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SERVE ! (MICHEL) — SERVICE.MILITAIRE


personne du milieu de la divinité. Je commence mou étude par l’homme Jésus, qui a été frappé de verges et outragé sous l’onee-l’ilate. > Et il s’efforce de faire voir que ce Jésus historique, en qui il ne faut pas voir un être transcendant, mais un homme, fut le vrai Messie et qu’il mérita d'être élevé à la dignité de fils de Dieu. « Christ est Dieu, dit-il. non par nature, m lis par grâce, par privilège : c’est le l'ère qui l’a sanctifié et exalté. parce que le Christ s’est humilié. » Et il conclut en soutenant que tous les hommes doivent aspirer, par l’imitation du Christ, à cette divinité morale qui fut la sienne.

Calvin, de son côté, comprenait que la négation de la double nature divine et humaine en l’unique personne de Jésus-Christ, telle qu’elle avait été définie dans les premiers conciles, aboutissait à la négation du salut. Si le Christ n’est pas Dieu et homme, la rédemption disparaît, nous ne sommes plus délivrés de nos péchés, toute l’espérance humaine est anéantie.. De là cette passion qu’il mit à poursuivre Servet. Il faut reconnaître par ailleurs que ce médecin étonnant, en qui il y avait des étincelles de génie (on a pu lui attribuer la découverte de la circulation pulmonaire du sang), était d’une audace dans son langage, d’une assurance dans son exégèse, d’un éclectisme dans ses lectures, d’une incertitude dans sa philosophie, qui devaient soulever l’aversion de son siècle. On lui reprocha donc pêle-mêle son anabaptisme, son inahométisme (il citait le Coran, disant qu’il y avait du bon à prendre partout), son antitrinitarisme, en un mot son impiété notoire, scandaleuse, intolérable. Parmi les propos que l’on cite de lui, le plus connu est le suivant, au sujet de la sainte Trinité : « A la place de Dieu, vous avez un cerbère à trois têtes ; à la place de la vraie foi, vous vous repaissez de songes décevants. » Il s’opposait ainsi à toute la chrétienté. Sa mémoire demeura honnie. Mélanchthon, à qui Calvin avait envoyé sa réfutation de Servet, écrivit, le 14 octobre 1554, à Calvin : J’ai lu votre ouvrage où vous avez magnifiquement réfuté les horribles blasphèmes de Servet et je rends grvces au P’ils de Dieu qui fut l’arbitre de votre combat. L’Eglise vous devra et maintenant et dans la postérité de la reconnaissance. J’applaudis complètement à votre jugement. Et j’affirme que vos magistrats ont agi avec justice en faisant exécuter, après un procès régulier, ce blasphémateur. » Opéra Calvini, t. xv, p. 208.

On lit dans la Confession gallicane du 20 mai 1559 (Confession des huguenots de France) : « Nous délestons toutes les hérésies qui ont anciennement troublé les Églises, et notamment aussi les imaginai ions diaboliques de Servet, lequel attribue au Seigneur Jésus une divinité fantastique, d’autant qu’il le dit estre idée et patron de toutes choses et le nomme Fils

personel ou figuratif de Dieu, el finalement luy forge

un corps de trois élémens incréés, et par ainsi ineste et destruit toutes les deux natures, i

Ces dernières lignes disent fort bien ce que l’on reprochait surtout à S rvet : 1° la négation de la divinité métaphysique de Jésus-Christ, pour ne lui accorder qu’une divinité toute morale, c’est-à-dire « fantastique ou fantaisiste ; 2° la prétention d’en taire pourtant le Logos, c’est-à-dire « l’idée ou le patron

modèle » de toutes choses. bien qu’il ne fût pas

réellement Dieu ; — 3° une façon de concevoir son humanité, composée du Logos ou Idée de Dieu contenant les choses crêtes, et de l'âme jointe au corps

humain, qui fauss.iii réellement la conception de l’humanité de Jésus Christ.

I. Soi nu v Rllllel de Candolle, Relation du procès criminel Intenté " Genève n 1563 contre Michel Seroet, dans Mémoin et documents publiés par la Société d’histoire et d’archéologie de Genève, 1844 ; Corpus reformatorum, Opéra

Calvini (dans le Corpus, les Opéra Calvini commencent au t. xxix et vont Jusqu’au t. lxxxvii Inclus) : i. viii, les Lettrede Servet a Calvin, p. 645-720 ; lepiècedu pince-, ]). 721-856 ; la réfutation de Calvin, en 1554', Defensio orthodoxie fidei (ouvrage envoyé à Mélanchthon, signalé ci-dessus), ». 153-644 ; lelettres contemporaines de Calvin et de

ses amis, p. 857-872, voir an-si t.xii, p. 283 ; t. xiv. p. ISO,

.io, 589-709 ; relations de Bèze et Colladon, Ibid., t. xxi,

p..".7, 76, t H'..

II. Travaux. Surtout Tollin, Charæterbild Midi tri Seroets, 1876, el Dos Lehrsgstem Midi ici.sVrrW.slS7ti-l.s77 ; Willis, Servetus and Calvin, 1877, examine le point de vue

médical ; N. Welss, Calvin, Servet, ( ! de Trie et le tribunal de Vienne, danBulletin de la société d’histoire du protestantisme. 1908, p. 387-404 ; en outre les diverses biographies de

Calvin : Doumergue, au t. vi, p. 400 sq. ; Williston Walker, p. 349 sq. ; Jean Benotl (1933), p. 104sq. ; J. Viénot, Histoire île la Réforme française, p. 200-203.

L. Citisn viii.

    1. SERVICE MILITAIRE##


SERVICE MILITAIRE. — Cet article a pour objet de définir l’attitude de l'Église par rapport au service militaire. Depuis la seconde moitié du xie siècle, particulièrement à partir des croisades, l'Église a, par rapport au service militaire, une attitude très nette. De l’avis unanime des moralistes, le métier des armes, exercé volontairement ou en vertu d’une prescription légale, est parfaitement compatible avec la profession de la foi chrétienne ; la participation à la guerre est en elle-même exempte de péché, elle peut même constituer un acte méritoire.

Mais, au cours des onze premiers siècles de son existence, l'Église a eu par rapport au service militaire une attitude bien plus nuancée. I. Sous l’empire païen. II. Dans la société chrétienne.

I. Sous L’BMPIBB PAÏEN. — 1° Xoiweau Testament. — Le Nouveau Testament est peu explicite sur la question du service militaire. Aux soldats qui lui demandent « Que devons-nous faire ? » Jean-Baptiste répond : i Abstenez-vous de toute violence et de toute fausse dénonciation et contentez-vous de votre solde. Luc, iii, 14. Ces recommandations peuvent s’adresser aux gens de guerre de tous temps. C’est ainsi qu’elles sont reprises par le « sermon du capucin » dans la pièce de Schiller. Il allensleins Lager. Elles ne disent toutefois pas expressément si l'état militaire est par luimême compatible ou non avec l’entrée dans le royaume de Dieu. Jésus a bien dit à propos du centurion sollicitant la guérison de son esclave « qu’il n’avait pas trouvé une aussi grande foi en Israël ». Matth., viii, 10. Mais il a aussi déclaré que « tous ceux qui se serviront du glaive périront par le glaive ». Matth.. xxvi, 52. On verra que cette parole du Sauveur a été interprétée comme une condamnation du service militaire.

Le premier païen qui embrassa le christianisme fut un militaire, le centurion Corneille. Act., x. Nous ignorons toutefois s’il resta au service après sa conversion. A plusieurs reprises saint Paul emploie des métaphores empruntées à la vie militaire : « Soyons sobres, prenant pour cuirasse la foi et la charité et pour casque l’espérance du salut. » I Thess.. v, .S. Prenez l’armure de Dieu… revêtus de la cuirasse de la justice…prenez le bouclier de la foi… le casque du salut et le glaive de l’Esprit. » Eph., i, 13-17. Il ne ressort pas de l’emploi de ces métaphores qu’aux veux de saint Paul l'état militaire ait été compatible ou incompatible avec la profession de la foi chrétienne. Dans la deuxième épître a Timolhée. l’Apôtre recommande, à son disciple de se comporter i en bon soldai du Christ i, 1 1 Tim., ii,

(. Mais un bon soldat du Christ peul-il être en môme

temps soldat (lu César idolâtre'.' La niililia Christi qui est basée sur la foi et qui combat le bon combat par la pratique de la charité est-elle compatible avec la

militia Ctesaris, qui est basée sur un serment Idolâtri que fin genium Csesarts) et qui emploie la violence pour l’acquisition ou la défense de biens purement