Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/216

Cette page n’a pas encore été corrigée

'

    1. SÉRIPANDO JÉRÔME)##


SÉRIPANDO JÉRÔME). ROLE DOCTRINAL

1934

théologiens et, à l’aide dos éléments qu’on lui fournit, rédigea un nouveau texte, qui fut soumis, dès les premiers jours de septembre, à divers évêques et théologiens importants, t. i, ]>. 571. Ce texte fut envoyé à Rome le 22, t.. p. 660, et soumis au concile le 23, t..p. 420-430. Tout le monde le loua de prime abord, sauf Seripando qui ne reconnut pas von œuvre. Le général des augustins présenta même des observations au cardinal. » Michel, Les décrets du concile de Trente, t. x « de l’Histoire des conciles d’Ilefele-I.eclercq.p.77. Le nouveau projet maintenait cependant intégralement plusieurs parties du texte de Seripando. ainsi le chapitre final consacré au mérite. Cône. Trid., t. xi, p. 426.

Le nouveau projet fut présenté aux théologiens les 27-28 septembre, t. v, p. 431-442, et soumis aux Pères les 1-2, 5-9 et 11-12 octobre. Le 8 octobre, Seripando exposa ses idées sur la question, ibid., p. 186-488, et causa une grosse émotion. Rappelant la position de Gontarini, Cajétan, Pighi, Pflug et Gropper, il demanda au concile d’adopter la distinction entre deux justices, celle de l’homme, acquise par les œuvres, insuffisante qustice inhérente), et celle du Christ, acquise par la foi, nécessaire pour compléter la précédente qustice imputée), c’est ce qu’on est convenu d’appeler la théorie de la i double justice ». Le discours du général des augustins provoqua une telle réaction que les légats décidèrent d’organiser une discussion spéciale sur ce sujet. Ibid., t. V, p. 196-197. Seripando posa lui-même la question en ces termes : L’irum justificalus qui operatus est opéra bona ex gratin … ita ut retinuerit inheerentem justitiam … censendus sit satisjecisse divinæ justitite ad méritant et acquisitionem vitic x ternir, an vero cum hue inheerente fustitia opus insuper habeat misericordia et justifia Christi … quo snppleantur defeetus suas juslitiæ. P. 533. Les consultations des théologiens ne prirent pas moins de dix séances (du 15 au 26 octobre). Trente-sept théologiens prirent la parole : cinq seulement furent favorables à la thèse de Seripando, trois augustins, Aurélius de Roccacontrata, p. 561-561, Marianus de Feltre, p. 599, Ktienne de Sestino, p. 607-611 ; le théologien pontifical Antoine de Solis, p. 576, et le servite Laurent Mazocchi, p. 632, qui dixerunt (résume Massarelli, p. 632) inhærentem justitiam non sufficere sed esse opus imputatione justiti.T Christi ; les autres théologiens s'élevèrent contre la théorie de la double justice, principalement le jésuite Lainez, qui discuta point par point tous les arguments de Seripando. P. 619-626. Les Pères se rallièrent à la position de Lainez. Cf. J. Brodrick, The jesuits at the eouncil of Trent, dans The Monta, t. cliv, 1929 b, p. 513-521 ; t. clv, 1930 a, p. 97-108.

Le 25 octobre, Cervini demanda à Seripando de se remettre encore une fois au travail et de rédiger un nouveau décret De justifteatione sur la base du précédent en tenant compte des desiderata exprimés par les Pères et les théologiens. Seripando acheva son travail le 31, Conc. Trid., t. i, p. 581-583 ; t. ii, p. 430 ; texte, t. v, p. 510-523 ; Cervini y apporta des retouches qui provoquèrent une nouvelle protestation de l’auteur. Le projet fut néanmoins soumis aux théologiens et aux Pères le 9 novembre et occupa quatorze séances jusqu’au 1° décembre, t. v, p. 642-685. Au cours des discussions plusieurs orateurs demandèrent au concile de condamner la théorie de la double justice ; certains, tels le franciscain Denis Zannettini, évêque de Mvlopotamos en Grèce, prétendaient que Seripando avait emprunté sa doctrine a celle de Luther. Quelques semaines avant, Zannettini avait écrit ces lignes invraisemblables au cardinal Farnèse, t. x, p. 539 : Tous les théologie us s’accordent à dire que, d’après l’ordre établi par Dieu, les œuvres sont une condition

nécessaire à la justification. Seuls les religieux de Saint-Augustin, je veux dire les grands ceinturés, disent que de notre côté il n’y a rien de requis ; nous nous y comporterions d’une minière complètement passive et réceptive, ce qui est une opinion hérétique et luthérienne … et c’est en présence de tout le concile qu’ils ont l’audace de parler ainsi ! … Il est de toute évidence que l’ordre entier est infecté… -Mais leur général devait les connaître, puisqu’il est manifeste que lui aussi il est de cette opinion. Et dans leurs conversations, ceux qui ne prêchent pas répandent cette ivraie et autres poisons du même genre, marchant à la suite de leur défroqué sacrilège, .Martin Luther. Voilà ce que depuis nombre d’années je ne cesse de crier, surtout contre ces grands ceinturés, soidisant héritiers d’Augustin. » Le problème, on le voit, menaçait de prendre une extension imprévue. Seripando résolut de défendre l’honneur de son ordre et de justifier ses opinions théologiques ; il prit la parole les 26 et 27 novembre ; son discours fut un long plaidoyer en faveur de l’augustinisme, t. v, p. 666-675 ; il s’attacha d’abord à distinguer sa doctrine de celle de Luther : « Les luthériens mettent tout dans la foi ; suivant leur manière de parler, elle saisit la justice (du Christ) qui nous est imputée. Au contraire, à côté de la foi, l’opinion que je viens d’exposer met les œuvres et les mérites, et elle admet la justice inhérente. Elle se borne à demanderqu’ilsoit permisàl'âme craintive d’espérer ; qu’il soit permis à l'âme qui tremble en songeant à son imperfection, de se tourner vers les mérites du Christ et d’espérer en la miséricorde de Dieu. » P. 671. Le général des augustins déposa ensuite trois amendements en faveur de sa thèse : la discussion lui fut défavorable, elle devait même aboutir à la condamnation de la justice imputée (canons 10 et Il du décret). Cependant le concile ne condamna pas formellement la double justice : les efforts de Seripando n’aboutirent qu'à ce résultat. Voir ici l’art. Justification, t. viii, col. 2185.

Les débats sur la justification amenèrent le concile à s’occuper du mérite des bonnes œuvres. On a vu plus haut une intervention de Seripando à ce sujet. Ce ne fut pas la seule ; on peut même dire que, grâce à lui, la doctrine du mérite fit un grand progrès. Il est du reste à remarquer que le texte définitif des parties du décret De justifteatione relatives au mérite est, à quelques modifications près, le texte même du projet de Seripando. Pour le détail de l’activité de Seripando, voir l’art. Mérite, t. x, col. 739 sq.

L'épineuse question de la justification enfin résolue — elle avait occupé le concile plus de six mois — les légats décidèrent que la matière dogmatique de la vne session porterait sur les sacrements. Le général des augustins n’avait rien perdu de son prestige, malgré ses efforts malheureux en faveur de la double justice ; son rôle dans cette session fut aussi actif que dans la précédente. Cervini avait chargé Seripando de rechercher dans les écrits de Luther, Mélanchthon et autres novateurs, les erreurs modernes sur les sacrements. Conc. Trid., t. v, p. 735. Seripando fut bientôt aidé de Lainez et de Salmeron, particulièrement documentes sur la question. Ensemble ils dressèrent une liste de trente-cinq erreurs, quatorze sur les sacrements en général, dix-sept sur le baptême et les autres sur la confirmation. On se mit ensuite au travail et les discussions commencèrent. Le 15 février, le dominicain Ambroise Catarin demanda au concile de condamner l’opinion de Cajétan selon laquelle les enfants dans le sein de leurs mères pouvaient être sauvés par le désir fies parents, t. V, p. 933 ; quatre jours plus tard, Seripando prit la défense de Cajétan, p. 966, el parvint a faire éviter unr condamnai ion formelle, lelendemain, le général des augustins fut désigné avec Massarelli,