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    1. SENTENCES##


SENTENCES. LA I.ECTIHK

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quatre ou cinq ans. Devenu maître, il lira encore le

Livre saint, mais eette fois ordinarie. c’est-à-dire qu’au texte inspiré, dont il expliquera encore rapidement le sens, il rattachera les problèmes de haute théologie ou de pure spéculation qu’il peut soulever : il dira les discussions auxquelles il a donné naissance et les précisions que le magistère enseignant a pu apporter : aux commentaires des Pères, il ajoutera les arguments des théologiens et se prononcera lui-même, en légitimant sa position. H. Déni fie. Quel livre servait de base à l’enseignement des maîtres en théologie dans Université de Paris, dans Revue thomiste, t. ii, 1894, p. 149-161 ; P. Mandonnet, L’enseignement de la Bible selon l’usage de Paris, dans Revue thomiste, t. xxxv. 1929. p. 489-519.

Ceci toutefois suppose qu’entre temps un autre contact ait été pris, méthodique, complet, poussé fort avant déjà, avec ces problèmes théologiques, que la lecture du texte biblique lui fournira bien l’occasion d’exposer à son tour, mais dont il ne lui aura pas donné la solution. Il est nécessaire qu’il en possède une vue d’ensemble non moins qu’une connaissance détaillée. Et pour cela qu’un exposé systématique, où les uns après les autres tous ces sujets auraient été passés en revue, lui ait permis de se familiariser avec eux, l’ait guidé parmi les thèses controversées et les arguments échangés et mis en possession d’une doctrine ferme sur les divers points du savoir théologique.

C’est la gloire du Livre des Sentences de Pierre Lombard d’avoir été choisi dans ce but, d’avoir été jugé digne, et sans doute seul capable de fournir aux étudiants en théologie ce manuel idéal dont la fréquentation assidue leur assurerait la formation théologique indispensable pour reprendre ensuite et commenter directement, magistralement, le Livre saint.

Mais, dès lors, son vrai sens et son rôle apparaissent. Il devient le livre de texte du bachelier, et non pas du maître ; l’instrument de formation obligatoire qui doit être étudié complètement et consciencieusement avant d’accéder à la maîtrise. Comme cette étude consiste pratiquement pour le bachelier à en faire la matière de son cours, à l’exposer devant un auditoire d'étudiants, sa « lecture » obtient un double résultat : elle initie ces auditeurs aux problèmes spécifiquement théologiques, puisque, au cours de leurs études, ils auront l’occasion de l’entendre exposer au moins quatre fois tout entier devant eux ; elle oblige le bachelier à se former une opinion personnelle sur chacune des questions que cette lecture soulève et sur lesquelles il est appelé à se prononcer. Aucune ne lui sera donc plus étrangère au jour où il recevra licence d’enseigner à son tour comme maître in sacra pagina.

Toute la réglementation scolaire qui s'élaborera autour de ce livre visera donc à en imposer et contrôler la lecture, à lui assurer également le rendement le meilleur.

II. la Règlement ATIOS.

Les statuts, de date relativement récente (à Paris, une première rédaction serait de 1335-1360 ; une seconde élaboration, de 1366, complétée par l’Université en 1383-1389 ; à Bologne ils sont de 1362 ; de 1366 à Toulouse ; 1393 à Cologne : 1389 à Vienne), entérinent un état de choses existant depuis le début du xiiie siècle pour Paris, et le complètent ou en précisent certains [joints. DenifleChatelain, Chartul. univers. Paris., t. ii, n. 1188, p. 691-697 ; n. 1189, p. 697-704 ; Fr. Ehrle, / piu antichi slululi délia jacoltù leologica di Bologna, Bologne. 1932.

Précisions.

La lecture des Sentences de Pierre

Lombard y est présentée comme le travail propre du bachelier et la condition indispensable à sa présentation aux grades. Nul maître n’a le droit de présenter

a la licence le bachelier dont il est responsable, s’il ne peut certifier que celui-ci a lu les Sentences et s’est acquitté convenablement de cette première charge de son office. Mais auparavant nul ne peut être admis à lire les Sentences, ni même à lire la Bible cursorie, s’il ne justifie d’abord de cinq années (en 1335 ce sera de sept années) de présence aux cours. Or, le second cours, chaque matin, est celui des Sentences.

Les quatre livres du Lombard doivent être lus et commentés intégralement. Au XIIIe siècle, cette lecture est répartie sur deux années ; encore faut-il qu’elles soient complètes. Commençant après la Saint-Denis (le 10 octobre), l’année d’enseignement va jusqu’au 29 juin ; les jours de cours omis entre ces deux dates, même pour une raison valable, doivent être récupérés après le 29 juin. Plus tard (règlement de 1335), la lecture ne dure plus qu’un an. Peut-être faut-il voir en cela l’influence des ordres religieux qui préfèrent consacrer plus de temps à l'étude du texte sacré lui-même.

Ce cours du bachelier se fait le matin, à la suite de celui du maître ; donc entre neuf heures et midi, du moins à Paris.

Le début de chaque livre, ou tout au moins le début de chaque commentaire est entouré d’un éclat tout particulier. Les règlements universitaires entrent dans les détails de ces principiu. Plus de trois semaines leur sont consacrées, de l’Exaltation de la SainteCroix à la Saint-Denis. L’ordre de préséance auquel on s’astreint est soigneusement établi : ce sont les carmes qui commencent ; les dominicains qui terminent. Les principia se tiennent à raison de un seul par matinée. Tous les étudiants et bacheliers y assistent. Les statuts de Bologne en détaillent ainsi la teneur : in quibus (principiis) premiltitur brevis collatio pro commendalione sacre doctrine vel librorum Sententiarum. Secundo fit protestalio tfidei)… tertio proponitur questio theologica uiilis et illa sludiose pertraclatur. Qui modus eliam in omnibus aliis tribus Sententiarum principiis observari débet. Les statuts parisiens de 1366 précisent les dates de ces principia : 38. Item, quod carmelita faciat suum secundum principium prima die januarii legibili, et alii bacalarii consequenter. Tertium faciat carmelita prima martii et alii consequenter. Quartum faciat ipse carmelita prima maii et alii consequenter. Ceci se rapportant à une époque où la lecture des Sentences ne durait plus qu’une année.

Les précautions sont prises pour que cette lecture soit sérieuse : défense d’apporter son commentaire écrit, qu’on lirait au cours ; tout au plus peut-on se servir de quelques notes. Statuts de 1366, art. 8. Impossible de la sorte de faire faire le travail par un autre dont on lirait la copie. Le texte doit être soigneusement réparti, de façon à être parcouru intégralement. Art. 7 et 37. Il faut se cantonner dans le champ de la théologie, et éviter les développements de pure logique ou de philosophie. Art. 6.

Les statuts ne détaillent pas autrement ce qui concerne la lecture elle-même, par exemple les procédés qui s’y trouvent adoptés et la méthode qu’on y doit suivre. En ces questions, c’est la tradition qui a force de loi. Nonobstant le silence des règlements, on peut retrouver à coup sur ces précisions à travers les productions nombreuses qui subsistent. D’ailleurs, à dire vrai, il n’y a pas une façon spéciale de lire les Sentences qui se distinguerait des procédés en usage dans les autres facultés. Il semble qu’on ait ici, dès le début, transposé les méthodes et même le vocabulaire en usage chez Ns maîtres ès-arts.

Les trois parties caractéristiques de la leclio, , i savoir la divisio textus, Vexposilio texlus et les ilubiu circa litlcram en effet se retrouvaient déjà dans