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SENTENCES. LES COMMENTAIRES, ÉVOLUTION

1872

quand il n’y a eu qu’un seul enseignement, qu’une

seule lecture des Sentences, pluralité d'éditions. Soit

que I auteur hk me, en a illissant, ail jug< imparfaite ou incomplète cette œuvre de jeunesse, qu’il souhaite la reprendre et la remanier en l’enrichissant de toutes les connaissances acquises depuis lors ; soi ! que des critiques plus ou moins acerbes, plus ou moins [ondées l’aient obligé, bien malgré lui. à revoir son texte, même au bout d’assez peu de temps, et à y introduire des changements de forme ou de fond. On trouve un bon exemple de ce second cas chez Pierre de Taren taise qui, comme l’a bien démontré (). l.oltin, Pierre <le Tarentaise a-t-il remanié son commentaire sur les Sentences, dans Rech. de théol. une. et médiév.. t. ri, 1930, p. 420-433, a repris son commentaire au moins sur les deux premiers livres des Sentences, pour y

apporter les modifications qu’avait rendues néces s ures la (h noiu l it i ::n dont il a ut ; t ; VU tinu et que lui suggérait la réponse donnée à son propos par saint

Thomas à la consultation de Jean de Verceil. Plus net encore, car il comporte jusqu'à trois éditions successives, est le cas de Durand de Saint-Pourçain, qui, pour un motif analogue, à cause des critiques dont il est l’objet, revise en 1312-1313 le commentaire

qu’il a achevé en 1307-1308 ; et qui. une fois évêque du Puy, le reprendra encore entre 1317 et 1 327. Il se peut que la double rédaction que l’on connaît du commentaire de Jean de Mirccourt soit due à une cause semblable. 1'. Stegmûller, Die zwei Apologien des Jean de Mirecourt, dans Rech. de théol. une. et médiév., t. v. 1933, p. 10-78, 192-2(11.

Par contre, la refonte que saint Thomas voulait faire, vers 1265, de son œuvre de bachelier et qu’il abandonna d’ailleurs pour composer sa Somme ne provenait pas d’attaques ou de critiques, mais d’un besoin de synthèse et de présentation meilleure. Quant à Albert le Grand, rien n’est moins certain qu’il ait procédé à une seconde édition de son commentaire. O. Lottin, Commentaire des Sentences et Somme théologique d’Albert le Grand, dans Rech. de théol. anc. et médiév., t. viii, 1936, p. 117-153.

Il va sans dire que, avant d’aborder la doctrine d’un auteur et d’en rechercher la valeur, toutes ces précisions demandent à être établies avec grand soin, car elles commanderont le jugement à porter. On ne peut pas utiliser de la même façon une reportatio et une ordinatio due à l’auteur ; et l’on devra tenir compte des dates respectives des lectures, ou des éditions, ou des rééditions, si l’on se trouve en présence de plusieurs textes émanant d’un même auteur. Les questions littéraires, ici comme en bien d’autres cas. doivent précéder et commanderont les appréciations doctrinales.

II. VÊVOLVTIOS Dl GENRE. Sous l’une ou l’autre des formes rédactionnelles qu’oïl vient de dire, nous possédons à l’heure actuelle une quantité considérable de commentaires sur les Sentences ; un certain nombre imprimés ; le plus grand nombre encore inédits, à l'étal de manuscrits dans nos bibliothèques. Les catalogues, trop souvent sommaires, les oui signa lés ; pour certains, des coups de sonde ont pu y être

donnés < ! quelques questions ou extraits édiles

Suivant les besoins des recherches et des éludes. Il siillil de parcourir les sources de l’histoire littéraire, catalogues ou historiographes, pour s’apercevoir qu’ils se comptent par centaines.

La connaissance encore imparfaite qu’on en a permet pourtant de constater que, dans ce genre

littéraire très spécial, une évolution s’est opérée, dont il est possible de préciser le sens et les grandes lignes. El comme a I ra ers le texte rédigé c’est la leet ure même du bachelier que l’on al teint, on peut se rendre compte îles variations qu’elle a subies dans le cours des temps,

stat uls uni versitan es n en

si ni

encore que les point mention.

l.es conclusions auxquelles on peut aboutir valent

d’ailleurs, toutes proportions gardées, pour les autres centres d’enseignement qui gravitent autour des grandes universités et des facultés officiellement reconnues, qui en copient les méthodes ou du moins s’en inspirent : maisons d'études des ordres religieux surtout. OÙ îles lecteurs dûment approuvés et des bacheliers munis de leurs titres universitaires lisent et exposent le Lombard connue on l’ait à Paris, à ( txford ou à Pologne.

1° l.a structure type. Si l’on prend comme type de commentaires sur les Sentences ceux de la grande époque scolastique, du milieu du xiir siècle, ceux d’un saint Thomas ou d’un saint Bonaventure par exemple, on y reconnaît dès l’abord la structure très ferme de la leclio, inspirée comme on l’a dit des procédés en usage déjà a la faculté des arts. L’unité de base est la distinction, c’est-à-dire ce sectionnement auquel très tôt fut soumis chacun des livres de Pierre Lombard et qui, d’un commun accord, se trouve établi dès le début du xui'e siècle : le I. 1° comptant 18 distinctions, le I. II. 11, le t. III, lu et le 1. IV. 50. Certaines de ces distinctions pourtant comportaient une matière trop abondante OU soulevaient des problèmes trop nombreux OU trop graves pour être tous abordés en une seule leçon, (l’est pourquoi elles se voit ni à leur tour distribuées en deux OU même trois parties, ultimes subdivisions dont chacune présente la matière d’un cours : de la lectura. Autant que possible évidemment toute cette répartition se justilie par la succession des idées ou des problèmes abordés par le Lombard. Elle est commandée pourtant par une préoccupation d’ordre éminemment pratique.

("est à l’intérieur de la ledio ainsi déterminée (qu’elle s'étende à tout ou partie seulement d’une distinction), que se retrouve la technique de Vexpositio avec ses trois éléments essentiels. Elle commence toujours par la divisio textus : analyse logique du texte qui va faire l’objet de la leçon. Quand bien même il faut, au début d’une distinction, énoncer la structure et les principales parties de celle-ci. la divisio textus. après cette vue cavalière, ne relient, pour entrer dans l’enchaînement des idées et des phrases, que la pallie du texte qui va être étudiée au cours. Ceci fait, et le plan du Lombard ayant été saisi objectivement, le bachelier passe à son second point : les problèmes soulevés ou les questions posées par ce texte. C’est pour le mieux comprendre : ad ei’identiam horum quæ dicit Magister… ; ad intelligentiam eorwn qu.se dicuntur in pressenti distinct ione… ; ad intelleclum hujus partis, expliqueront saint Bonaventure ou saint Thomas, quand ils ne se borneront pas, sans plus de formalités, à énoncer : Hic tria qu.88TU.ntur… Hic est duplex qumstio. Si l’on veut bien saisir renseignement proposé par le Maître des Sentences, il est bon de voir nettement les graves questions de doctrine auxquelles

il a répondu, ou celles qui pcul-clrc se sont posées depuis, mais qui se rattachent aux principes dont il

traite. Sous la forme d’argumentation empruntée a

la technique alors généralisée, avec les séries d’aigu ments pour et contre, avec la solution personnelle proposée par le lecteur, avec la réponse aux objections soulevées, c’est en toute réalité Vexpositio tcxlus qui se fail là. Mais un exposé ou une explication qui n’est pas servile, qui cherche à dégager la pensée profonde el les raisons du Lombard, quand on ne se croit pas autorisé à s’en dégager soi même el à apporter une aut re explical ion.

Il y a doue là, dans ce second élément de la leçon,

toute une série de problèmes soulevés, quatre, cinq, >ix ou même davantage parfois, comme il est aisé