Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/177

Cette page n’a pas encore été corrigée

L855

SE N A I LT I i : N-FR A NÇOIS

L856

Malgré ses nombreuses occupations, il trouva encore le moyen, en raison de sa facilité exceptionnelle, de composer des ouvrages très importants.

1° Œuvres théologiques. 1. La première en date est une Paraphrase sur Job. Paris, 1 « i : î7. in 8°, qui eut IN éditions et lut traduite en anglais en 1648. Elle est dédiée à Richelieu. Dans la préface non paginée, le P. Senault écrit : Les Pères de l'Église tombent d’accord que ce discours est le premier que le Saint-Esprit a dicté, qu’il avait bien auparavant parlé par la bouche des hommes, mais qu’il n’avait pas écrit par leurs mains… Ils ne conviennent pas si absolument de l’auteur de cet ouvrage : la plus commune opinion pourtant et la plus raisonnable, ce me semble, est que Job, se voyant rétabli dans sa première grandeur et s’enlretenant de ses misères passées, en avait luimême écrit l’histoire. »

2. De l’usage des passions, Paris. 1644, in I". L’ouvrage se compose de deux parties : les passions en général, les passions en particulier. Dans la première. l’auteur se croit obligé sans doute de paver son tribut a l’exagération habituelle au xvir siècle sur le péché originel et ses suites : i Comme notre nature est corrompue, il faut par nécessité que toutes les inclinations soient déréglées et que les ruisseaux soient troubles qui coulent d’une source qui n’est pas nette. P. 57. Mais il suffit de lire le titre des chapitres pour voir qu’il admet très bien que, si la nature est affaiblie, elle peut se perfectionner par la grâce :

A fin qu’on ne nous accuse pas d'être ennemis de la grandeur de l’homme et de l’aire son désastre plus grand qu’il n’est, nous confessons que la nature est bonne dans son fond. > P. 59. I.es hommes dans l'état du péché ont encore de bonnes inclinations, mais ils ne les sauraient suivre : Plus malheureux que les oiseaux, ils aiment leur prison… ils ont besoin de la grâce qui les soulage et leur donne des forces. P. (in. Dans la deuxième partie, il adopte la division en onze passions donnée plus tard par Bossuet : l’amour et la haine, le désir et la crainte, etc. Il termine par ces paroles très belles et très sages : Il n’y a point île passion en notre âme qui ne puisse être utilement ménagée par la raison et par la grâce… l’amour se peut changer en une sainte amitié et la haine peut devenir une sainte indignation… La crainte sert â la prudence et la hardiesse a la valeur… la joie innocente est un avant-goût de la félicité. »

.'t. L’homme criminel, ou lu corruption de la nature pur le péché, selon les sentiments de suint Augustin, Paris. 1644, in I" de 844 p., 7 éd. Six traités : al 11 > a en nous un péché originel, la foi et la raison le démontrent, b) Il est la source de la corruption de notre nature, des ténèbres de l’entendement, de la dépravation du cœur humain, c) Ce qui porte le nom de vertus morales n’en a que l’ombre et, sans la grâce, n’est que vanité et raffinement d’amourpropre. (I) Excellences et misères du corps humain. r) Corruption des biens extérieurs et particulièrement de la fortune. // Quelles que soient la beauté, la grandeur et la durée du monde. Imites les créatures ont perdu quelqu’une de leurs perfections. Senault n’est ni janséniste, ni pélagien et reste augustinien dans le vrai sens du mol : il commence par constater que, si saint Augustin a triomphé de l’hérésie de Pelage, celle ci n’a pas laissé de survivre à sa défaite et de trouver des partisans après sa mort : Nous nous engageons dans ses erreurs sans v penser, nous

parlons le langage des pélagiens sans avoir lu leurs

écrits, parce que, donnant plus a la liberté qu 'à la grâce, nous voulons nous rendre les ailleurs de notre

salui. Batterel, Mémoires dom., i. m. p. '.t. Il n’est

pas étonnant que, prenant cette position, il ait. plus encore que dans L’usage '/es passions, insiste sur ce

qu’il appelle la corruption de notre nature : Il n’y a point de facultés dans notre âme, ni de parties dans notre corps qui ne soient déréglées. Préface, p. n. « Ce monstre da concupiscence) n’est guère moins farouche que la cause qui l’a produit… Il établit son trône dans notre âme… il abuse de toutes les parties de notre corps, il agit avec nos mains, il regarde par nos veux, il écoute par nos oreilles… Il se mêle avec tant d’adresse dans tous nos désirs que, pensant satisfaire a nos besoins, nous obéissons à sa tyrannie et. croyant faire une action raisonnable, nous en taisons une criminelle. P. 18-49. On l’accuse gêné ralement d’admettre comme maxime générale que les vertus des païens sont des péchés : il dit seulement et encore en citant saint Augustin, qu’en fait, pas nécessairement en droit, « la plupart des vertus des infidèles ne sont que des péchés éclatants ». Ce qui n’a pas le même sens. Il les admire au contraire :

Quoique je tienne avec saint Augustin que la plus éclatante de leurs vertus ait ses défauts, je ne laisse pas d’y trouver des beautés qui m’obligent de la révérer et. quoique je sois leur ennemi, je ne saurais m 'empêcher d'être leur admirateur. P. 246.

1. L’homme chrétien, ou lu réparation de lu nature par lu grâce, Paris. 1648, inI" de Sôll p. Ce volume est la suite du précédent : Après avoir fait voir les misères de la nature corrompue par le péché, je dois chercher sa guérison dans la grâce qui en est l’unique remède. Mais on l’y sent plus â son aise puisqu’il s’agit de décrire les splendeurs de l’incarnation. Huit traités : u) De la seconde naissance du chrétien : Celui qui avait les semences de tous les vices, reçoit les semences de toutes les vertus », p. 14. b) De l’esprit du chrétien qui n’est autre que celui du Saint-Esprit ; il nous est donné pour nous animer, nous diriger, nous faire prier, c) Du chef du chrétien qui est Jésus-Christ lequel traite son corps mystique avec autant de charité que son corps naturel », p. 217. d) De la grâce du chrétien. I.e c. i est très sage : Que la prédestination à la grâce et â la gloire est un mystère caché :

Dieu aime toutes les créatures : pour être absolu, il n’est pas injuste et agissant avec connaissance de cause, il ne punit personne qui ne l’ait bien mérite », p..'{là. Dans les questions de la grâce si débattues de son temps, il ne prend pas formellement parti pour le thomisme contre le molinisine. il s’arrête â une sorte de congruisme intermédiaire : Rien n'établit mieux la grâce suffisante que le refus que nous faisons de lui obéir. L’expérience nous apprend qu’il v a des suavités divines qui ne sont pas toujours victorieuses, la grâce ne triomphe pas toujours quand elle combat le péché », p. 101. c I Des vertus des chrétiens : La vertu, pour être solide, doit être un don de I)ieu qu 'on ne peut acquérir sans sa grâce.p. lit. j) De la nourriture et >u sacrifice ^u chrétien qui est. l’une la communion et l’autre la messe, g) Des qualités du chrétien : il doit être l’image de Jésus-Christ, prêtre et victime, soldat et vainqueur, roi et esclave. h) De la béatitude du chrétien : il ne peut pas la trouver, mais seulement la commencer sur terre, pour l’achever au ciel dans la connaissance et l’amour de Dieu qui est comme l’accomplissement de leurs désirs et la perfection de leur béatitude p. 832.

2° Biographies. Il en a compose plusieurs : La vie du bienheureux Renault de Saint-Gilles, doyen de Saint Aignan d’Orléans et depuis religieui de Saint Dominique, Paris. 1645, ln-18 de 84 p., écrite à la

demande des carmélites du grand couvent de Paris qui possédaient son corps. La vie de lu Mère Mai/de

leme de Saint Joseph religieuse carmélite déchaussa de lu première règle selon lu réforme de sainte Thérèse, Paris. 1645, in I". C’est la première prieure carmélite

française. Il ne faut pas confondre cette vie avec