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SEGl IN (JÉRÔME) — SÉGUH (L.-G. DE)

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Attaqué pour sa doctrine eucharistique, l’autour de La fréquente communion voulut répondre. A t’adresse surtout de Petau, mais aussi de Seguin et d’autres, il écrivit la même année, 1643, La tradition de l'Église sur le sujet de /</ pénitence et de /ci fréquente communion. Il s’y efforçait d’atténuer ce qui avait pu d’abord choquer, et l’affaire en sciait restée là, si Brachet <te La Milletière, pasteur calviniste sur le point de se convertir (1645), n’eût trouvé l’occasion belle d’utiliser la controverse pour essayer de rapprocher les points de vue calviniste et arnaldicn dans Le pacifique véritable sur le di bat de l’usage légitime du sacrement de pénitence. Tandis que la Sorbonne censurait ce livre, et qu’Aruauld s’empressait de réfuter le malencontreux pasteur, Seguin, toujours fougueux, exploita cet essai de conciliation entre Arnauld et Calvin dans un violent opuscule anonyme : Application de la censure du livre intitulé » Le pucifique véritable au livre de la Fréquente commuai* n. in- 4°, 1644, où puisa largement l’auteur (Henri de Bourbon, croit-on) des Remarques clirestiennes et catholiques sur le livre de lu Fréquente communion, 1644.

Sur ces entrefaites, Arnauld avait présenté sa défense à Marie de Médic is dans une Lettre publique, où il affirmait sa soumission à la hiérarchie. Seguin n’y put tenir. Toujours sous le voile de l’anonymat, il lança une Responseà l’apologie du sieur. Arnauld contenue en sa lettre adressée à la règne régente…, in-4°, 1644, sorte d’appel au pouvoir royal et de mise en garde contre la doctrine janséniste, aux conséquences désastreuses, et contre ia personne d’Arnauld, aux projets subversifs. En passant, il disait aussi leur fait aux évoques approbateurs de la Fréquente.

A la littérature extraordinairement abondante qui continua à alimenter cette polémique, Seguin devait encore ajouter. En 1640 parut la Défense de MM. les Prélats approbateurs du Livre de la Fréquente communion… pour servir de réponse à deux libelles publiés par les jésuites intitulés : Réponse à l’Apologie du S* Arnauld… et Application de la Censure…, in-4°. Cette Défense qui visait surtout Seguin avait sans doute été composée par Arnauld. En tout cas, elle le justifiait, lui et son livre. Elle attaquait aussi. « On y dévoile, devait écrire plus tard l'éditeur d’Arnauld, les intrigues monstrueuses des jésuites dans cette affaire et la conformité de leur conduite avec celle de la plus grande partie des hérétiques de tous les siècles. Œuvres, t. xxiii, p. cxxix. Seguin riposta par un in-folio où il reprenait toutes les accusations antérieures : Causa eommotionis in Callia adversus tibrum De frequenti eommunione…, La Flèche. 1647.

Que la vivacité, l’aigreur et l’inanité d’attaques trop souvent personnelles ne fassent pas oublier cependant la gravité objective du débat, puisque trois des erreurs jansénistes proscrites par décret du SaintOfïice du 7 décembre 1690, sont extraites, au moins quant au sens, de la Fréquente communion. Cf. Denzmger-Bamvwart, n. 1308, 1312, 1313.

Arnauld, Œuvres, aux références données plus haut ; A. de Meyer, Les première* controverses junsénistes, Louvain, 1917tSect.il, c.H-rv ; en appendice, p. 196-499, on trouve les Maximes ; <. Hermant, Mémoires, t. i, passim ; Sommervogel. Bibl. de lu Comp. 'le Jésus, t. vii, col. 1098-1099 ;

Sotwell, Hibl. scriplorum Societ. Jesu, p. 347.

A. Hayez. SEGUR (Louis-Gaston de), prélat français, 1820-1881. — Né à Paris le 15 avril 1820, Louis’ja^ton de Ségur manifesta dans sa jeunesse certaines aptitudes pour le dessin et la peinture et fréquenta même pendant quelques mois chez Paul Delacroix. Puis il étudia le droit et fut nommé attaché d’ambassade auprès du Saint-Siège. En cette qualité il séjourna un an a Homo, 22 février 1842 -Janvier 1843 ; de retour a Paris, il entra au séminaire Samt-Sulplce et lut

ordonné prêtre par Mgr Atïro le 17 décembre 1847. Dès lois il consacra son zèle à exercer le ministère auprès dos petits et des délaissés : enfants pauvres, apprentis, ouvriers, prisonniers militaires. Pour être plus libre dans son apostolat, il quitta sa famille et forma une communauté de prêtres animés du même esprit de pauvreté que lui et du même amour de Dieu. Patronages, retraites, catéchismes épuisent tellement ses forces, qu’il tombe malade et doit s’arrêter quelques mois. Rétabli, il est nommé auditeur de Rote pour la France, et eu cette qualité séjourne à Rome de 1852 a 1856. La communauté qu’il avait constituée à Paris ne survécut pas à son départ. Étanl sur ces entrefaites devenu tout à fait aveugle, il donne sa démission et rentre à Paris où il passe les vingt-cinq dernières années de sa vie. Pie IX l’avait nommé protonotaire apostolique, le 4 janvier 1856. Napoléon III le fit chanoine de Saint-Denis. Le saint prêtre mourut le 9 juin 1881 dans son appartement de la rue du Bac. Ses funérailles furent un triomphe : une foule considérable d’ouvriers et de pauvres accompagna celui qui les avait tant aimés et si efficacement secourus.

Mgr de Ségur fut surtout, et peut-être exclusivement, un directeur d'âmes, et la plupart de ses écrits, très nombreux, mais aussi très brefs, sont des traités de piété ou de dévotion. Sa doctrine théologique était celle de l'École française (voir spécialement Nos grandeurs en Jésus) et le but que sa direction poursuivait était de former dans le chrétien la vie de Jésus. Dans cette intention il écrivit La piété et la vie intérieure, en 8 vol., dont l’un avait pour titre Jésus vivant en nous ; la traduction italienne de cet opuscule fut mise à l’Index par décret du 30 juin 1869. La théorie générale de la présence de Dieu en nous était susceptible d’interprétations panthéistes, et les applications de la doctrine pouvaient être suspectées de quiétisme. Avec une grande soumission, l’auteur fit retirer du commerce toute l'édition française, refit entièrement le traité inculpé, le soumit à Pie IX, et le publia sous le titre nouveau : La grâce et l’amour de Jésus. Comme les maîtres de l'École française, comme Bérulle en particulier, Mgr de Ségur insiste beaucoup sur l’incorporation du chrétien à Jésus. Il ne contribua pas peu à ramener l’attention de ses contemporains sur la doctrine que les spirituels du xviie siècle français puisaient directement dans les écrits de saint Paul et de saint Jean. On pourrait noter cependant que, chez Mgr de Ségur, comme du reste chez Mgr Gay, qui fut lui aussi grand disciple de Bérulle et de M. Olier, la spiritualité de saint François de Sales a laissé plus d’une empreinte, spécialement dans les petits traités sur les vertus. Mais ce n’est là qu’une nuance ; le fond reste profondément bérullien. Pour les enfants, il composa un charmant ouvrage, La piété enseignée aux enfants. qui est encore réédité avec grand succès.

Sa méthode de direction était : 1. la fréquentation des sacrements, Traité sur la confession, Traité sur lu suinte communion dans lequel il recommande la communion fréquente et même quotidienne ; '_'. la pratique des œuvres de charité envers le prochain ; 3. une grande dévotion envers la sainte Vierge ; 4. et l’amour de l'Église et du pape. Sur ce dernier sujet, il écrivit plusieurs opuscules, ainsi Le pape, Le souverain pontife, et deux autres destinés à défendre la définition du concile du Vatican : Le pape est infaillible et Le dogme de l’infaillibilité. Signalons un ouvrage de polémique, Les causeries sur le protestantisme, Paris, 1869, pour réagir contre la propagande protestante du XIXe siècle.

et en particulier pour répondre à la réédition des ouvrages de Marnix de Sainte -Aldegon de.

Écrits. Œuvre » complètes, 16 vol. in-8° ; Instructions familières, 2 vol, ln-12 ; Lettre » <i<- Mgr <i<- se-, , or à tes filles spirituelles, Paris. i ! iu : t, ln-12.