Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/170

Cette page n’a pas encore été corrigée

1841

    1. SEMI-PÉLAGIENS##


SEMI-PÉLAGIENS. LE CONCILE D’ORANGE

I s 2

VIII. l.i concili d’Orange i r la dêrouti du si mi-pi i igianismi. I. - question du concile d’Orange .i été tri itée avec les détails nécessaires à l’art. Orange (Deuxième concile ri' i. t. xi, col. 1087-1103. Sous indiquerons seulement ici les grandes lignes de son histoire, en faisant ressortir surtout les solutions apportées par cette assemblée au problème si longtemps débattu.

1° L< rôle de saint Césaire ri' Arles (pour le détail. VOIT son art., t. ii, eol. 2168-2185). Bien qu’il ait été forme à Lérins, Césaire ne partageait nullement la doctrine qu’y avaient fait fleurir Vincent et Fauste. La lecture des œuvres de saint Augustin, commencée dans l’abbaye méditerranéenne, continuée à Arles, dont i ! devenait évêque en 503, l’avait fortement ancré dans

l’augustlnisme intégral. P. Lejay l’a démontré, avec

preuves a l’appui, dans son article sur Le rôle théologique de Césaire d’Arles, dans Revue d’hist. et de littér. rel.. I" série, t. x. 1905, p. 217-266. Malgré le caractère essentiellement pratique de sa prédication, c’est tout l’augustinisme que l’on peut retrouver dans l'œuvre oratoire de Césaire. pour laquelle il faut recourir maintenant à l'édition de dom Morin. 1)eu documents en particulier éclairent, sur le point qui nous occupe, la pensée de l'évêque d’Arles : le sermon sur l’endurcissement de Pharaon (Morin, serin, ci, t. i, p. 399 sq. : cf. /'.L.. t. xxxix. col. 1786), et un opuscule publié pour la première fois par U. Battus et G. Morin dans Revue bénédictine, t. xiii, lS9ti. p. 4153-443. La signification de ce dernier est très claire : c’est une réponse aux critiques des antiaugustiniens : Si les mérites humains, demandent ceux-ci. ne précèdent pas la grâce, pourquoi eellec i est-elle donnée aux uns et pas aux autres ? » Or, repart Césaire. l’Apôtre leur a déjà répondu : « O homme, qui es-tu pour poser des questions à Dieu ? » Voyez, continue-t-il, en quel péril se mettent ceux qui veulent faire précéder la grâce divine par les mérites humains. Ht d’accumuler les exemples de l’histoire sainte où l’on voit les préférences divines s’exercer en faveur de tels ou tels, tandis que d’autres sont laissés dans leur misère. Que si l’on insiste et qu’on lui parle de la volonté salvîfique universelle : < Si Dieu fait tout ce qu’il veut, déclare-t-il. ce qu’il n’a pas fait, c’est qu’il ne l’a pas voulu, et cela par suite d’un jugement mystérieux, mais souverainement juste. L’opuscule de Césaire est. en définitive, une réfutation tout augustinienne du semi-pélagianisme ; on ne saurait trop insister sur l’accord complet entre la pensée intime de Césaire et les propositions en apparence les plus audacieuses d’Augustin. Art. cité, p. 439.

Quant au sermon sur l’endurcissement de Pharaon, où l'état d'âme de celui-ci est expliqué par la soustraction de la grâce, il est d’autant plus remarquable qu’il est. selon toute vraisemblance, une réponse aux théories développées sur le même sujet par Fauste. De (jraliu Dei, t. II, c. i. En d’autres termes, dès qu’il se sent un peu sûr de lui-même, l'évêque d’Arles mène campagne contre les tendances pélagianisantes - que l’opposition antiaugustinienne a fini par développer dans le sud-est de la Gaule.

Il est évidemment impossible de faire une statistique comparée des partisans que pouvaient avoir en ces régions, où d’autres soins [dus pratiques s’imposaient aux évêques, les doctrines cultivées à SaintVictor de Marseille et à Lérins et de ceux qui se rattachaient toujours à l’augustinisme. Un curieux opuscule, qui n’a malheureusement pas été suffisamment étudié, pourrait donner peut-être une indication. C’est l’Hypomnesticum ou Hypognosticon qui figure parmi les œuvres inauthentiques de saint Augustin. /'. L., t. xi.v. col. 161 1-1664. lai six liv res. relativement brefs, sauf le I. III, l’auteur réfute cinq propositions essentielles du pélagianisme et défend pour terminer le

DIC1. ni. I HÉOL. c V I MOI..

dogme de la prédestination. Mais il est bien curieux que les doctrines qu’il qualifie de pélagiennes et d’héré tiques ressemblent étrangement à telle ou telle proposition de Fauste mi de Cassien : ainsi la persévérance en l’homme déchu de la possi bilitus boni, I. III, n. I,

col. 1623 ; la théorie de ['initium fidei, I. III. n. 15, col. 1630 ; l’idée que la doctrine augustiiiieiinc serait génératrice d’indilïérentisnie moral, t. III, n. 19, col. 1631 ; l’hypothèse selon laquelle les justes de l’Ancien Testament auraient été sauvés autrement que par la grâce. I. III. n. 21-28, col. 1633 sq. Il nous parail difficile de croire, que, dans ces passages, Fauste ne soit pas visé, tandis que le 1. IV s’attaquerait plutôt à l’espèce d’apologie de la concupiscence sexuelle qui s'étale dans le l’nvriestinalus. Tout cela aurait besoin d'être étudié de près, tout aussi bien que la doctrine de la prédestination proposée au t. VI, qui cherche à édulcorer tant soit peu la doctrine augustinienne. De toutes manières il nous semble qu’il faut voir dans ce traité une protestation des augustiniens — oserionsnous dire simplement des orthodoxes ? contre le rationalisme envahisseur dont Fauste avait été le plus ferme interprète. Si l’on pouvait montrer de surcroît que l’ouvrage a vu le jour en terre gauloise, on aurait un confirmatur de l’idée que nous exprimions tout à l’heure, à savoir que le silence des évêques du Sud-Est n’impliquait pas une adhésion sans réserve aux doctrines de Fauste de Riez. Mais laissons les hypothèses ; une chose demeure : Césaire s’est fait, en pleine connaissance de cause, le champion des idées augustiniennes et il a su intéresser à leur défense le Siège apostolique lui-même.

La préparation du concile d’Orange.

Quel que

soit l’ordre chronologique dans lequel il faille respectivement placer les conciles de Valence et d’Orange, quelles que soient les raisons politiques ou doctrinales qui aient déterminé la tenue de ces assemblées, une chose demeure certaine, c’est que Césaire a préparé soigneusement, d’accord avec le Siège apostolique, la réunion d’Orange pour y mettre en échec le pélagianisme renaissant. C’est de Rome même que l'évêque d’Arles a reçu l’ensemble des condamnations d’une part, des affirmations positives de l’autre, qu’il soumit à l’adhésion des évêques réunis à Orange en 529 pour la dédicace d’une basilique. L’intérêt du concile d’Orange n’est donc pas dans le fait qu’une poignée d'évêques gaulois sont revenus à un àugustinisme de bon aloi, mais dans le fait que leur démarche s’est faite d’après une directive émanée de Rome. Sur ce point la préface aux actes conciliaires, certainement rédigée par Césaire, ne peut laisser aucun doute. On y explique comment, « plusieurs personnes ayant développé en toute bonne foi (per simplicitatem), sur le sujet de la grâce et du libre arbitre, des idées imprudentes et peu conformes à la foi catholique, on a trouvé le remède suivant : présenter, en conformité avec les avertissements et les suggestions du Siège apostolique, à la souscription des membres de l’assemblée un certain nombre de textes dogmatiques transmis par ledit Siège et recueillis par les anciens Pères dans les saintes fteritures sur le sujet en litige. Mansi, Concil., t. viii, col. 711.

Toute la question est de savoir en quoi consistait cet ensemble de textes dogmatiques venus de Rome cl proposés à la signature des évêques. On sait en cll’cl que les 25 canons d’Orange se répartissent en deux séries : en tête.S anathémal ismes. puis 17 capitulasentences. En dépit d’hypothèses contradictoires, il

paraît bien qu’il n’y a aucune raison de faire une discrimination entre les deux séries au point de vue de l’origine. Le texte de l’int roduct ion historique e1 celui de la profession de foi terminale ne l’onl aucune distinction entre les anal I éma Usines et sentences ; ton I

T.

l

59,