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    1. SERVITES##


SERVITES. ÉTUDES T II KOLOGIQUES

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Ardingo (ï 1247), ensuite celle du cardinal légat Raiiierl Capocci, († 1250), qui plaça l’ordre naissant sous l’autorité du Saint-Siège (1217). Ils professaient la plus stricte pauvreté jusqu'à la renonciation à toute propriété, non seulement eu privé, mais encore en commun, et même a la faculté de pouvoir recevoir aucune olïrande ou legs, sinon en cas de nécessité absolue. Par un acte solennel (1251), ils s’interdirent tous de recourir à l’avenir au Saint-Siège pour modifier ou changer leurs statuts par bulles ou dispenses. En 125-1, ils obtinrent même une bulle leur interdisant d’ensevelir des étrangers, ce qui donnait lieu à des gains extraordinaires, et d’admettre dans leurs églises les femmes au culte divin.

L’ordre, en attendant, était en train de se répandre. Outre le Mont-Senario et Cafaggio (actuellement la basilique de la S. Annunziata de Florence), ils fondèrent, en l’espace de peu d’années, des couvents à Sienne, l.ucques, Arezzo, Pistoie, Pologne, Viterbe, et dans presque toutes les villes de la Toscane, de l’Ombrie, et de la Romagne. Au cours de son développement, l’ordre perdit un peu de son caractère érémitique, pour se donner à un apostolat plus fécond. Ce fut surtout sous le généralat de saint Philippe (1267-1285) qu’eut lieu cette impulsion, qu’approuvèrent du reste les souverains pontifes.

Mais après le IIe concile de Lyon (1274), l’ordre passa par bien des épreuves. Le concile, au canon 23, interdisait la fondation d’ordres nouveaux, et supprimait ceux qui avaient surgi après le concile du Latran de 1215, à l’exception de quatre. L’ordre des servîtes ne se trouvait pas dans le nombre, ce qui le mit dans de très graves difficultés. Il y avait sans doute des canonistes qui estimaient que l’interdiction ne les touchait pas, mais beaucoup d’autres ne l’entendaient pas ainsi. Aussi les évêques, en bien des endroits, se mirent à exercer leur juridiction sur les couvents des servites, comme si ceux-ci avaient été supprimés en réalité. Pien des religieux, découragés, abandonnèrent l’ordre.

Mais la sainteté et la prudence du saint général Philippe Penizi et de son successeur Lothaire eurent raison, avec le temps. Avant tout, ils consultèrent les canonistes les plus estimés de l'époque, tels que Ange de Rome, Salvi de Bologne, Pepo de Sienne, et plus tard, Garcie de Pise, André Gandolfl, Porrine de Casole et beaucoup d’autres, qui donnèrent un avis favorable. Ils introduisirent ensuite la possession de quelques fonds pour l’entretien des religieux. Ils purent ainsi passer pour un ordre non-mendiant. Après l’avènement de Nicolas IV, ils supplièrent celuici de reconnaître les principaux couvents de l’ordre. C’est en 1304, le Il février, que Benoît XI approuva l’ordre entier. Depuis le décret du concile de Lyon, trente ans s'étaient écoulés. Au xive siècle, l’ordre put se répandre. Déjà sous le généralat de fr. Pierre de Todi, il comptait cinq provinces, dont quatre en Italie et une en Allemagne. Il put ainsi déployer son activité qui ressemblait à celle des autres ordres mendiants : vie religieuse, culte divin, prédication et étude ; quelques membres d’ailleurs continuaient encore à mener la vie érémitique. L’ordre dés le début de son existence, eut un culte tout à fait spécial envers la sainte Vierge, Mère des douleurs.

Congrégation de l’Observance.

Au déclin du

iv siècle, l’ordre des servites, comme du reste tous les ordres, subit un relâchement notable qui apparut encore plus considérable en comparaison de la simplicité et de l’austérité de sis origines. Un tel relâchement stimula un petll nombre de religieux ayant à leur

tête un bachelier de l’université de Paris, frère l 'ici ri de sienne, à rétablir en 1 105 au Mont-Senario une vie plus retirée et plus austère. Leur exemple porta beaucoup d’autres religieux à agir de même, el à Instituer

la congrégation de l’Observance, qui se maintint pendant près de deux siècles. Les principaux motifs de cette séparation furent : le désir d’une plus grande pauvreté, le retour définitif au régime d’aliments maigres de l’austérité primitive et la défense de s’adonner aux études profanes. Lors de l’entreprise de cette réforme, de sérieuses difficultés surgirent, soit du côté de ceux qui se disaient conventuels, soit du côté de beaucoup des membres qui exigeaient une séparation complète de l’ordre. Toutefois, le sens de l’union prévalut, et la congrégation, toujours dans une certaine dépendance de l’unique prieur général de l’ordre, fut formellement approuvée en 1434, au chapitre de Césène. Elle se propagea spécialement enLombardieet en Vénétie, et de son sein sortirent les religieux tes plus remarquables de l’ordre aux xv et xvie siècles. Lorsque, en 1572, saint Pie V la réunit à l’ordre, elle comptait environ soixante-dix couvents.

Congrégation des ermites du Mont-Senario.


Le Mont-Senario fut toujours pour l’ordre la personnification de l’esprit primitif des sept saints fondateurs. A la fin du xvre siècle, après la suppression de la congrégation de l’Observance, s'était fait sentir le désir plus vif de la vie érémitique. Aussi le P. général, Lélius Baglioni, après avoir fait agrandir et reconstruire le couvent, y rétablit en 1593 ce genre de vie avec constitutions et observance appropriées. Il forma ainsi une congrégation sous la dépendance immédiate du Père général, laquelle fut, durant près de deux siècles, une pépinière de religieux exemplaires. Jeûne, végétarisme, clôture, longue psalmodie et travail, étaient les règles fondamentales de la vie de ces ermites, dont le nombre allait en augmentant. Ils se répandirent en d’autres ermitages, tels que ceux du Lazio et de Luni. Us subsistèrent jusqu’en 1778, quand un ordre du grand-duc de Toscane, Pierre I.éopold, frère de Joseph II d’Autriche, peu favorable à leur institution, les obligea a mener la vie conventuelle.

4° Diffusion de l’ordre. - A la fin du x c siècle, l’ordre des servîtes de Mairie, outre son expansion dans toute l’Italie, spécialement au Centre et au Nord, possédait dans le sud et l’ouest de l’Allemagne une province de vingt couvents, une autre dans le midi de la France, et une autre en Espagne méditerranéenne. Au commencement du xvir 3 siècle, il se propagea aussi en Autriche où il eut, et a encore à présent, une province florissante ; de là en Bohème et en Hongrie, où il existe toujours. C’est seulement après le milieu du xix r siècle qu’il pénétra en Belgique, en Angleterre et en Amérique du Nord. En 1920, il se rétablit en France. Actuellement il possède une mission en Afrique, une aulre à l’intérieur du Brésil, et plusieurs maisons en Argentine et au Chili. Outre les religieux prêtres et les frères lais, furent Instituées, avec l’aide particulière de sainte Julienne Falconieri, les religieuses, aussi bien cloîtrées du second ordre, que du tiers-ordre. Elles eurent leurs propres constitutions qu’approuva définitivement Martin V. De même fut fondé le tiers-ordre, séculier dont les membres vivaient, comme dans les autres ordres, sous la direct ion des Pères servites.

II. Théologiens et études thêolooiques. —

Pour ce qui regarde les éludes chez les servîtes du MIC siècle, on ne constate que peu de chose. Sans doute est il dît que saint Philippe Benizi était docteur de Padoue, in medicinalibus docius ; toutefois, nous n’avons aucun écrit qui puisse nous faire connaître

sa doctrine. D’ailleurs, l’ordre, à ses premiers moments, avait plutôt le caractère érémitique ; « le plus, et c’est là peut-être la principale cause, les premiers servites se trouvèrent, pour une bonne période, en des conditions si incertaines et si précaires, qu’ils ne purent se donner aux éludes à loisir. Toutefois, on lroue que