l’union et l’incarnation, le Verbe était simple et incorporel et si, après l’incarnation, il est un de deux, où sont ceux qui disent cette fable de deux natures avant l’union ? » Aduers. Joan., ni, 1 I ; cité par J. Lebon, op. cit., p. 395-396.

Avant l’incarnation, le Verbe existe seul. Après l’incarnai ion, il y a un seul être concret, une seule hypostase faite de deux. Il suit de la qu’unique est aussi l’action, l'èvépyeux du Verbe Incarné. Sévère n’ignore pas que, parmi les actions accomplies par le Christ, il iai est qui conviennent a l’homme, et d’autres qui conviennent à Dieu : c’est l’homme qui a faim i I