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    1. SEMI-PÉLAGIENS##


SEMI-PÉLAGIENS. RECRl DESCENCE DE L’ANTIAUGUSTINISME

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Si le />( vocatione marque un repli de l’augustinisme,

ii' repli ne laisse lias de rendre plus fæile la défense de la position centrale.

VII. La recrudescence di l’antiaugustinisme. Fauste di Riez. On ne saurait préciser la date où

fut écrit le Dr vocatione ; mais s’il le lut. comme il est vraisemblable, au temps du pape saint Léon, son apparition coïncide avec le moment où se formait, à Lérins, l’homme qui allait être le plus authentique représentant de l’antiaugustinisme. le vrai fondateur de la doctrine que nous appelons aujourd’hui le semi-pélagianisme. Nous axons nomme Fauste. entré à l.érius ers 430, abbé de ce monastère, puis évêque de Riez un peu axant 162, mort très âgé vers la fin du v siècle. Sur son Curriculum vitse et sa production littéraire. voir son article, t. v. col. 2101-210."). C’est dans le De gratta de Fauste et dans quelques-unes de ses lettres que l’on trouvera la plus claire expression île son système. (Texte dans P. I… t. i.vm, col. 783-836 ; mieux dans ledit. Engelbrecht du Corpus de Vienne, t. xxi, où la division en chapitres n’est pas la même.)

1° Caractères généraux du De gratia Dei ». — Nous ne reviendrons pas sur les circonstances qui ont amené la composition de cet ouvrage ; elles ont été étudiées à l’art. Lucidus, t. ix. col. 1020-1024 ; cf. art. Prédestinatianismk. t. xii, surtout col. 2808. A tort ou à raison, l'évêque de Riez croit saisir dans son entourage des indices d’une véritable hérésie sur les questions de la prédestination et de l’action de la grâce. Après avoir tenté de juguler celle-ci par une intervention synodale à Arles, puis à Lyon, il croit nécessaire d’achever la déroute des mécréants dans un ouvrage de longue haleine qui est le traité De gratia Dei. Il nous est transmis par un seul ms. assez médiocre du rx a siècle : Paris, lat. 2166, dont la page de garde porte un caule legendus bien significatif.

C’est d’ailleurs un livre décevant, manquant de composition, d’un style recherché jusqu'à l’obscurité et que l’accumulation des textes scripturaires, au milieu desquels on laisse le lecteur sans guide, ne contribue pas à éclairer. Mais ce qu’il y a de plus déconcertant, c’est la difficulté que l’on éprouve à déterminer le ou les adversaires auxquels Fauste s’adresse et qu’il interpelle du nom d’hérétique. A en juger par les deux lettres mises en tête (les chercher dans P. L., t. lui, col. 681 et 683) et par le prologue qui dédie le livre à Léonce, évêque d’Arles (P. L., t. lviii, col. 835-837), l’hérétique, c’est Lucidus..Mais ce Lucidus est-il seul ? Surtout a-t-il soutenu toutes les idées damnables (du moins au jugement de Fauste) qui lui sont prêtées ? Ce n’est pas bien certain. Finalement il semblerait que le personnage devienne une sorte de symbole sous l’espèce duquel F’auste pourfend une autre doctrine. Cette dernière n’est jamais présentée en termes exprès ; elle n’est caractérisée que par le procès de tendances qui lui est fait, et c’est à savoir qu’elle décourage tout effort moral ; encore n’est-il dit nulle part que cette conséquence soit enseignée en termes formels par le ou les hérétiques incriminés. Il n’y a guère qu’une seule doctrine positive qui lui ou qui leur soit attribuée : celle de la volonté salvifiquc restreinte avec sa thèse complémentaire de la restriction de l'œuvre rédemptrice. Quant à la doctrine que l'évoque de Riez oppose à celle-ci, il n’est pas toujours facile de la dégager. Fà où Fauste ne développe pas des truismes à quoi il excelle — il est obscur a plaisir, à telles enseignes qu’au xvir siècle les disciples de saint Augustin ont prétendu que cette obscurité était voulue. Fais

sons-leur la responsabilité de cette affirmation.

2° Idées essentielles. Il convient, pour les relever sans parti pris, de suivre la marche générale (le l’on VTage. (Nous renvoyons aux divisions de la /'. L.)

Avant a parler !)' gratia Dei et lenuitale liberi arbi

trii, Fauste commence par exposer et par réfuter le pélagianisme, selon qui le travail de L’homme peut

aboutir sans la grâce, le libre arbitre étant demeure parlait et la nature sans corruption. C’est qu’au lait Pelage nie le péché originel ; les enfants, dit-il, n’ont pas besoin de baptême ; la concupiscence sexuelle dont ils sont nés est quelque chose de bon. Tout cela Fauste le condamne sans ambages.

1. Les thèses eu présence. Mais le compte des pela giens est vite régie ; dès le c. m. Fauste se tourne contre ceux d’après qui l’homme est sauvé par la grâce seule, sans aucun effort ", proposition qui se complète par cette autre que la grâce est donnée aux uns. n fusée aux autres. A nous au contraire, déclare-t-il, il paraît évident que dans l’oeuvre du salut tout n’est pas le l’ait de la grâce seule ; l’obéissance, la pieuse servitude doit s’y joindre et finalement le sort de chacun tient à la manière dont il a répondu à la grâce, laquelle est offerte à tous ».

Les deux thèses ainsi confrontées, vient la réfutation de la première (que, pour l’aire court, j’appellerai la thèse quiélisle). De toute évidence, dit Fauste, elle supprime la prière, au moins celle de demande. Puisque, dans le système, non judicandi nascimur, sed fudicati, à quoi bon implorer de Dieu un secours qui viendra infailliblement au prédestiné, sera immanquable ment refusé à qui ne l’est pas ? La discussion des textes scripturaires sur quoi veut s’appuyer la thèse quiétiste apporte un peu plus de clarté sur la pensée de Fauste que ces « vérités premières ». Il s’agit d’abord de se débarrasser du texte paulinien : Gratia Dei sum idquod sum. I Cor., xv, 10. Sans doute, dit F"auste ; mais les paroles de l’Apôtre qui suivent immédiatement : gratia in me vacua non fuit, font la part de notre effort, obsequium laboris (considéré toujours comme étant de nous). En sorte que, chronologiquement (abstraction faite de la doctrine de l’initiurn fidei), le premier rôle appartient à la grâce, celui du milieu au travail humain, le résultat final devant être attribué à la grâce et au travail. Le texte est capital : Primas parles soli graliæ (Paulus) pie subjectus adscripsit ; média quirquc labori magister obedientiæ deputavit ; ulrumque in consummatione moderatus gratiam laboremque conjunxit. L. I, c. vi, col. 792. Visiblement Fauste fait du labor et de la gratia deux grandeurs distinctes, indépendantes l’une de l’autre, alors que, selon le texte paulinien, le labeur humain, loin d'être une réalité comparable à la grâce, n’existe que dans et par celle-ci.

Non moins symptomatique est l’exégèse d’un autre texte paulinien, tout aussi clair et que Fauste va s’efforcer de plier à sa théorie de Vinitium fidei. « C’est par la grâce que vous avez été sauvés, par l’intermédiaire de la foi, disait Paul, et cela n’est pas de vous, c’est un don de Dieu et qui u’a rien à voir avec les œuvres, afin que nul ne se glorifie. » Eph., ii, 8-9. Il est curieux de voir Fauste s’ingénier à tourner ce passage si lumineux à sa doctrine erronée de l’initiurn fidei. Pour lui, la foi est déjà une manière d'œuvre. Dans le premier temps de notre justification. Dieu, pour nous conférer la grâce, n’attend pas nos actes ; il se contente de cette recherche que, de nous-mêmes, nous faisons de lui : sicut ad Deum largitio remuncrandi, ita ad hominem devotio respicil inquirendi. Voilà le dépa 't clairement fait entre Dieu et l’homme ; à celui-ci ladevotio inquirendi, qui, de son initiative propre, lui fait chercher Dieu, à quoi correspond de la part de Dieu une large. 1res large, rémunération. I.a grâce est bien la

récompense de l’efforl humain. Ce « pic confirme cette phrase : (Deus) ftdem expeelat n paroulis (ici les coin mençants), opéra (hum cum fide a confirmais requirit.

c. vii, coi. 7'. » :  ; 7'ji.

2. Le libre arbitre. S’il v a ainsi, de nul i c pari, uin